Par Lahouari Addi

L’incarcération arbitraire de Khaled Drareni est le message que le régime adresse aux journalistes, tous médias confondus. Ou bien ils respectent les limites qu’il leur impose en les invitant à s’autocensurer, ou bien c’est les différentes pressions allant de la privation de publicité pour les journaux à l’incarcération pour des journalistes téméraires. Khaled Drareni est devenu le symbole de la liberté de la presse. Tant qu’il est en prison, le régime signifie par les actes et la pratique qu’il est contre une presse libre. Pourquoi au fait le régime est contre le droit d’informer les citoyens? Parce que le système institutionnel est factice, c’est-à-dire que les institutions ne véhiculent par les rapports d’autorité réels. Il y a des centres de pouvoir a-constitutionnels qui exercent l’autorité de l’Etat, et cela les journalistes n’ont pas le droit de le dire. Comme la presse et la justice sont les garants de la démocratie, le régime prend en otage la presse et soumet à sa volonté la justice. Tant que Khaled Drareni reste en prion, il n’y a aucune raison de croire aux discours du régime de vouloir construire l’Algérie nouvelle. Khaled Drareni n’est pas un délinquant. Il incarne le droit à l’information qui est un droit inaliénable. Les citoyens ont le droit de savoir comment leur Etat est géré et par qui il est dirigé. C’est leur droit, et tant que ce droit est bafoué, les dirigeants n’ont aucune légitimité à exercer l’autorité publique qui appartient au public.

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Lettre de Khaled Drareni, envoyée à la journaliste Madjeda Zouine, que nous rendons publique :

« Je salue et remercie tous ceux qui sont solidaires avec moi, que ce soit ici en Algérie, ou ailleurs dans le monde. J’ai un moral solide, et ce depuis ma naissance. Ce ne sont, ni la prison d’El Harrach dans laquelle j’ai passé une seule nuit, ni celle de Koléa où je me trouve depuis neuf mois, qui vont me démoraliser. Votre empathie et votre soutien, qu’il s’agisse de moi ou du reste des détenus d’opinion qui se trouvent dans les quatre coins du pays, votre attachement à ce combat qui est celui de la liberté de la presse, représentent pour moi une médaille d’honneur, une distinction qui restera gravée dans ma mémoire et mon cœur. Prenez soin de vos proches, et veillez à garder vos principes.
Merci à tous ».

Khaled Drareni, établissement pénitentiaire de Koléa.
Numéro d’écrou : 22244
Cellule 85.
30/12/2020.

Source : La page FB de l’auteur
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