Photo : Déboulonnage de la statue de Catherine II à Odessa

Par Anne Colombini

Promenade à Odessa

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna s’est rendue à Odessa ce jeudi 26 janvier, – en soutien au régime kiévien. Quatrième visite depuis le début de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine. Elle est venue : « témoigner du soutien dans la durée de la France au peuple ukrainien ». Prenant en compte : « les besoins immédiats et urgents en matière militaire et civile », elle a promis à Dmytro Kuleba, sbire de Zelensky, un système de défense aérienne et trois millions d’euros. Paris, en effet : « devrait aider l’Ukraine non seulement à se défendre, mais aussi à restaurer son indépendance et sa souveraineté ». Rien de moins !

Annalena Baerbock, ministre allemande des affaires étrangères, a pour sa part récemment déclaré : « Nous menons une guerre contre la Russie ». L’Union Européenne, dont la France fait partie, pour mémoire, – et l’Allemagne sont en guerre contre la Russie.

Le Quay d’Orsay s’est insurgé : « Nous répondons très clairement que nous ne sommes pas en guerre avec la Russie et aucun de nos partenaires ne l’est », a souligné la porte-parole Anne-Claire Legendre, lors d’un point de presse jeudi 26 janvier. On est tout de même en présence de certaines contradictions.

Catherine Colonna, lors de sa conférence de presse à Odessa, a également indiqué que : « La France n’avait pas encore pris de décision concernant les demandes de l’Ukraine de lui fournir des chars Leclerc. » Paris, en début de mois, a annoncé l’envoi de véhicules de combat blindés légers sur roue AMX-10RC. Concernant les chars Leclerc, « Rien n’est exclu », a déclaré le président français Emmanuel Macron.

Pour quelle raison doute-t-il de fournir des chars français Leclerc au régime de Kiev ? Honneur ou déshonneur ? Crainte d’alimenter l’escalade avec la Russie ? Ne pas trop dépouiller les armées françaises ? Les Ukrainiens sont friands de chars, mais ils veulent aussi des systèmes de défense anti-aérienne, des systèmes de radar et des munitions. Resterait-il un résidu de conscience morale chez le président français ?

Honneur ou déshonneur

La honte ou la Patrie. Qui sauvera la France ? La honte ou la dignité. Les héros raciniens dans la tragédie classique mouraient pour sauver leur honneur. Racine, notre XVIIe siècle français – Devoir et honneur. Amour de la vertu et du mérite, tel est l’honneur. Estime de soi, pouvoir se regarder dans un miroir, sans avoir à rougir. Les valeurs morales, étaient écrites avec le sang si nécessaire. Nos ancêtres se battaient en duel, si leur honneur était bafoué. Quel est celui qui a le sens de l’honneur ? Le sentiment de sa propre réputation, de sa propre dignité. Ne plus avoir d’honneur, qu’est-ce, sinon totalement déchoir, à ses propres yeux, sinon vivre dans le mensonge.

Corneille, notre XVIIe siècle français – L’honneur, le devoir, la gloire, la générosité. « La gloire, c’est l’honneur, l’estime de soi et des autres, dans une réputation sans tâche » (Charles Dédéyan). « Il y a dans l’honneur et la gloire l’idée d’obligation ; il s’agit bien, ici et là, d’un devoir. Mais le sentiment de la gloire, du moins dans son mouvement le plus beau, ressemble plus à une exigence intime qu’à ce qu’on doit aux règles de l’honneur, toujours un peu extérieures et de société. » (Octave Nadal). « L’honneur cornélien va consister essentiellement pour le personnage à continuer à mériter le nom de descendant de son père, autrement dit, à perpétuer le passé. Et le nom du père qui se perpétue d’une génération à l’autre vient précisément de la gloire, ou plus exactement de l’honneur familial qui a été établi dans le passé. … Le descendant est donc par devoir appelé à conserver cet honneur en évitant tout acte honteux. Ainsi le devoir est une exigence de l’honneur ou de la gloire de la race des âmes bien nées, c’est-à-dire des généreux. » (Ben Jukpor)

Don Diègue, à son fils : « Je t’ai donné la vie, et tu me rends ma gloire ; Et d’autant que l’honneur m’est plus cher que le jour […] » (Le Cid, III, 6)

Déchéance française

Odessa est une ville très appréciée des français, puisque déjà en mars 2022, Bernard Henry Levy s’y était rendu. Il avait déambulé dans les rues aux côtés du gouverneur Maxime Martchenko, ancien commandant du bataillon Aidar (de 2015 à 2017), groupe paramilitaire néo-nazi. Très content de lui, BHL s’est félicité d’avoir inscrit la devise républicaine française « liberté, égalité, fraternité », sur une barricade de la ville d’Odessa. Quelle barricade ? Nul ne le sait.

Mais précisément, que s’est-il passé à Odessa en 2014 ? En particulier le 2 mai 2014 ? Un incendie criminel ravagea la Maison des syndicats, siège des pro-russes, où s’étaient réfugiés un grand nombre de personnes, que les ukro-nazis avaient appelé à tuer. Le feu qui enflamma les bâtiments provoqua la mort d’une soixantaine de personnes intoxiquées par les fumées ou tentant d’y échapper en sautant par les fenêtres. Aucune enquête judiciaire sérieuse, silence dans les médias français.

Et encore un témoignage, récent, – qui a été rapporté par le canal Patriotes Russes Information (le 20 novembre 2022). Bien évidemment, nous ne connaissons pas le nom de l’auteur, – qui prend de graves risques, non seulement pour lui-même, mais encore pour les siens.

« Je vous écris d’Odessa, une ville russe qui a sa propre histoire tragique, son propre Khatyn, lorsque des néonazis ont brûlé des innocents à la Maison des syndicats le 2 mai 2014 …

La situation est tendue. Les téléphones sont vérifiés aux points de contrôle, où ils recherchent les abonnements aux chaînes russes. … Pression psychologique et contrainte physique.

A Odessa, hier et aujourd’hui, des gens sont sortis pour protester contre la panne de courant. Les forces de sécurité et le SBU sont arrivés … Certains furent détenus et livrés au lavage de cerveau et à l’intimidation. Le nazisme flagrant dans sa forme la plus pure.

Les situations de ce genre sont nombreuses. Toute dissidence est réprimée, punie et considérée comme du fantasme et des mensonges.

Nous combattons tout l’enfer, conduit par l’Occident collectif et les autorités ukrainiennes, qui veulent déchirer les liens spirituels de la Sainte Rus’. Ils veulent détruire la culture, la morale, réécrire l’histoire pour eux-mêmes et nous forcer à penser tous comme ils le veulent. Toute dissidence est punie de prison et d’outrages. Les gens sont intimidés. Ils ont interdit l’enseignement de la langue russe dans les écoles, ils ont interdit les classiques russes et la diffusion de la musique russe dans les médias.

Maintenant en Ukraine, la russophobie se répand au maximum – la haine de tout ce qui est russe.

L’Eglise canonique en Ukraine est sous occupation du régime de Kyiv. Elle est privée de tous les droits et de la protection de l’État. Des églises sont saisies, des prêtres et des laïcs sont battus, des perquisitions sont faites parmi le clergé et l’épiscopat de l’UOC.

Tout cela se fait en accord avec les autorités qui, avec les schismatiques, veulent liquider l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou.

La Russie a pris sur ses épaules une mission très importante – aider les habitants de l’Ukraine, qui se trouvent dans des conditions difficiles, en libérant des territoires et des villes afin de redonner aux gens l’espoir d’une vie normale.

C’est le cri de l’âme d’un homme profondément touché ! C’est le cri de l’âme d’un homme qui prie de tout son coeur pour que la Russie libère l’Ukraine de ce joug nazi, de la calomnie et du mensonge, de la peur et du désespoir.

La plupart des Odessans le comprennent et attendent que la paix vienne et que la Palmyre du Sud retourne chez elle dans son port natal !

Eh bien, vous ne pouvez rien faire avec le fait qu’Odessa est une ville russe. Rien. Tout le monde comprend cela. Les néo-nazis en particulier. Ils écrasent maintenant Odessa, parce que la majorité ici est pour la Russie.

Dieu est avec nous !
La vérité est avec nous ! »

Le 29 décembre 2022, des ouvriers déboulonnèrent la statue de l’impératrice russe Catherine II dans le centre d’Odessa. Symbole de l’héritage impérial russe, Catherine la Grande fut la fondatrice de la ville moderne d’Odessa au XVIIIe siècle. La statue du général russe Alexandre Souvorov a subi le même sort. A Kiev, les rues Dostoïevski et Tourgueniev ont disparu.

Et Catherine Colonna, d’indiquer sur son compte twitter : « Odessa entre au patrimoine mondial de l’Unesco. » (25 janvier 2023) Notre ministre française Catherine Colonna, ose rivaliser avec, – l’impératrice Catherine II de toutes les Russies ? – Il a fallu rayer Catherine II de toutes les Russies de la mémoire de la ville, fondée par elle, – pour qu’Odessa entre au patrimoine de l’Unesco, – vidée de son patrimoine (russe) ?

Ainsi Catherine Colonna, – au beau nom corse, s’est promenée à Odessa. Notre ministre des affaires étrangères a promis beaucoup de choses aux ukrainiens – puis aux alliés (roumains) de l’OTAN. Au nom de qui ? De Napoléon Bonaparte ? Bernard Henry Levy lui aussi est venu réaffirmer la victoire de la Révolution française de 1789, – la terreur, Robespierre, – à Odessa, ville impériale.

Maintenant, souvenons-nous de ce qui s’est passé.

Les armées napoléoniennes, qui sont allées victorieusement jusqu’à Moscou, quand sont-elles rentrées (en France) ? Pour beaucoup, jamais. Enterrées sur place en Russie, ou tombées dans le fleuve gelé. Attention à la Russie.

Le Jugement de Dieu est terrible ! On n’attaque pas impunément l’héritière de la Rome chrétienne antique.

Tous ceux qui sont allés se promener en Russie, ne sont pas revenus.

Donc, si Catherine Colonna a l’intention d’aller se promener à Moscou, – à Kaliningrad, et ailleurs, elle ferait mieux d’y réfléchir à deux fois.

Honneur, ou déshonneur, choisissons. Mais si nous choisissons le déshonneur, nous trouverons peut-être aussi : la mort.

Anne Colombini

Source : Donbass Insider
https://www.donbass-insider.com/fr/…