Par Amira Hass

Alors que 25 ONG israéliennes de défense des droits de l’homme ont condamné l’annonce israélienne de l’interdiction de 6 associations majeures de la société civile palestinienne, Amira Hass publie dans Haaretz un article soulignant que les vrai terroristes se trouvent au sein de l’Etat d’Israël.

« J’annonce et j’avoue ici que je finance le terrorisme. Une partie de l’argent des impôts que je paie au gouvernement israélien est transférée à ses activités terroristes et à celles de ses représentants, les colons, contre le peuple palestinien. Si par « terrorisme » on entend imposer la terreur et la peur – alors que font les commandants de l’armée et des services de sécurité du Shin Bet lorsqu’ils envoient des soldats masqués pour piller les maisons des Palestiniens nuit après nuit ? Accompagnés de chiens et fusils braqués, les militaires réveillent les familles de leur sommeil, renversent le contenu des placards, confisquent les biens et frappent les adultes devant les enfants.

Que font les inspecteurs de l’ »Administration Civile » (administration en charge des territoire palestiniens occupés NDLR) lorsqu’ils se promènent parmi les communautés de bergers, et vérifient s’il y a peut-être une tente ou un toboggan pour les enfants qu’il faut démolir ? Que font les caméras de surveillance collées à chaque poste de contrôle à la sortie d’une ville palestinienne, sinon intimider et régimenter ? Et les hommes et les femmes de la police des frontières à Jérusalem, qui arrêtent tous ceux qui ont l’air arabe, et les soldats et les policiers qui donnent un coup de pied ici, une gifle là, à quiconque ose leur tenir tête, ou récolter des olives – quel est leur travail sinon d’instiller la peur ?

Et les gangs de colons masqués, torses nus, franges sacrées, fusils et armes « non létales » – comment appellerons-nous leurs orgies d’attaques contre les gens et les arbres sinon la terreur ? Des fractions de pourcentage des impôts que je paye leur parviennent certainement : peut-être finissent-ils par aller aux comités de colons qui accueillent les voyous, peut-être à leurs fonctionnaires et aux fonctionnaires du ministère de la Défense qui, ensemble, ont planifié et mis en œuvre le modèle réussi des « avant-postes » coloniaux.

Dans toute la Cisjordanie, les avant-postes fonctionnent selon le même schéma : une famille de colons chevronnés s’empare d’une parcelle de terre palestinienne, reçoit un troupeau de moutons ou de chèvres et de bétail, puis, à l’aide de fusils, de pierres, de chiens, et de drones, menace les Palestiniens et empêche leurs troupeaux d’atteindre leurs pâturages.

Le concept de « terreur » a depuis longtemps dépassé les limites de la simple intimidation et inclut également les actes de destruction et de meurtre. Mes impôts, et ceux de tous les citoyens et résidents israéliens, les financent. Une partie de mes impôts est allée au bombardement de structures résidentielles et au meurtre de leurs habitants palestiniens, y compris de jeunes enfants et de femmes. Mes impôts financent les balles qui tuent et blessent des manifestants dans le village cisjordanien de Beita et à Gaza. Nos impôts subventionnent les colonies et couvrent le coût de la démolition des maisons palestiniennes par l’administration civile et la municipalité de Jérusalem.

Sous le camouflage d’un pays respectueux des lois et au moyen de notre financement, Israël a perpétré tous ces actes de terreur et bien d’autres. Au jour le jour. Heure par heure. Ceux qui contrôlent les centres de pouvoir ont toujours essayé et essaient d’assumer aussi le monopole de la langue, afin de perpétuer leur suprématie. Le patriarcat a dérivé le terme médical «hystérie» de la racine grecque de l’utérus, comme un moyen de cimenter le statut inférieur des femmes. Les Anglais se sont assurés que « Irlandais » serait synonyme de stupide, et plus tard de paresseux et d’ivrogne, pour expliquer leur colonisation de l’Irlande. « Stupide », « noir » et « terroriste » étaient aussi des synonymes chez les Blancs d’Afrique du Sud, utilisés pour justifier l’exploitation, la ségrégation raciale et l’oppression terroriste.

Et c’est ainsi que l’occupant israélien décide ce qu’est le terrorisme, et y inclut six autres ONG palestiniennes. La raison de leur persécution est si claire : ces organisations de la société civile ont enregistré plusieurs réalisations impressionnantes dans leur opposition à la cruelle occupation israélienne. Ce sont eux qui ont agi et agissent pour poursuivre les Israéliens responsables de crimes de guerre et de crimes d’apartheid devant la Cour pénale internationale de La Haye, et ont exhorté l’Autorité palestinienne à emprunter cette voie. Ce sont eux qui dénoncent le système israélien de détention massive, y compris de mineurs, et le scandale appelé tribunal militaire. Ce sont eux qui soutiennent les agriculteurs palestiniens contre le harcèlement de l’administration civile et des colons. Ils nourrissent les valeurs de gauche et féministes, et critiquent également les autorités palestiniennes. Ils (et pas seulement eux) sont dans une bataille constante contre la terreur de l’occupation. Et l’occupation, par la persécution de ces organisations, aspire à terroriser d’autres Palestiniens et à les dissuader d’organiser toute résistance. »

Amira Hass

Source Haaretz

RASSEMBLEMENT CE VENDREDI 29 OCTOBRE À PARTIR DE 17 H À LA FONTAINE DES INNOCENTS (Angle rue Lescot et rue Berger). Métro-RER : Châtelet Les Halles

CAPJPO-EuroPalestine

Source : EuroPalestine
https://europalestine.com/…