Par Karel Huybrechts

# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
KISSINGER : MORT D’UN CRIMINEL DE GUERRE AMERICAIN

Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/

2023 12 01/ Série V/

Henry Kissinger s’est éteint.
L’ex-secrétaire d’Etat américain et Prix Nobel de la paix Henry Kissinger est mort. Américain d’origine juive allemande, Henry Kissinger est mort le mercredi 29 novembre dans sa maison du Connecticut, à 100 ans. (…) il a influencé pendant plusieurs décennies la pensée diplomatique américaine (…) Quatre décennies durant, à Washington et sur tous les continents, il a dispensé ses analyses géopolitiques et ses conseils stratégiques à travers de multiples réseaux, enchaînant fonctions officielles et missions privées, multipliant conférences, livres et articles de presse. Dans son dix-septième et dernier ouvrage paru en 2014, L’Ordre du monde (Fayard), l’ancien secrétaire d’Etat met en garde contre les variations d’humeur extrêmes de la politique étrangère américaine, « superpuissance ambivalente », oscillant entre les élans messianiques et le retranchement isolationniste. Mais Henry Kissinger connut aussi ses zones d’ombre. Ainsi, en 1975, une commission d’enquête du Sénat américain a révélé son rôle dans la chute du régime de Salvador Allende au profit de la dictature Pinochet au Chili en 1973 » (Le Monde).

Né près de Nuremberg en 1923, il avait fui l’Allemagne nazie pour devenir « l’homme indispensable aux États-Unis ». Secrétaire d’État de Nixon et de Ford, il avait reçu abusivement le prix Nobel de la paix en 1973 pour avoir jeté les bases de la fin de la guerre du Vietnam.

Il n’attachait, disait-il, aucune importance au protocole. «Appelez-moi tout simplement “Excellence”…», aimait-il à plaisanter auprès des journalistes. Henry Kissinger, «l’homme indispensable aux États-Unis», comme on le qualifiait dans les années 1970, le «seul secrétaire d’État américain à avoir été servi par deux présidents consécutifs», selon ce mot fameux qu’on lui a attribué, est mort, mercredi 29 novembre, à l’âge de 100 ans.

SES DETRACTEURS LE SURNOMMAIENT «RASPOUTINE».

Successivement conseiller auprès des gouvernements d’Eisenhower, de Kennedy et de Johnson avant de devenir le secrétaire d’État de Richard Nixon puis de Gerald Ford, Henry Kissinger forgea pendant huit ans l’histoire diplomatique mondiale. Rappelé par Ronald Reagan en 1985, il fera à nouveau partie de ses conseillers en matière de politique étrangère. «En cas d’urgence, bien sûr que je serai disponible!», indiquait encore ce diplomate infatigable lors d’une interview en mars 2000.

«Dear Henry» naquit en 1923, à Fürth, près de Nuremberg, en Allemagne, dans une famille juive cultivée et très pratiquante. La famille fuit les persécutions nazies en 1938 et émigre aux États-Unis, où elle s’installe à New York.

Mais la Seconde Guerre mondiale bat son plein: en 1943, alors qu’il vient d’obtenir la citoyenneté américaine, il est envoyé sur le front européen.

À la fin de la guerre, il reste quelque temps en Allemagne occupée, puis retourne en 1946 aux États-Unis, pour poursuivre ses études à l’université de Harvard. C’est à cette époque qu’il commence à faire ses armes dans la politique.

Dès 1956, il collabore avec le gouvernement Eisenhower, puis avec celui de Kennedy, et enfin celui de Johnson. Il a avoué plus tard ne pas être d’accord avec la philosophie optimiste du deuxième ni avec la diplomatie au jour le jour du troisième.

C’EST AVEC RICHARD NIXON QU’HENRY KISSINGER VA VERITABLEMENT ACQUERIR UNE STATURE INTERNATIONALE.

«La plupart des grandes initiatives politiques américaines ont commencé sous Nixon : le Proche-Orient, l’Union soviétique, la Chine, rappelle le diplomate dans ses Mémoires. Et nous avons mis fin à la guerre du Vietnam.» En 1969, «Dear Henry» entame les négociations d’un accord sur le Vietnam qui permettra aux États-Unis de se retirer de ce pays où ils s’embourbent depuis huit ans déjà. En 1972, c’est encore lui qui réussit à faire reconnaître la Chine communiste par Washington. Une Chine dont il ne cesse de prendre la défense: il se dit fasciné par Mao Zedong, Zhou Enlai et Deng Xiaoping et n’a trouvé nulle part «d’interlocuteurs plus réceptifs à la pensée nixonienne».

S’il fallait trouver un inventeur à la «navette diplomatique», c’est sans doute lui qui serait désigné: négociateur inlassable, Henry Kissinger était capable de parcourir quelque 200.000 kilomètres par an. Les fameuses «navettes», reprises plus tard par tous les secrétaires d’État américains, vont connaître leur apogée en 1973 au Proche-Orient.

«DE TOUT CŒUR» AVEC LE GENERAL PINOCHET

1973 est la date du Golpe au Chili. Selon des documents récemment déclassifiés, Henry Kissinger aurait joué un rôle clé dans le renversement du régime de Salvador Allende. On comprend, dès lors, que celui qui se disait «de tout cœur» avec le général Pinochet n’ait pas souhaité que ce dernier soit jugé…

Cette année 1973 marque surtout le faîte de sa gloire: les accords de Paris, mettant fin à la guerre du Vietnam, lui valent le prix Nobel de la paix. Deux ans plus tard, ce sera le revers le plus pénible: Kissinger essaiera même de rendre son prix lorsque Saïgon tombera aux mains des communistes.

Mais, entre-temps, le scandale du Watergate a éclaté. Richard Nixon démissionne, et Gerald Ford termine son mandat. Kissinger n’est pas éclaboussé: il demeurera secrétaire d’État jusqu’à la présidentielle d’octobre 1976. Le 20 janvier suivant, tandis que celui qu’il surnommait «le plouc», Jimmy Carter, s’installe à la Maison-Blanche, Henry Kissinger, lui, fait ses bagages.

«HENRY PENSAIT QUE C’ETAIT LUI LE PRESIDENT»

Ce n’est pourtant pas encore l’heure de la retraite. Tout en rédigeant ses Mémoires, qui paraîtront peu après ceux de Nixon, en 1979, Henry Kissinger avoue avoir une quinzaine de jobs! Il siège comme directeur dans plusieurs conseils d’administration. Il devient conseiller spécial de plusieurs grandes firmes, comme les studios de cinéma MGM ou le Crédit lyonnais. Il apparaît même dans des spots publicitaires, notamment pour le New York Times et le magazine The Economist.

On vient encore de toute la planète lui demander son avis. Cinq ans après son départ du gouvernement, il fonde Kissinger Associates, une entreprise de «consulting» de haut niveau… à 225.000 dollars le forfait annuel! Car «Dear Henry» n’a pas oublié ses cours de comptabilité : il demande en général 10.000 dollars pour une interview, le double pour une conférence.

Pour son biographe, Henry Kissinger demeurera aux côtés de George Marshall «en haut du panthéon des hommes d’État américains». Quelquefois, racontait Nixon, «Henry pensait que c’était lui le président. D’autres fois, il fallait le cajoler et le choyer comme un enfant.»

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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Source : Luc Michel