Tony Andréani, professeur émérite de l’Université de Paris VIII
et auteur du livre Le « modèle chinois » et nous.

Interview de Tony Andréani par Xinhuanet

Source : Xinhuenet

PARIS, 7 décembre (Xinhua) — « La démocratie américaine peut d’autant moins se présenter comme un modèle qu’elle est déliquescente », a indiqué Tony Andréani, professeur émérite de l’Université de Paris VIII, lors d’une interview récente accordée à Xinhua.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a récemment publié sur son site Internet un rapport intitulé « L’Etat de la démocratie aux Etats-Unis ». Fondé sur des faits et des avis d’experts, le rapport vise à exposer les déficiences et les abus de la démocratie aux Etats-Unis, ainsi que les dommages causés par l’exportation de cette démocratie américaine.

M. Andréani a estimé que l’exportation de la démocratie américaine évoquée par ce rapport correspondait à la réalité. Les Etats-Unis cherchent à imposer leur propre système politique et leurs propres valeurs aux autres pays, sans tenir compte des énormes différences dans le niveau de développement économique et dans les contextes historiques et culturels des pays du monde entier. Mais, leur démocratie s’est avérée être une « greffe ratée », qui a plongé de nombreux pays et régions dans les conflits et les guerres.

Des agriculteurs cueillent des feuilles de thé dans un champ de la coopérative de thé Wulilu du district autonome Li de Baisha, dans la province chinoise de Hainan (sud), le 10 juin 2020. (Xinhua/Zhang Liyun)

Le spécialiste en sciences politiques français est d’accord avec le point de vue d’un article récemment publié par la revue américaine National Interest sur son site Internet, selon lequel la promotion de la démocratie par les Etats-Unis n’est pas crédible. Les Etats-Unis n’ont pas respecté les engagements de leurs « beaux discours », affirme l’article, citant l’exemple du retrait américain de l’Afghanistan. Celui-ci relève une « déconnexion entre les paroles et les actes », qui prévaut depuis des décennies aux Etats-Unis, selon l’article.

« La ‘déconnexion entre les paroles et les actes’ ne leur est pas propre. Presque tous les politiciens occidentaux font, à des degrés divers, de belles promesses, pour les abandonner ensuite. Mais, aux Etats-Unis, c’est encore plus le cas : tous les moyens sont bons pour se faire élire », a indiqué M. Andréani.

Selon lui, une caractéristique de la démocratie américaine est que l’équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif est si précaire que le premier est toujours acculé à des compromis, qui finissent par vider les promesses de leur substance.

« La déconnexion entre les paroles et les actes vient aussi de ce que les véritables inspirateurs sont les grandes firmes américaines, et toujours le complexe militaro-industriel, tout puissant dans ce pays. Quasiment toutes les guerres menées et tous les complots ourdis par les Etats-Unis au long de leur histoire ont visé à défendre les intérêts de ces firmes, à chaque fois que des pays ont voulu se dégager de leur emprise. Et chaque fois, le paravent était la promotion de la démocratie », a-t-il affirmé.

Des membres du personnel travaillent sur la ligne de production de véhicule à énergie nouvelle dans une société automobile à Liuzhou, dans la région autonome Zhuang du Guangxi (sud de la Chine), le 12 août 2021. (Xinhua/Li Hanchi)

Par ailleurs, Tony Andréani, auteur du livre Le « modèle chinois » et nous, a observé que le fondement de la démocratie chinoise est l’ensemble des assemblées populaires, depuis la base, où le scrutin est direct, avec forte participation, jusqu’au sommet, l’Assemblée populaire nationale (APN), dont les membres sont élus au suffrage indirect.

« Or ce système, s’il est bien mis en oeuvre, me paraît bien préférable à celui des démocraties occidentales, où des citoyens mal informés ou peu motivés votent directement pour l’élection des députés, ou, pire encore, pour celle d’un président », a-t-il déploré.

Dans son livre, il a présenté le système de coopération multipartite et de consultation politique sous la direction du Parti communiste chinois en Chine. Il pense que cette démocratie consultative en Chine est importante.

« Les politistes occidentaux font l’impasse sur l’importance de la démocratie consultative et même délibérative en Chine, tant au niveau central qu’au niveau local. Aucune décision de quelque importance n’est prise sans avoir au préalable demandé l’avis des instances consultatives, et même, souvent, directement de la population. En effet, il y a aussi les ‘auditions publiques’ sur l’examen des textes de loi provinciaux. Il y a les dialogues entre les administrations et les citoyens. Il y a les jurys populaires. Il y le dialogue social dans les quartiers et dans les villages sur les politiques menées par le gouvernement », a-t-il noté. Fin

Source : Xinhuanet
http://french.news.cn/…

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