Par Karine Bechet-Golovko

La Hongrie a cédé, pour la deuxième fois en quelques semaines. Elle a soutenu l’aide militaire à l’Ukraine, comme elle n’a pas empêché la déclaration d’une future intégration de l’Ukraine dans l’Europe, en sortant docilement au moment du vote. Et elle, la Hongrie, ne pouvait pas faire autrement. Quelles que soient les déclarations de son Président, tant que la Hongrie est dans l’UE, elle ne peut être souveraine. Par définition. A un moment donné, il faut faire le choix de la soumission et de la colonisation ou celui de la liberté et de la souveraineté. La Hongrie a fait le sien et, sans surprise, vient de rejoindre la grande famille des pays autrefois européens.

Hier, les responsables européens se sont félicités du résultat positif de la pression – toute démocratique – déployée avec force ces derniers temps, pour arriver à une belle unanimité, sinon de conviction au moins de reddition : la Hongrie, dernier pays à tenter la souveraineté au sein de l’UE, a déposé les armes et voté l’aide de 50 milliards d’euros à l’Ukraine sur 4 ans. Comme la presse l’a discrètement écrit : le Sommet européen a été organisé justement pour faire tomber Orban. 

Ils fêtent donc leur victoire et la publication du Figaro sur Twitter à ce sujet en dit long :

Oser publier une telle photographie en dit long sur le niveau de culture politique (je n’oserai pas parler de décence ou de morale) des élites dirigeantes. Surtout que, pendant qu’ils adoptent cette décision, les agriculteurs font le siège du Parlement européen et eux, à la différence de la bande de Zelensky, sont accueillis par les forces de l’ordre démocratique globaliste. Pour ceux qui auraient encore pu avoir un doute, l’on voit bien où est la priorité de ces institutions.

Peu importe, l’organe régional de gestion globale qu’est l’UE a fait son travail et a bien mérité un coup de fil du patron.

Le président Joe Biden, qui peine à faire adopter une enveloppe supplémentaire d’aide à l’Ukraine par le Congrès américain, a appelé la présidente de la Commission européenne pour remercier l’UE d’avoir validé une assistance de 50 milliards d’euros à Kiev, a indiqué jeudi la Maison Blanche.

La Hongrie tente de garder la tête haute et différentes explications, toutes aussi vide de sens, sont avancées. Ici, elle est rassurée sur l’utilisation des fonds, qui devaient lui être adressées :

« Nous avions peur que les fonds dus aux Hongrois et actuellement gelés par la Commission européenne finissent en Ukraine », a réagi dans une vidéo diffusée sur son compte Facebook Viktor Orban. Or « nous avons reçu la garantie » que ce ne serait pas le cas, a-t-il ajouté sans plus de détails, saluant aussi la mise en place d’un « mécanisme de contrôle » sur l’utilisation de l’argent par Kiev.

Là, Orban aurait obtenu un mécanisme de contrôle annuel. Voyons encore ce qu’il en sera. L’honneur doit rester sauf, en tout cas médiatiquement. Pour le reste, il ne se relève jamais du caniveau. 

Pour faire changer d’avis Viktor Orban, un débat annuel sur l’aide financière versée à l’Ukraine a été avancé, ont indiqué mercredi des responsables européens à la veille d’un sommet extraordinaire. « Il y a une proposition (…) qui est clairement une main tendue à la Hongrie », a indiqué à des journalistes un diplomate européen sous couvert d’anonymat

Il est possible de continuer longtemps dans l’hypocrisie politique et de faire semblant que la position des Etats-membres de l’UE, quand bien même en auraient-ils une, a une quelconque importance. Et tout le monde, dans cette gouvernance globalisée, a besoin de cette hypocrisie. Aussi bien les organes de gouvernance globalisée, comme ici l’UE, qui n’a pas la légitimité pour prendre des décisions allant à l’encontre de l’intérêt national. D’autant plus qu’ainsi, ce sont les élites dirigeantes nationales, qui portent la responsabilité politique de décisions qu’elles ne prennent pas. Mais ces élites ont également besoin de cette illusion : sinon, chacun verrait que le Roi est nu. Et pourquoi faudrait-il alors écouter, financer, entretenir un Roi d’opérette ? Les gens veulent bien y croire, font beaucoup d’effort pour cela, mais il faut jouer le jeu, alors le spectateur joue aussi le sien. Ainsi, faire partie des élites politiques dans un pays, c’est un travail, aussi bien pour ceux qui sont formellement au pouvoir, que pour ceux qui jouent le rôle de l’opposition. Tous ces acteurs, dans le sens direct du terme, sont nécessaires pour faire marcher la machine globaliste. Et ils en vivent très bien, tout en faisant vivre ce système. Ca ne coûte pas cher … c’est la population, qui paie la facture. En fait, elle paie son billet pour le spectacle, il ne dépend que d’elle de le pas le prendre …

Si la Hongrie, comme n’importe quel pays de l’UE, veut réellement être souveraine, elle n’a qu’un seul choix – sortir de cette institution. Tout le reste n’est que de la mise en scène. Elle ne peut pas, comme aucun autre pays d’ailleurs, ni bloquer, ni même influencer la politique globaliste mise en oeuvre par l’UE. Et Macron l’a parfaitement exprimé : le monde globaliste ne peut se permettre une victoire de la Russie en Ukraine, cela lui coûterait trop cher :

« Nous devons être prêts à agir, défendre et soutenir l’Ukraine quoi qu’il se passe », (…) a-t-il insisté dans un discours à l’Académie militaire de Karlberg, estimant que le « coût » d’une victoire russe serait « trop élevé pour nous ».

En réalité, cela coûterait au monde global son existence. Ce qui est en effet un « coût trop élevé » pour les défenseurs du globalisme.

Source : Russie politics
https://russiepolitics.blogspot.com/…