Le drapeau chinois sur la façade de l’ambassade de Chine, à Paris, le 9 mai 2012 (image d’illustration).
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Par RT France

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L’Assemblée nationale a adopté un texte condamnant des «violences perpétrées par les autorités chinoises contre les Ouïghours constitutives de crimes contre l’humanité». Pékin a dénoncé «une diffamation et une stigmatisation délibérées».

A quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, l’Assemblée nationale a adopté le 20 janvier une résolution dénonçant le «génocide» des Ouïghours par la Chine, et demandé au gouvernement français d’adopter des mesures politiques pour que cesse cette situation.

Une diffamation et une stigmatisation délibérées contre la Chine et une ingérence brutale dans les affaires intérieures chinoises

Pékin a réagi ce 21 janvier par la voix du ministère chinois des Affaires étrangères, se disant «fermement opposé» à un texte qui «fait fi de la réalité» et «constitue une ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Chine». L’ambassade de Chine à Paris avait déjà protesté la veille contre «une diffamation et une stigmatisation délibérées contre la Chine et une ingérence brutale dans les affaires intérieures chinoises». La mission diplomatique estime qu’il ne s’agit pas de questions «ethniques, religieuses ou de droits de l’homme», mais que le sujet relève de «la lutte contre le terrorisme, la radicalisation et le séparatisme».

Une résolution sans portée contraignante

La résolution – sans portée contraignante – dispose que l’Assemblée nationale «reconnaît officiellement les violences perpétrées par les autorités de la République populaire de Chine à l’encontre des Ouïghours comme constitutives de crimes contre l’humanité et d’un génocide», et les «condamne». Elle invite le gouvernement français à faire de même et à adopter «les mesures nécessaires auprès de la communauté internationale et dans sa politique étrangère à l’égard de la République populaire de Chine» afin que cesse cette situation.

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Sans portée contraignante, le texte a reçu le soutien des députés du parti présidentiel (LREM) et a été adopté à la quasi-unanimité (169 votes pour, un contre et cinq abstentions).

Il a été défendu à la tribune par le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure qui a dénoncé «la machine implacable qui vise à l’éradication culturelle et biologique d’un peuple», et aussi fustigé les grandes entreprises et marques occidentales «qui continuent à utiliser le travail forcé» de cette communauté turcophone musulmane de la province chinoise du Xinjiang, dans le nord-ouest du pays.

Au nom du gouvernement, le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester a évoqué des «violences systématiques» et des «témoignages accablants», mais il a fait valoir que la qualification formelle de génocide relevait d’instances internationales, pas du gouvernement. Il a également assuré que le sort de cette communauté était «évoqué au plus haut niveau» lors des entretiens avec les officiels chinois. Dolkun Isa, président du Congrès mondial ouïghour (CMO), a salué «une étape indispensable vers une reconnaissance internationale plus large du génocide ouïghour».

L’Assemblée dénonce des «camps de rééducation politique», Pékin évoque des «centres de formation professionnelle»

Stérilisations et avortements forcés, viols, tortures, enfants arrachés à leurs parents, prélèvement d’organes, camps d’internement et de rééducation, exécutions, destruction de mosquées et du patrimoine culturel, surveillance de masse… la résolution fait un long énoncé des crimes reprochés. Le texte porte aussi des inquiétudes quant au sort réservé par Pékin à d’autres «minorités turciques» (Kazakhs, Kirghizes, Ouzbeks et Tatars).

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Alain David (PS), auteur de ce texte qui reprend largement un projet de résolution de la députée Frédérique Dumas (groupe Libertés et territoires), a fait applaudir par les députés des réfugiés ouïghours présents dans les tribunes. Les députés LFI et le communiste Jean-Paul Lecoq se sont abstenus. L’unique vote contre est venu du député LREM de Paris Buon Tan, très engagé dans les relations franco-asiatiques et notamment chinoises.

Des organisations de défense des droits de l’Homme accusent la Chine d’avoir notamment enfermé plus d’un million de musulmans dans des camps de rééducation politique. Les Ouïghours sont particulièrement visés après une série d’attentats attribués à des islamistes et des séparatistes. Pékin rétorque de son côté que les camps sont des centres de formation professionnelle destinés à les éloigner de la radicalisation.

Une lugubre analogie avec la propagande nazie à Dachau

Vincent Ledoux (groupe Agir, membre de la majorité) s’est insurgé contre un argument qui constitue selon lui une «lugubre analogie avec la propagande nazie à Dachau», l’un des principaux camps de concentration de l’Allemagne hitlérienne. Le patron des députés LREM Christophe Castaner a dénoncé le sort de «millions» de personnes «réduites à une condition d’esclavagisme».

La résolution relève par ailleurs que plusieurs Etats ont déjà «officialisé leur reconnaissance du génocide des Ouïghours» par la Chine. Le 19 janvier, Amnesty International a appelé la communauté internationale à ne pas laisser la Chine utiliser ses Jeux d’hiver – qui auront lieu du 4 au 20 février prochains – pour détourner l’attention de ses violations des droits humains au Xinjiang.

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