Par Karine Bechet-Golovko

Alors que l’armée ukrainienne continue à attaquer chaque jour les populations du Donbass, le discours atlantiste est totalement orienté vers une « possible / certaine » intervention militaire de la Russie très prochainement. L’absence totale de volonté des élites dirigeantes russes d’intervenir militairement dans le Donbass est telle, que cette affirmation pourrait faire sourire, si elle ne cachait une envie de reprendre par la force un territoire, qui serait sans défense réelle. Mais la Russie n’interviendrait-elle vraiment pas ? Finalement, là est tout l’enjeu de cette escalade verbale.

Depuis quelque temps, les médias et politiques atlantistes ne cessent d’accuser la Russie de grouper des troupes (en Russie) et de l’artillerie à la frontière ukrainienne pour l’attaquer. L’Europe et l’Ukraine, selon Washington, doivent trembler de peur … L’OTAN a ici joué son rôle et son éternel Secrétaire général appelait la Russie à plus de transparence sur ses mouvements de troupes, la mettant en garde contre toute « nouvelle action agressive ». Les dirigeants « du Monde libre » ne peuvent s’empêcher d’une petite tirade :

« le premier ministre britannique Boris Johnson a mis en garde Moscou mercredi contre l’« erreur tragique » que constituerait tout « aventurisme militaire » aux frontières d’Ukraine et de Pologne et dont le coût « serait énorme ». »

Ainsi, ces dernières 24 heures, l’on apprend que les services de renseignement ukrainien, alignés sur le renseignement américain, dévoilent que fin janvier – maximum début février, la Russie attaque l’Ukraine. Croix d’bois, croix d’fer … Quelle surprise, cette vision unique …

Pour l’instant, c’est surtout une intensification du discours qui est notable, comme l’illustre parfaitement cet extrait du texte publié sur de Radio Liberty, médias d’influence américain :

« Le Kremlin a répondu durement le 21 novembre au secrétaire d’État américain Antony Blinken, déclarant un jour plus tôt que Washington et l’Europe avaient de « réelles inquiétudes » au sujet des mouvements militaires russes près de la frontière ukrainienne et au sujet de « certaines des rhétoriques que nous avons vues et entendues de la Russie, ainsi que sur les réseaux sociaux. ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que l’Occident exacerbait « artificiellement » les tensions en suggérant que Moscou pourrait envahir l’Ukraine (…). Peskov, dans des commentaires diffusés à la télévision d’État, a qualifié la réponse occidentale d' »hystérie » qui a été « artificiellement attisée ». Faisant apparemment allusion aux opérations légales de l’OTAN en mer Noire, Peskov a ajouté que « nous sommes accusés d’une sorte d’activité militaire inhabituelle sur notre territoire par ceux qui ont fait venir leurs forces armées d’outre-mer ». »

Une autre sortie étonnance est celle de l’utilisation, qui vient juste d’être revendiquée par l’Ukraine, du système américain Javelin – contre l’armée russe dans le Donbass … Je cite :

« Les systèmes AN/TPQ-53 ont été utilisés à bon escient, ont déclaré des responsables militaires ukrainiens au Military Times. Budanov a déclaré que les systèmes Javenlin ont également été utilisés contre les forces russes. Ceux-ci, ainsi que les drones de fabrication turque, utilisés contre les troupes d’artillerie séparatistes alignées sur la Russie, ont une valeur de dissuasion psychologique importante, a déclaré Budanov, incitant les Russes à réfléchir à deux fois avant d’attaquer. »

La question de la position réelle de la Russie est fondamentale, car les armes sont dissuasives, lorsque votre adversaire est certain qu’en cas de conflit, vous allez les utiliser contre lui. Cette escalade verbale est pour l’instant une sorte de test politique, pour voir quelle sera la réaction de la Russie.

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…