Allocution du Président de la Fédération de Russie, le 21 février 2022 à 22h35.

Le Kremlin, Moscou

Source : en.kremlin.ru

Traduction : lecridespeuples.fr

Président de la Russie Vladimir Poutine : Chers concitoyens russes, chers amis,

Mon discours concerne les événements en Ukraine et la raison pour laquelle cette question est si importante pour nous, pour la Russie. Bien entendu, mon message s’adresse également à nos compatriotes en Ukraine.

La question est très grave et doit être discutée en profondeur.

La situation dans le Donbass a atteint un stade critique et aigu. Je m’adresse directement à vous aujourd’hui, non seulement pour vous expliquer ce qui se passe, mais aussi pour vous informer des décisions qui sont prises ainsi que d’éventuelles étapes ultérieures.

Je voudrais souligner à nouveau que l’Ukraine n’est pas seulement un pays voisin pour nous. C’est une partie inaliénable de notre propre histoire, de notre culture et de notre espace spirituel. Ce sont nos camarades, ceux qui nous sont les plus chers –non seulement des collègues, des amis et des personnes qui ont autrefois servi ensemble, mais aussi des parents, des personnes liées par le sang, par des liens familiaux.

Depuis des temps immémoriaux, les habitants du sud-ouest de ce qui a été historiquement la terre russe se sont appelés Russes et Chrétiens Orthodoxes. Ce fut le cas avant le XVIIe siècle, lorsqu’une partie de ce territoire rejoignit l’État russe, et après.

Il nous semble que, d’une manière générale, nous connaissons tous ces faits, que c’est de notoriété publique. Pourtant, il est nécessaire de dire au moins quelques mots sur l’histoire de cette question afin de comprendre ce qui se passe aujourd’hui, d’expliquer les motifs derrière les actions de la Russie et ce que nous visons à réaliser.

Donc, je commencerai par le fait que l’Ukraine moderne a été entièrement créée par la Russie ou, pour être plus précis, par la Russie bolchevique, communiste. Ce processus a commencé pratiquement juste après la révolution de 1917, et Lénine et ses associés l’ont fait d’une manière extrêmement dure pour la Russie –en séparant, en séparant ce qui est historiquement la terre russe. Personne n’a demandé aux millions de personnes qui y vivaient ce qu’ils en pensaient.

Puis, avant et après la Grande Guerre patriotique, Staline l’a incorporée à l’URSS et a transféré à l’Ukraine des terres qui appartenaient auparavant à la Pologne, à la Roumanie et à la Hongrie. Dans le processus, il a donné à la Pologne une partie de ce qui était traditionnellement des terres allemandes à titre de compensation, et en 1954, Khrouchtchev a enlevé la Crimée à la Russie pour une raison quelconque et l’a également donnée à l’Ukraine. En effet, c’est ainsi que s’est formé le territoire de l’Ukraine moderne.

Mais maintenant, je voudrais attirer l’attention sur la période initiale de la formation de l’URSS. Je crois que c’est extrêmement important pour nous. Je vais devoir l’aborder de loin, pour ainsi dire.

Je vous rappelle qu’après la révolution d’octobre 1917 et la guerre civile qui a suivi, les bolcheviks se sont mis à créer un nouvel État. Ils avaient entre eux d’assez sérieux désaccords sur ce point. En 1922, Staline occupait les postes de Secrétaire général du Parti communiste russe (bolcheviks) et de Commissaire du peuple aux affaires ethniques. Il a suggéré de construire le pays sur les principes de l’autonomisation, c’est-à-dire de donner aux républiques –les futures entités administratives et territoriales– de larges pouvoirs lors de leur adhésion à un État unifié.

Lénine critiqua ce plan et proposa de faire des concessions aux nationalistes, qu’il qualifiait alors d’ « indépendants ». Les idées de Lénine sur ce qui équivalait essentiellement à un arrangement d’État confédératif et à un slogan sur le droit des nations à l’autodétermination, jusqu’à la sécession, ont été posées à la base de l’État soviétique. Initialement, elles ont été confirmées dans la Déclaration sur la formation de l’URSS en 1922, et plus tard, après la mort de Lénine, ont été inscrites dans la Constitution soviétique de 1924.

Cela soulève immédiatement de nombreuses questions. La première est vraiment la principale : pourquoi était-il nécessaire d’apaiser les nationalistes, de satisfaire les ambitions nationalistes sans cesse croissantes à la périphérie de l’ancien empire ? Quel était l’intérêt de transférer aux nouvelles unités administratives, souvent arbitrairement formées –les républiques fédérées– de vastes territoires qui n’avaient rien à voir avec elles ? Permettez-moi de répéter que ces territoires ont été transférés avec la population de ce qui était historiquement la Russie.

De plus, ces unités administratives ont reçu de facto le statut et la forme d’entités étatiques nationales. Cela soulève une autre question : pourquoi était-il nécessaire de faire des dons aussi généreux, au-delà des rêves les plus fous des nationalistes les plus zélés et, en plus de tout cela, de donner aux républiques le droit de faire sécession de l’État unifié sans aucune condition ?

À première vue, cela semble absolument incompréhensible, voire fou. Mais seulement à première vue. Il y a une explication. Après la révolution, l’objectif principal des bolcheviks était de rester au pouvoir à tout prix, absolument à tout prix. Ils ont tout fait dans ce but : ils ont accepté l’humiliant Traité de Brest-Litovsk, bien que la situation militaire et économique de l’Allemagne kaiserienne et de ses alliés fut dramatique et que l’issue de la Première Guerre mondiale soit courue d’avance, et ils ont satisfait toutes les exigences et souhaits des nationalistes à l’intérieur du pays.

En ce qui concerne le destin historique de la Russie et de ses peuples, les principes de développement de l’État de Lénine n’étaient pas simplement une erreur ; c’était pire qu’une erreur, comme dit le proverbe. Cela est devenu évident après la dissolution de l’Union soviétique en 1991.

Bien sûr, nous ne pouvons pas changer les événements passés, mais nous devons au moins les admettre ouvertement et honnêtement, sans aucune réserve ni politicaillerie. Personnellement, je peux ajouter qu’aucun facteur politique, aussi impressionnant ou profitable qu’il puisse paraître à un moment donné, ne peut ou ne doit être utilisé comme principe fondamental d’un État.

Je n’essaie pas de rejeter la faute sur qui que ce soit. La situation dans le pays à cette époque, tant avant qu’après la guerre civile, était extrêmement compliquée ; elle était critique. La seule chose que je voudrais dire aujourd’hui, c’est que les choses étaient exactement comme ça. C’est un fait historique. En fait, comme je l’ai déjà dit, l’Ukraine soviétique est le résultat de la politique des bolcheviks et peut à juste titre être appelée « l’Ukraine de Vladimir Ilitch Lénine ». Il en a été le créateur et l’architecte. Ceci est entièrement et complètement corroboré par des documents d’archives, y compris les dures instructions de Lénine concernant le Donbass, qui a en fait été poussé en Ukraine. Et aujourd’hui, la « progéniture reconnaissante » a renversé les monuments de Lénine en Ukraine. Ils appellent cela la décommunisation.

Vous voulez la décommunisation ? Très bien, cela nous convient très bien. Mais pourquoi s’arrêter à mi-chemin ? Nous sommes prêts à montrer ce que signifieraient de véritables décommunisations pour l’Ukraine.

Pour en revenir à l’histoire, je voudrais répéter que l’Union soviétique a été créée à la place de l’ancien Empire russe en 1922. Mais la pratique a montré immédiatement qu’il était impossible de préserver ou de gouverner un territoire aussi vaste et complexe sur les principes amorphes qui équivalaient à la confédération. Ils étaient très éloignés de la réalité et de la tradition historique.

Il est logique que la Terreur rouge et un glissement rapide vers la dictature de Staline, la domination de l’idéologie communiste et le monopole du Parti communiste sur le pouvoir, la nationalisation et l’économie planifiée –tout cela a transformé les principes de gouvernement formellement déclarés mais inefficaces en une simple déclaration. En réalité, les républiques fédérées n’avaient aucun droit souverain, aucun. Le résultat pratique a été la création d’un État étroitement centralisé et absolument unitaire.

En fait, les principes de gouvernement que Staline a pleinement mis en œuvre n’étaient pas ceux de Lénine mais les siens propres. Mais il n’a pas apporté les modifications qui s’ensuivaient aux documents fondamentaux, à la Constitution, et il n’a pas formellement révisé les principes de Lénine qui sous-tendent l’Union soviétique. À première vue, cela ne semblait pas nécessaire, car tout semblait bien fonctionner dans les conditions du régime totalitaire et, extérieurement, cela avait l’air merveilleux, attrayant et même super-démocratique.

Et pourtant, il est bien dommage que les fondements structurels et formellement légaux de notre État n’aient pas été promptement nettoyés des fantasmes odieux et utopiques inspirés par la révolution, qui sont absolument destructeurs pour tout État normal. Comme cela arrivait souvent dans notre pays auparavant, personne ne pensait à l’avenir.

Il semble que les dirigeants du Parti communiste étaient convaincus qu’ils avaient créé un système de gouvernement solide et que leur politique avait définitivement réglé la question ethnique. Mais la manipulation, les idées fausses et la falsification de l’opinion publique ont un coût élevé. Le virus des ambitions nationalistes est toujours avec nous, et la mine posée au stade initial pour détruire l’immunité de l’État contre la maladie du nationalisme faisait tic tac. Comme je l’ai déjà dit, la mine était le droit de sécession de l’Union soviétique.

Au milieu des années 1980, les problèmes socio-économiques croissants et la crise apparente de l’économie planifiée ont aggravé la question ethnique, qui ne reposait fondamentalement pas sur des attentes ou des rêves non réalisés des peuples soviétiques, mais principalement sur les appétits croissants des élites locales.

Cependant, au lieu d’analyser la situation, de prendre les mesures appropriées, d’abord sur le plan économique, et de transformer progressivement le système politique et le gouvernement de manière réfléchie et équilibrée, la direction du Parti communiste n’a fait que se livrer à un double discours ouvert sur la relance du Principe léniniste de l’autodétermination nationale.

De plus, au cours de la lutte pour le pouvoir au sein du Parti communiste lui-même, chacun des camps opposés, dans le but d’élargir sa base de soutien, a commencé à inciter et à encourager sans réfléchir les sentiments nationalistes, les manipulant et promettant à ses partisans potentiels tout ce qu’ils souhaitaient. Sur fond de rhétorique superficielle et populiste sur la démocratie et un avenir radieux fondé soit sur une économie de marché soit sur une économie planifiée, mais sur fond d’un véritable appauvrissement des populations et de pénuries généralisées, personne au pouvoir ne pensait aux conséquences tragiques inévitables pour le pays.

Ensuite, ils s’engagèrent entièrement sur la voie battue à la naissance de l’URSS et se plièrent aux ambitions des élites nationalistes nourries dans les rangs de leur propre parti. Mais ce faisant, ils ont oublié que le PCUS n’avait plus –Dieu merci– les outils pour conserver le pouvoir et le pays lui-même, des outils tels que la terreur d’État et une dictature de type stalinienne, et que le rôle notoire du parti comme guide était en train de disparaître sans laisser de trace, comme une brume matinale, juste devant leurs yeux.

Puis la session plénière de septembre 1989 du Comité central du PCUS a approuvé un document vraiment fatal, la soi-disant politique ethnique du parti dans les conditions modernes, la plate-forme du PCUS. Il comportait les dispositions suivantes, je cite : « Les républiques de l’URSS possèderont tous les droits propres à leur statut d’États socialistes souverains. »

Le point suivant : « Les organes représentatifs suprêmes du pouvoir des républiques de l’URSS peuvent contester et suspendre l’application des résolutions et directives du gouvernement de l’URSS sur leur territoire. »

Et enfin : « Chaque république de l’URSS aura sa propre citoyenneté, qui s’appliquera à tous ses résidents. »

N’était-il pas clair à quoi mèneraient ces formules et ces décisions ?

Ce n’est ni le moment ni le lieu d’aborder des questions relatives au droit étatique ou constitutionnel, ou de définir le concept de citoyenneté. Mais on peut se demander : pourquoi était-il nécessaire de secouer encore plus le pays dans cette situation déjà compliquée ? Les faits demeurent.

Même deux ans avant l’effondrement de l’URSS, son sort était en fait prédéterminé. Aujourd’hui, les radicaux et les nationalistes, y compris et principalement ceux d’Ukraine, s’attribuent le mérite d’avoir obtenu l’indépendance. Comme nous pouvons le voir, c’est absolument faux. La désintégration de notre pays uni a été provoquée par les erreurs historiques et stratégiques des dirigeants bolcheviks et de la direction du PCUS, erreurs commises à différents moments dans la construction de l’État et dans les politiques économiques et ethniques. L’effondrement de la Russie historique connue sous le nom d’URSS est sur leur conscience.

Malgré toutes ces injustices, mensonges et pillage pur et simple de la Russie, c’est notre peuple qui a accepté la nouvelle réalité géopolitique qui a pris forme après la dissolution de l’URSS et a reconnu les nouveaux États indépendants. Non seulement la Russie a reconnu ces pays, mais elle a aidé ses partenaires de la CEI, même si elle était elle-même confrontée à une situation très grave. Cela comprenait nos collègues ukrainiens, qui se sont tournés vers nous pour obtenir un soutien financier à de nombreuses reprises dès le moment où ils ont déclaré leur indépendance. Notre pays a fourni cette assistance dans le respect de la dignité et de la souveraineté de l’Ukraine.

Selon des évaluations d’experts, confirmées par un simple calcul de nos prix de l’énergie, des prêts subventionnés que la Russie a accordés à l’Ukraine ainsi que des préférences économiques et commerciales, le bénéfice global pour le budget ukrainien au cours de la période de 1991 à 2013 s’est élevé à 250 milliards de dollars.

Cependant, il y avait plus que cela. À la fin de 1991, l’URSS devait quelque 100 milliards de dollars à d’autres pays et à des fonds internationaux. Au départ, il y avait cette idée que toutes les anciennes républiques soviétiques rembourseraient ces emprunts ensemble, dans un esprit de solidarité et proportionnellement à leur potentiel économique. Cependant, la Russie s’est engagée à rembourser toutes les dettes soviétiques et a tenu cette promesse en achevant ce processus en 2017.

En échange de cela, les États nouvellement indépendants devaient céder à la Russie une partie des avoirs extérieurs soviétiques. Un accord à cet effet a été conclu avec l’Ukraine en décembre 1994. Cependant, Kiev n’a pas ratifié ces accords et a ensuite simplement refusé de les honorer en exigeant une part du Trésor du diamant, des réserves d’or, ainsi que des biens de l’ex-URSS et d’autres biens. actifs à l’étranger.

Néanmoins, malgré tous ces défis, la Russie a toujours travaillé avec l’Ukraine de manière ouverte et honnête et, comme je l’ai déjà dit, dans le respect de ses intérêts. Nous avons développé nos liens dans de multiples domaines. Ainsi, en 2011, le commerce bilatéral a dépassé 50 milliards de dollars. Permettez-moi de noter qu’en 2019, c’est-à-dire avant la pandémie, le commerce de l’Ukraine avec tous les pays de l’UE réunis était inférieur à cet indicateur.

Dans le même temps, il est frappant de constater que les autorités ukrainiennes ont toujours préféré traiter avec la Russie d’une manière qui garantisse qu’elles jouissent de tous les droits et privilèges tout en restant libres de toute obligation.

Les responsables de Kiev ont remplacé le partenariat par une attitude parasitaire agissant parfois de manière extrêmement effrontée. Qu’il suffise de rappeler le chantage continu sur les transits d’énergie et le fait qu’ils volaient littéralement du gaz.

Je peux ajouter que Kiev a essayé d’utiliser le dialogue avec la Russie comme monnaie d’échange dans ses relations avec l’Occident, utilisant la menace de liens plus étroits avec la Russie pour faire chanter l’Occident afin d’obtenir des préférences, en affirmant que sinon, la Russie aurait une plus grande influence en Ukraine.

Dans le même temps, les autorités ukrainiennes –je voudrais le souligner– ont commencé par construire leur État sur la négation de tout ce qui nous unissait, essayant de déformer la mentalité et la mémoire historique de millions de personnes, de générations entières vivant en Ukraine. Il n’est pas surprenant que la société ukrainienne ait été confrontée à la montée du nationalisme d’extrême droite, qui s’est rapidement transformé en russophobie agressive et en néonazisme. Cela a abouti à la participation de nationalistes ukrainiens et de néonazis aux actions des groupes terroristes du Caucase du Nord et aux revendications territoriales de plus en plus fortes sur la Russie.

Un rôle a été joué à cet égard par des forces extérieures, qui ont utilisé un réseau ramifié d’ONG et de services spéciaux pour nourrir leurs clients en Ukraine et de faire parvenir leurs représentants au pouvoir.

Il convient de noter que l’Ukraine n’a en fait jamais eu de traditions stables d’État réel. Et, par conséquent, en 1991, l’Ukraine a opté pour l’émulation aveugle de modèles étrangers, qui n’ont aucun rapport avec l’histoire ou les réalités ukrainiennes. Les institutions gouvernementales politiques ont été réajustées à plusieurs reprises aux clans en croissance rapide et à leurs intérêts égoïstes, qui n’avaient rien à voir avec les intérêts du peuple ukrainien.

Essentiellement, le soi-disant choix civilisationnel pro-occidental fait par les autorités oligarchiques ukrainiennes n’était pas et n’est pas destiné à créer de meilleures conditions dans l’intérêt du bien-être des gens, mais à garder les milliards de dollars que les oligarques ont volés aux Ukrainiens et détiennent dans leurs comptes dans les banques occidentales, tout en accueillant avec révérence les rivaux géopolitiques de la Russie.

Certains groupes industriels et financiers ainsi que les partis et hommes politiques à leur solde se sont appuyés dès le départ sur les nationalistes et les radicaux. D’autres se sont déclarés favorables aux bonnes relations avec la Russie et à la diversité culturelle et linguistique, accédant au pouvoir avec l’aide de leurs citoyens qui soutenaient sincèrement leurs aspirations déclarées, y compris les millions de personnes dans les régions du sud-est. Mais après avoir obtenu les postes qu’ils convoitaient, ces gens ont immédiatement trahi leurs électeurs, revenant sur leurs promesses électorales et menant à la place une politique impulsée par les radicaux et persécutant même parfois leurs anciens alliés –les organisations publiques qui soutenaient le bilinguisme et la coopération avec la Russie. Ces personnes ont profité du fait que leurs électeurs étaient pour la plupart des citoyens respectueux des lois, aux opinions modérées, qui faisaient confiance aux autorités et que, contrairement aux radicaux, ils n’agiraient pas de manière agressive ou n’utiliseraient pas d’instruments illégaux.

Pendant ce temps, les radicaux sont devenus de plus en plus effrontés dans leurs actions et ont formulé plus d’exigences chaque année. Ils ont trouvé facile d’imposer leur volonté aux autorités faibles, qui étaient également infectées par le virus du nationalisme et de la corruption et qui ont astucieusement remplacé les véritables intérêts culturels, économiques et sociaux du peuple et la véritable souveraineté de l’Ukraine par diverses spéculations ethniques et attributs ethniques formels.

Un État stable ne s’est jamais développé en Ukraine ; ses procédures électorales et autres procédures politiques ne servent que de couverture, de paravent pour la redistribution du pouvoir et des biens entre divers clans oligarchiques.

La corruption, qui est certainement un défi et un problème pour de nombreux pays, dont la Russie, a dépassé le cadre habituel en Ukraine. Elle a littéralement imprégné et corrodé l’État ukrainien, l’ensemble du système et toutes les branches du pouvoir.

Les nationalistes radicaux ont profité du mécontentement public justifié et ont accaparé la manifestation de Maïdan, l’amenant à un coup d’État en 2014. Ils ont également bénéficié d’une aide directe d’États étrangers. Selon des informations, l’ambassade des États-Unis a fourni 1 million de dollars par jour pour soutenir le soi-disant camp de protestation sur la place de l’Indépendance à Kiev. De plus, des sommes importantes ont été impudemment transférées directement sur les comptes bancaires des dirigeants de l’opposition, des dizaines de millions de dollars. Mais les personnes qui ont réellement souffert, les familles de ceux qui sont morts dans les affrontements provoqués dans les rues et les places de Kiev et d’autres villes, combien ont-ils finalement touché ? Mieux vaut ne pas poser la question.

Les nationalistes qui ont pris le pouvoir ont déclenché une persécution, une véritable campagne de terreur contre ceux qui s’opposaient à leurs actions anticonstitutionnelles. Des politiciens, des journalistes et des militants publics ont été harcelés et publiquement humiliés. Une vague de violence a balayé les villes ukrainiennes, y compris une série de meurtres très médiatisés et impunis. On frémit au souvenir de la terrible tragédie d’Odessa, où des manifestants pacifiques ont été brutalement assassinés, brûlés vifs dans la Maison des syndicats. Les criminels qui ont commis cette atrocité n’ont jamais été punis et personne ne les recherche même. Mais nous connaissons leurs noms et nous ferons tout pour les punir, les retrouver et les traduire en justice.

Maïdan n’a pas rapproché l’Ukraine de la démocratie et du progrès. Après avoir accompli un coup d’État, les nationalistes et les forces politiques qui les soutenaient ont finalement conduit l’Ukraine dans une impasse, plongé le pays dans l’abîme de la guerre civile. Huit ans plus tard, le pays est divisé. L’Ukraine est aux prises avec une crise socio-économique aiguë.

Selon les organisations internationales, en 2019, près de 6 millions d’Ukrainiens –je le souligne–, environ 15 %, non pas de la main-d’œuvre, mais de l’ensemble de la population de ce pays, a dû partir à l’étranger pour trouver du travail. La plupart d’entre eux font des petits boulots. Le fait suivant est également révélateur : depuis 2020, plus de 60 000 médecins et autres agents de santé ont quitté le pays au milieu de la pandémie.

Depuis 2014, les factures d’eau ont augmenté de près d’un tiers et les factures d’énergie ont augmenté  plusieurs fois, tandis que le prix du gaz pour les ménages a bondi plusieurs dizaines de fois. Beaucoup de gens n’ont tout simplement pas l’argent pour payer les services publics. Ils luttent littéralement pour survivre.

Qu’est-il arrivé ? Pourquoi tout cela se passe-t-il ? La réponse est évidente. Ils ont dépensé et détourné l’héritage non seulement de l’ère soviétique, mais aussi de l’Empire russe. Ils ont perdu des dizaines, des centaines de milliers d’emplois qui permettaient aux gens de gagner un revenu fiable et de générer des recettes fiscales, entre autres grâce à une coopération étroite avec la Russie. Des secteurs tels que la construction de machines, l’ingénierie des instruments, l’électronique, la construction navale et aéronautique ont été minés ou complètement détruits. Il fut un temps, cependant, où non seulement l’Ukraine, mais toute l’Union soviétique était fière de ces entreprises.

En 2021, le chantier naval de la mer Noire à Nikolayev a cessé ses activités. Ses premiers quais remontent à Catherine II. Le célèbre constructeur Antonov n’a plus fabriqué un seul avion commercial depuis 2016, tandis que Yuzhmash, une usine spécialisée dans les missiles et les équipements spatiaux, est au bord de la faillite. L’aciérie de Krementchoug est dans une situation similaire. Cette triste liste s’allonge encore et encore.

Quant au système de transport du gaz, il a été entièrement construit par l’Union soviétique et il s’est aujourd’hui tellement détérioré que son utilisation présente des risques majeurs et un coût élevé pour l’environnement.

Cette situation soulève la question : pauvreté, manque d’opportunités et perte de potentiel industriel et technologique –est-ce le choix civilisationnel pro-occidental qu’ils utilisent depuis de nombreuses années pour tromper des millions de personnes avec des promesses de pâturages paradisiaques ?

Tout se résumait à une économie ukrainienne en lambeaux et à un pillage pur et simple des citoyens du pays, tandis que l’Ukraine elle-même était placée sous contrôle externe, dirigée non seulement depuis les capitales occidentales, mais aussi sur le terrain, comme on dit, à travers tout un réseau de conseillers étrangers, d’ONG et d’autres institutions présentes en Ukraine. Ils ont une incidence directe sur toutes les nominations et révocations clés et sur toutes les branches du pouvoir à tous les niveaux, du gouvernement central aux municipalités, ainsi que sur les entreprises et sociétés publiques, y compris Naftogaz, Ukrenergo, Ukrainian Railways, Ukroboronprom, Ukrposhta et l’Autorité ukrainienne des ports maritimes. […]

[La suite du discours n’a pas encore été traduite en anglais sur le site du Kremlin, et sera publiée ici dès qu’elle sera disponible]

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…

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