Par Moon of Alabama

Par Moon of Alabama – Le 4 novembre 2022

Le nombre d’électeurs Républicains qui sont contre la guerre en Ukraine ne cesse d’augmenter. En mars, seuls 6 % d’entre eux déclaraient que les États-Unis en faisaient « trop » pour l’Ukraine. Ce chiffre est maintenant de 48 %. Les Républicains du Congrès font pression sur l’administration Biden pour qu’elle protège mieux l’énorme quantité d’armes et d’argent qu’elle envoie à Kiev :

Suite aux inquiétudes du Congrès et aux accusations de la Russie concernant la contrebande d’armes, l’administration Biden a publié jeudi son plan d’action pour s’assurer que les 17 milliards de dollars d’armes qu’elle a envoyés jusqu’à présent à l’Ukraine se retrouvent bien sur le champ de bataille et pas sur le marché noir.

Le 27 octobre, neuf mois après le début de la guerre parrainée par les États-Unis et après l’envoi de 17 milliards de dollars d’armes et de munitions, le département d’État américain a publié un :

Plan américain pour contrer le détournement illicite de certaines armes conventionnelles avancées en Europe de l’Est

Le plan sera un effort de l’ensemble du gouvernement mis en œuvre de manière générale sur trois phases : maintenant jusqu’à l’année fiscale 2023, 2024, et après 2024. Il sera axé sur trois lignes d’effort :

  • Renforcer la capacité des forces de sécurité en Ukraine et dans les États voisins à rendre compte de leurs armes et munitions et à les protéger pendant leur transfert, leur stockage et leur déploiement ;
  • Renforcer la gestion et la sécurité des frontières en Ukraine et dans les États voisins ; et
  • Renforcer la capacité des forces de sécurité, des responsables de l’application des lois et des agences de contrôle des frontières en Ukraine et dans les États voisins à dissuader, détecter et interdire le trafic illicite de certaines armes conventionnelles avancées.

Les mesures de contrôle de l’utilisation finale (EUM), telles qu’elles sont traditionnellement menées par l’État, le ministère de la Défense et le ministère du Commerce, bien que différentes dans leur portée et leurs méthodologies, sont généralement conçues pour atténuer le risque de détournement illicite en temps de paix ou dans des environnements de conflit de faible intensité, car elles reposent normalement sur la présence dans le pays de personnel du gouvernement américain. La conduite de l’EUM dans une zone de guerre active telle que l’Ukraine nécessite des approches différentes, car le conflit rend peu pratique de demander le retour des équipements des lignes de front vers des dépôts ou d’autres endroits où le personnel du gouvernement américain peut les inspecter dans un environnement sécurisé.

Les États-Unis ne peuvent donc pas vraiment rendre compte des armes qu’ils livrent à l’Ukraine, déclare le département d’État, mais ils peuvent apprendre aux Ukrainiens à les compter et à les garder.

Bonne chance pour cela.

Trois jours plus tard, le Pentagone déclarait qu’il avait commencé à faire ce que le département d’État avait qualifié de « peu pratique« .

L’armée américaine effectue désormais des inspections d’armes sur place en Ukraine

Un petit nombre de forces militaires américaines en Ukraine ont récemment commencé à effectuer des inspections sur place pour s’assurer que les troupes ukrainiennes comptabilisent correctement les armes fournies par l’Occident, a déclaré lundi un haut responsable de la défense américaine aux journalistes du Pentagone.

Le responsable, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat pour fournir une mise à jour militaire, n’a pas voulu dire où les inspections ont lieu ni à quel point les troupes américaines se rapprochent des fronts de bataille. Le fonctionnaire a déclaré que le personnel américain ne peut pas faire des inspections « près des lignes de front« , mais a dit qu’ils vont là où les conditions de sécurité le permettent.

Le fonctionnaire a déclaré que plusieurs inspections ont eu lieu, et qu’elles ont été effectuées par l’attaché de défense des États-Unis et l’équipe du Bureau de la coopération de défense des États-Unis qui se trouve à Kiev. Jusqu’à présent, le fonctionnaire a déclaré que les responsables ukrainiens ont été transparents sur la distribution des armes et qu’ils soutiennent les inspections.

Mais le lendemain, on nous dit qu’en réalité, presque aucune inspection n’est effectuée.

Les États-Unis s’efforcent de suivre les armes américaines dans le feu de la guerre en UkraineWaPo / MSN

Les contrôleurs américains n’ont effectué des inspections en personne que pour environ 10 % des 22 000 armes fournies par les États-Unis et envoyées en Ukraine, armes qui nécessitent une surveillance spéciale.

Depuis l’invasion de la fin février, qui a entraîné la fermeture de l’ambassade des États-Unis à Kiev pendant plusieurs mois, les responsables américains n’ont pu effectuer que deux inspections en personne d’articles nécessitant une surveillance renforcée dans des dépôts d’armes où des armes américaines avaient été acheminées depuis la Pologne.

« Le conflit crée des conditions difficiles qui nous oblige à nous adapter rapidement« , a déclaré un haut fonctionnaire du département d’État. « Nous voulons consacrer une partie de ces ressources à la collaboration avec nos alliés et partenaires afin d’atténuer les risques partout où nous le pouvons. »

La bousculade pour adapter les règles de surveillance conçues pour le temps de paix a pris une importance accrue alors que le volume de l’aide américaine atteint des niveaux vertigineux et que l’examen du Congrès s’intensifie.

L’administration Biden tente de mettre en évidence un nouveau renforcement de la surveillance pour tenir compte de toute fuite potentielle du flux important d’armes américaines – en particulier lorsque les Républicains du Congrès expriment des préoccupations croissantes concernant la responsabilité vis-à-vis de l’aide à l’Ukraine et son volume global.

Le lendemain, les choses semblent encore différentes.

Briefing en direct sur l’UkraineWaPo

Le personnel américain basé à l’ambassade de Kiev a inspecté pendant des mois les livraisons d’armes dans des endroits non spécifiés en Ukraine, a déclaré jeudi le Pentagone, dans des sites décrits comme « non proches des lignes de front« . Les inspections étaient des mesures de responsabilité standard, et il n’y a aucune preuve de détournement d’armes à grande échelle, a déclaré le général de brigade Pat Ryder de l’armée de l’air, porte-parole du Pentagone, dans un communiqué. Il n’est pas clair si les États-Unis ont détaillé leur activité à la Russie, qui a déclaré qu’elle considérerait toute activité militaire américaine en Ukraine comme une provocation.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Des inspections ont été effectuées « pendant des mois » mais seulement « deux inspections en personne » ont eu lieu ?

Il est fort probable que tout cela ne soit que de la foutaise. Il est évident que les États-Unis ne sont pas vraiment intéressés par le contrôle de la destination des armes qu’ils livrent. Ils admettent aujourd’hui qu’ils ont des troupes sur le terrain en Ukraine, mais pour la bonne cause. Les soldats envoyés là-bas pour compter les armes, ce qu’ils ne font pas vraiment, ne sont très probablement qu’une couverture pour les véritables forces que les États-Unis déploient sur place :

Très innocemment, l’administration Biden a  » sensibilisé  » l’opinion mondiale au fait que des troupes américaines sont bel et bien présentes sur le sol ukrainien, dans le voisinage immédiat de la Russie. Washington fait un « atterrissage en douceur« , un haut responsable du Pentagone, sous couvert d’anonymat, ayant fait cette révélation à Associated Press et au Washington Post.

Le responsable a expliqué ingénument que les troupes américaines « ont récemment commencé à effectuer des inspections sur place pour s’assurer » que l’Ukraine « comptabilise correctement » les armes occidentales qu’elle a reçues. Il a affirmé que cela faisait partie d’une campagne américaine plus large, annoncée la semaine dernière par le département d’État, « destinée à s’assurer que les armes fournies à l’Ukraine ne finissent pas dans les mains des troupes russes, de leurs mandataires ou d’autres groupes extrémistes. »

En fait, le président Biden ne tient pas sa promesse de ne pas envoyer de troupes en Ukraine, quelles que soient les circonstances.

Les États-Unis font monter la température qui, en fin de compte, fera bouillir la proverbiale grenouille. La grenouille étant ici les dirigeants russes ainsi que l’opinion publique américaine. Elle a augmenté, lentement, la qualité et le nombre de systèmes d’armes qu’elle livre à l’Ukraine. Elle a aussi silencieusement placé de plus en plus de ses propres soldats dans le pays. Elle commence maintenant à le dire ouvertement.

L’administration Biden s’achemine vers une guerre totale contre la Russie :

En clair, consciemment ou inconsciemment, les États-Unis montent dans l’échelle de l’escalade. Jusqu’à présent, l’intervention américaine consistait à déployer des conseillers militaires auprès du commandement militaire ukrainien, à fournir des renseignements en temps réel, à planifier et à exécuter des opérations contre les forces russes et à laisser des mercenaires américains se charger des combats, sans compter la fourniture régulière d’armes d’une valeur de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

La différence qualitative réside désormais dans le fait que la guerre par procuration pourrait se transformer en une guerre chaude entre l’OTAN et la Russie. Le ministre russe de la défense, Sergey Shoigu, a déclaré aujourd’hui, lors d’une réunion conjointe des ministères de la défense russe et biélorusse, que le nombre de forces de l’OTAN en Europe centrale et orientale avait été multiplié par deux et demi depuis février et qu’il pourrait encore augmenter dans un avenir proche.

Le colonel Douglas Macgregor, qui a toujours ses relations au Pentagone, met en garde contre cette dérive vers la guerre :

Aujourd’hui, la Maison Blanche de Biden semble envisager l’utilisation d’une force multinationale visant la Russie. L’alliance de l’OTAN est incapable de prendre une décision unanime pour intervenir militairement en soutien à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Mais comme l’a récemment indiqué [article en francais, NdT] David Petraeus, le président et ses généraux évaluent leur propre « coalition de volontaires« . Cette coalition serait composée principalement, mais pas exclusivement, de forces polonaises et roumaines, avec l’armée américaine en son centre, pour être employée en Ukraine.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, insiste sur le fait que l’échec de l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie serait interprété comme une défaite de l’OTAN. De lourdes pertes infligées aux forces terrestres américaines dans une confrontation avec la puissance militaire russe ne signaleraient-elles pas également la défaite de Washington ? Avec quelle rapidité les forces américaines et alliées pourraient-elles remplacer leurs pertes ? De graves pertes américaines feraient-elles planer le spectre d’une réponse nucléaire américaine ? Quand le soutien à l’Ukraine met-il en danger la sécurité et la survie de l’OTAN ?

Dans son combat contre la Russie, Bonaparte a non seulement mal jugé son adversaire, mais il a aussi grossièrement mal jugé ses alliés. Le président Biden et ses généraux ne doivent pas commettre les mêmes erreurs en Ukraine.

Alors que les États-Unis s’impliquent de plus en plus dans la guerre, les Britanniques font de même. Ils ont comploté pour faire sauter le pont de Kerch, ont aidé à la destruction des pipelines Nord Stream et ont construit une armée secrète terroriste en Ukraine. Le nombre de ses troupes spéciales déployées en Ukraine n’est pas connu publiquement. Mais nous pouvons être sûrs que certains le sont, probablement à des fins de « formation« .

Cette tendance à s’impliquer davantage peut facilement conduire à une guerre catastrophique entre les deux superpuissances. Le mieux que la Russie puisse faire pour éviter cela est d’accélérer ses opérations en Ukraine. Une défaite rapide et décisive de l’armée ukrainienne est le seul moyen d’empêcher une implication plus profonde des États-Unis.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Source : Le Saker francophone
https://lesakerfrancophone.fr/…

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