Par Christelle Néant

Julian Assange, Alina Lipp et Anne-laure Bonnel, sont trois journalistes qui payent le prix fort pour avoir dit la vérité en Occident : tentative de les asphyxier financièrement, puis censure, menace d’emprisonnement ou emprisonnement tout court, et même torture physique et psychologique dans le cas d’Assange. Ces trois cas illustrent parfaitement la réalité de la « démocratie » en Occident.

Le cas de Julian Assange, dont l’extradition vient d’être validée par les autorités britanniques, est le plus médiatisé, et le plus révélateur de ce qui peut attendre un journaliste occidental qui ose dire la vérité.

En 2006, Julian Assange fonde Wikileaks, une organisation non gouvernementale et à but non-lucratif, qui publie sur son site des documents classifiés, fournis par des lanceurs d’alertes. Le site a publié depuis des millions de documents concernant des violations des droits de l’homme, des scandales de corruption et surtout des crimes de guerre.

En 2010, alors que site s’apprête à publier des documents sur la guerre en Irak, Julian Assange voit sa demande de permis de travail et de résidence être refusée par la Suède. Pays qu’il avait choisi car la législation sur la protection des sources journalistiques y est très stricte. Mais révéler les crimes de guerre des États-Unis en Irak et en Afghanistan c’est s’attirer les foudres de Washington et du complexe militaro-industriel américain. C’est là que la descente aux enfers va commencer pour Julian Assange.

En 2011 commence la tentative d’asphyxie financière du site Wikileaks. Visa, Mastercard, Bank of America, PayPal et Western Union organisent un blocus financier de Wikileaks, réduisant les revenus de l’organisation de 95 %, qui se tournera alors vers les crypto-monnaies pour échapper à l’asphyxie financière.

À partir de 2012, la censure par attaques informatiques massives contre le site est lancée. Le but est de tenter d’empêcher les gens d’accéder aux millions de documents publiés sur le site. Pour information, c’est Wikileaks qui aidera Edward Snowden à sortir de Hong Kong et à obtenir l’asile politique en Russie.

En parallèle, de 2010 à 2012, Julian Assange est placé sous liberté surveillée au Royaume-Uni suite à une accusation de délit sexuel faite en Suède en 2010. Assange dénonce une accusation bidon, dont le seul but est de l’envoyer en Suède d’où il pourra être extradé vers les États-Unis. Suite au refus de la Cour suprême du Royaume-Uni de rejeter la demande d’extradition vers la Suède, Julian Assange se réfugie le 19 juin 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres, où il vivra reclus pendant sept ans, sous surveillance de Scotland Yard et de la CIA.

CIA qui envisagera d’ailleurs en 2017 de faire assassiner purement et simplement Julian Assange dans l’ambassade équatorienne. Mais devant le risque de scandale international que cela susciterait, la CIA y renonce, et opte pour un plan plus discret et plus pervers.

Le 11 avril 2019, Julian Assange perd sa nationalité équatorienne obtenue deux ans plus tôt, ainsi que son droit d’asile dans l’ambassade équatorienne, d’où il est sorti de force par des policiers britanniques. Il est alors envoyé en prison, à Belmarsh, et l’affaire de « délit sexuel » est clôturée par la Suède faute de preuves quelques mois après son arrestation, prouvant s’il en était besoin que cette affaire n’était qu’un prétexte.

Pendant trois ans, Julian Assange et ses avocats se sont battus pour empêcher son extradition vers les États-Unis, où il risque jusqu’à 175 ans de prison ! En vain. Et pendant tout ce temps, Julian Assange a été soumis à des conditions de détention qui tiennent de la torture : isolement total, cellule insuffisamment chauffée en hiver, défaut de soins. L’état de Julian Assange se dégrade rapidement dans ces conditions, et plusieurs experts et médecins s’indignent et qualifient ce qui lui est infligé dans la prison de Belmarsh de torture.

S’il est envoyé aux États-Unis, Julian Assange pourrait être envoyé à Guantanamo, ou ailleurs et torturé comme bon nombre d’autres prisonniers. Son cas doit servir d’exemple pour décourager tout autre journaliste occidental de révéler certaines vérités qui dérangent.

Et on voit que le cas Assange pourrait bientôt ne plus être une exception. En effet, deux journalistes indépendantes, l’Allemande Alina Lipp, et la Française Anne-Laure Bonnel, qui ont dit ouvertement ce qui se passe dans le Donbass, voient à leur tour la machine de censure occidentale s’activer contre elles.

Alina Lipp, qui est restée six mois dans le Donbass en 2022, et dit la vérité sur les crimes de guerre de l’armée ukrainienne, entre autre à Marioupol, fait désormais face à la censure.

Voir son interview en deux parties, en anglais sur Telegram :

Après être venue une première fois en 2021, elle est choquée par les crimes de guerre de l’armée ukrainienne contre les civils du Donbass. Elle revient donc début 2022, et reste six mois sur place. Elle raconte ouvertement et rapporte les crimes de guerre des soldats ukrainiens contre les civils de Marioupol par exemple.

Une vérité qui dérange à Berlin. Alors le compte PayPal d’Alina Lipp est bloqué. Puis son compte bancaire, ainsi que celui de son père sont clôturés, et l’État Allemand prélève sans aucune justification environ 1 600 euros qui se trouvaient encore sur son compte. Comme dans le cas Assange, la technique de l’asphyxie financière est utilisée pour faire taire les voix dissidentes. Puis vient la censure, avec la fermeture de son compte YouTube, où elle publiait ses reportages.

Et comme dans le cas de Julian Assange, très vite la justice est venue menacer Alina Lipp. Une affaire criminelle a été ouverte contre la journaliste pour soutien envers des crimes. Parce qu’elle a osé dire que ce que fait l’Ukraine dans le Donbass est un génocide, qu’elle comprend pourquoi la Russie est intervenue, pourquoi elle a lancé son opération militaire spéciale, et que les gens qu’elle connaît à Donetsk sont heureux que Moscou intervienne. Juste à cause de ça, pour avoir donné son opinion et dit la vérité, Alina Lipp risque jusqu’à trois ans de prison !

Vous pouvez télécharger le document en PDF ici :

Encore plus délirant, à la fin du document d’accusation, il est écrit qu’Alina Lipp ne sera pas invitée à une audition (pour se défendre) car cela perturberait le processus d’enquête (sic) ! Sans surprise, Alina Lipp ne rentrera pas en Allemagne, afin de ne pas subir le même sort que Julian Assange.

Et si certains croient que ce qui arrive à Alina Lipp ne pourrait pas arriver en France, qu’ils se penchent sur ce qui arrive à Anne-Laure Bonnel. Cette journaliste française indépendante venue dans le Donbass en 2015 et en 2022, qui elle aussi a parlé ouvertement des crimes de guerre de l’armée ukrainienne dans le Donbass.

Sans surprise elle s’est retrouvée aux côtés d’Alina Lipp et de moi-même dans « l’article » du torchon Le Monde sur les « dangereux influenceurs pro-russes ». En réalité cet article n’est qu’un parmi d’autres d’une attaque coordonnée de l’ISD, une énième organisation prétendant lutter contre la désinformation, dans plusieurs pays occidentaux, mais qui sert en réalité à justifier la censure. Les accusations portées contre les « influenceurs pro-russes » par l’ISD ont en effet été reprises par plusieurs médias, en France, en Allemagne, aux États-Unis, et sûrement ailleurs (je n’ai pas les moyens de vérifier toute la presse mondiale).

Anne-Laure Bonnel a aussi été attaquée directement et personnellement par plusieurs médias français qui l’ont purement et simplement dénigrée, voire diffamée. Et comme dans le cas de Julian Assange, ou celui d’Alina Lipp, les autorités utilisent l’asphyxie financière pour tenter de la faire taire.

Comme dans le cas d’Alina Lipp, le compte bancaire d’Anne-Laure Bonnel a été temporairement bloqué par sa banque, la Société Générale, et son contrat auprès de l’université de la Sorbonne n’a pas été reconduit.

Une méthode qui a aussi été utilisée contre Donbass Insider, qui a vu son compte Patreon, et son compte Tipeee bloqués (via le fournisseur de paiement pour Tipeee) pour les mêmes raisons : tenter de nous faire taire.

Si pour l’instant Alina Lipp et Anne-Laure Bonnel ne sont pas encore dans la situation terrible dans laquelle se trouve Julian Assange, son cas doit faire comprendre à tous que les pays occidentaux n’ont de démocratie que le nom, et que ce qui arrive aujourd’hui à ce journaliste pourrait bien leur arriver un jour prochain, s’il leur arrivait par malheur de dire une vérité qui dérange. C’est pour cela qu’il faut se battre pour empêcher qu’Assange soit extradé vers les États-Unis. Pour empêcher que dire la vérité ne soit considéré comme un crime !

Car comme l’a si bien dit Martin Niemöller :

« Ils sont d’abord venus chercher les socialistes, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas socialiste
Puis ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas syndicaliste
Puis ils sont venus chercher les Juifs, et je n’ai rien dit
Parce que je n’étais pas juif
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre. »

Aujourd’hui ils viennent chercher Julian Assange, Alina Lipp, Anne-Laure Bonnel, ou moi-même. Mais un jour c’est vous qu’ils viendront chercher. Alors, agissez maintenant ! Exigez que l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis soit annulée ! Faites savoir que vous ne voulez pas d’une société où la vérité est un crime !

Christelle Néant

Source : Donbass Insider
https://www.donbass-insider.com/fr/…