US President Bill Clinton (C) stands between PLO leader Yasser Arafat (R) and Israeli Prime Minister Yitzahk Rabin (L) as they shake hands for the first time, on September 13, 1993 at the White House in Washington DC, after signing the historic Israel-PLO Oslo Accords on Palestinian autonomy in the occupied territories. AFP PHOTO J.DAVID AKE (Photo by J. DAVID AKE / AFP)

Le président américain Bill Clinton se tient entre le leader de l’OLP, Yasser Arafat (à droite), et le Premier ministre israélien Yitzahk Rabin, le 13 septembre 1993 à la Maison-Blanche après avoir signé les accords d’Oslo. Photo: J. DAVID AKE pour l’AFP.

Lettre ouverte par Henri Ramoneda

En 1993, les accords d’Oslo devaient déboucher sur la création d’un État palestinien où coexisteraient musulmans, juifs et chrétiens, mais la guerre semble toujours plus payante que la paix dans cette région du monde.

«Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples». Ainsi s’exprimait Charles de Gaulle dans son chapitre dédié aux affaires d’Orient du premier tome des Mémoires de guerre. De surcroît, rien n’est mesuré et conciliant dans l’ensemble des pays riverains de la Méditerranée orientale.

La paix jamais payante

Cela dénote à quel point de nombreux groupes politiques se complaisent dans les conflits. Décidément, ils ne sont pas en mesure de promouvoir la paix.

En somme, près de trente ans après les accords d’Oslo, la solution à deux États au Proche-Orient n’a guère de chances de se réaliser. Le seul dirigeant israélien qui voulait la paix, Yitzhak Rabin, a été assassiné le 4 novembre 1995 par un extrémiste de sa religion.

Jamais, depuis les accords d’Oslo, la situation politique, économique et sociale des Palestiniens n’a semblé aussi désespérée.

Depuis cette date fatidique, la bande de Gaza subit un implacable blocus et leurs habitants sont réduits à s’entasser dans des réserves semblables à celles des peuples autochtones des États-Unis et du Canada.

Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français du président Jacques Chirac, vient d’affirmer que «la Bande de Gaza est une prison à ciel ouvert et la solution passe par l’existence de deux États».

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Cette déclaration rejoint celle du président russe Vladimir Poutine. Ce dernier a estimé le mardi 10 octobre que le conflit entre Israël et le Hamas palestinien démontrait l’échec de la politique des États-Unis au Moyen-Orient, jugeant ainsi la nécessaire création d’un État palestinien.

Il convient de souligner que les accords d’Oslo du 13 septembre 1993, signés par Itzhak Rabin et Yasser Arafat, sous l’égide de Bill Clinton, stipulaient une autonomie palestinienne devant déboucher au bout d’une période transitoire de cinq ans sur la création d’un État palestinien où coexisteraient musulmans, juifs et chrétiens.

Ce processus de paix aurait dû déboucher sur la coexistence pacifique et la prospérité de ces deux nations et délaisser définitivement les confiscations territoriales, les expulsions et les humiliations.

Jamais, depuis les accords d’Oslo, la situation politique, économique et sociale des Palestiniens n’a semblé aussi désespérée.

En 2009, le 14 juin, dans son discours à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv, Benyamin Netanyahou avait accepté pour la première fois la création «d’un État palestinien démilitarisé à côté de l’État israélien». À peine quelque mois plus tard, il n’hésita pas à se désister de sa promesse…

Six ans après, Netanyahou justifia sa volte-face en déclarant: «Je ne suis revenu sur rien de ce que j’avais dit il y a six ans, lorsque j’avais appelé à une solution avec un État palestinien démilitarisé, qui reconnaît l’État hébreu. J’ai simplement dit que, aujourd’hui, les conditions pour cela ne sont pas réunies».

Cela étant précisé, les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent et n’ont d’autres ambitions que de dissimuler leurs intentions réelles.

Cependant, le 19 juillet 2018, le Parlement israélien a voté une nouvelle loi fondamentale qui stipule en outre «l’État considère le développement de la colonisation juive comme un objectif national et agira en vue d’encourager et de promouvoir ses initiatives et son renforcement».

«C’est la loi la plus dangereuse édictée par Israël depuis 1967 », affirmait peu après le vote le chef de l’opposition travailliste Isaac Herzog qui l’assimilait à un « suicide national».

Malgré une situation explosive et mortifère qui couve dans l’ensemble des territoires palestiniens, Benyamin Netanyahou n’a-t-il pas sacrifié les conditions d’une paix durable au Moyen-Orient au profit de certains intérêts, comme l’exploitation des ressources gazières au large de la bande de Gaza?

Des réponses attendues

D’autre part, la presse israélienne n’a-t-elle pas révélé que le Premier ministre israélien avait été prévenu par l’Égypte que «quelque chose d’énorme» se préparait depuis la bande de Gaza?

Et enfin, Benyamin Netanyahou a-t-il accepté de modifier les orbites de plusieurs de ses satellites-espions afin de pallier certaines défaillances de Star Link en Ukraine?

Ces interrogations sont dérisoires ou secondaires au regard de l’opération terroriste, pleinement barbare et inouïe, menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

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Une telle opération a vraisemblablement nécessité plusieurs mois de préparatifs, qui sont passés totalement inaperçus aux yeux du Shin Beth et des services de renseignements de l’armée israélienne.

Il convient de souligner que ces derniers temps, le gouvernement israélien était plutôt focalisé ailleurs… Il a aidé l’Azerbaïdjan à exclure plus de cent mille Arméniens du Haut–Karabagh. Et quant à son Premier ministre, il a préféré, avec son projet de réforme judiciaire, assurer la défense de ses propres intérêts plutôt que celle de son pays.

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Comme quoi la phrase de Jean Jaurès: «On ne fait pas la guerre pour sa patrie, on fait la guerre pour des industriels» est très souvent citée en exemple. En outre, sa prise de position sur le génocide arménien à la Chambre des députés français le 3 novembre 1896 à Paris, est reconnue parmi ses engagements majeurs.

Si actuellement ceux qui nous gouvernent ne souhaitent nullement manifester le moindre désintéressement dont firent preuve jadis des hommes politiques aussi prestigieux que Jean Jaurès et Charles de Gaulle, alors les économies mondiales entreront inévitablement dans une récession, d’autant que les PIB des nations européennes sont davantage indexés sur les produits financiers et les services que sur les productions industrielles.

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