Le premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou, à droite, accueille le président de la France, Emmanuel Macron, avant leurs pourparlers à Jérusalem, le mardi 24 octobre 2023.

Par Alex Lantier

Mardi, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Israël pour se solidariser effrontément avec la guerre génocidaire que l’État israélien mène contre les Palestiniens de Gaza. Lors de sa conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, il a promis ouvertement le soutien militaire de la France au gouvernement de Netanyahou.

Au moment où Macron s’exprimait, plus de 7.000 Palestiniens avaient été tués et un quart des bâtiments de Gaza avaient été rasés, les Forces de défense israéliennes (FDI) menant une guerre génocidaire contre les Palestiniens pour les punir de leur soulèvement des 6 et 7 octobre contre le blocus israélien illégal de la bande de Gaza, qui dure depuis 16 ans. Après des entretiens à huis clos avec Netanyahou, Macron s’est présenté devant les caméras pour promettre sa «solidarité et son amitié» à cet assaut sanglant.

Macron a ensuite appelé à impliquer la France et ses alliés de l’OTAN dans une escalade massive à travers le Moyen-Orient. Il a proposé que la «coalition internationale contre l’État islamique, que nous avons utilisée pour nos opérations en Irak et en Syrie, combatte aussi le Hamas». Il a averti le Hezbollah au Liban, le régime iranien et les milices Houthies au Yémen que s’ils tentaient des opérations de soutien à Gaza, cela conduirait à une «conflagration régionale».

Ce que Macron proposait, c’était une guerre néocoloniale menée par une coalition de toutes les grandes puissances impérialistes de l’OTAN, non seulement à Gaza, mais dans tout le Moyen-Orient. Les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, la Turquie, le Canada, l’Australie et le Danemark ont tous rejoint cette coalition. Celle-ci a bombardé des villes, des cibles civiles et des unités de la milice État islamique (EI) dans le cadre de la guerre de l’OTAN pour un changement de régime en Syrie, et pour protéger le régime néocolonial irakien fantoche mis en place lors de l’occupation de l’Irak par les États-Unis entre 2003 et 2011.

Les remarques totalement imprudentes de Macron reviennent à promettre que l’OTAN se joindrait à une guerre à grande échelle dans l’ensemble du Moyen-Orient. L’OTAN étant déjà en guerre avec la Russie en Ukraine, cela pourrait rapidement déclencher un affrontement militaire direct à l’échelle mondiale entre l’alliance de l’OTAN, d’une part, et l’Iran, la Russie et la Chine, d’autre part.

Pendant que Macron s’exprimait, les échanges de tirs entre les forces du Hezbollah au Liban et les troupes de Tsahal dans le nord d’Israël se multipliaient, et des villages des deux côtés de la frontière étaient en cours d’évacuation. Le commandant en second du Hezbollah, Naim Qassem, a déclaré qu’ils étaient «totalement prêts» et qu’ils ne se laisseraient pas intimider par les menaces du gouvernement américain, qui a envoyé deux groupes de combat de porte-avions dans la région. Les FDI ont également lancé des frappes aériennes sur des cibles en Syrie, où se trouvent des forces militaires russes et iraniennes.

La semaine dernière, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a averti qu’une escalade continue de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza pourrait provoquer l’entrée en guerre d’autres pays du Moyen-Orient. Il a déclaré: «Si les crimes du régime sioniste [israélien] se poursuivent, les musulmans et les forces de résistance deviendront impatients, et personne ne pourra les arrêter… Le bombardement de Gaza doit cesser immédiatement».

Mardi, aux Nations unies, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a promis que les forces américaines interviendraient «rapidement et de manière décisive» contre toute action militaire iranienne qui viserait à soutenir le Hamas. Des responsables américains, dont le sénateur Lindsay Graham, ont menacé l’industrie pétrolière iranienne de frappes aériennes. Cela soulève directement la perspective d’un conflit entre l’OTAN, la Russie et la Chine, qui a signé en 2021 un traité d’assistance militaire mutuelle avec l’Iran, devenu une source essentielle de pétrole et de gaz pour la Chine.

Lors de la conférence de presse avec Macron, Netanyahou a menacé de mener une guerre contre un «axe du mal» qui implique «le Hamas, l’Iran et les Houthis» ainsi que le Hezbollah. Affirmant qu’il y aurait des «conséquences horribles» et que «la dévastation du Hezbollah sera inimaginable» s’il intervenait contre une invasion terrestre de Gaza par les FDI, il a indiqué que les FDI provoqueraient des pertes civiles massives au Liban: «Parce que (le Hezbollah) se fond dans la population civile comme le Hamas, nous devrons intervenir contre eux».

Le gouvernement Macron et les puissances impérialistes de l’OTAN dans leur ensemble soutiennent une guerre menée avec des méthodes génocidaires de châtiment collectif contre les populations de l’ensemble du Proche-Orient. C’est l’aboutissement de plus de 30 ans de guerres néocoloniales menées dans la région par les puissances de l’OTAN, depuis la première guerre du Golfe contre l’Irak et la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991. L’agression incessante menée par les puissances impérialistes de l’OTAN plonge le monde dans une troisième guerre mondiale, après les deux guerres mondiales du XXe siècle.

Macron a menti sans vergogne, présentant le soutien de son gouvernement et de l’alliance de l’OTAN à l’escalade militaire au Moyen-Orient comme une guerre pour la démocratie contre le terrorisme. Il a déclaré: «La lutte doit être menée sans pitié, mais pas sans règles. Nous sommes des démocraties qui font la guerre aux terroristes, des démocraties qui respectent les lois de la guerre et qui garantissent l’accès humanitaire. Nous sommes des démocraties qui ne prennent pas les civils pour cible, que ce soit à Gaza ou ailleurs».

Tout en prônant une «réponse militaire et implacable» contre Gaza, Macron a affirmé vouloir une «relance décisive d’un processus politique avec les Palestiniens» afin d’accorder au peuple palestinien «un territoire et un État».

En réalité, Macron a applaudi une guerre menée contre la population opprimée et largement sans défense de Gaza, impliquant les forces de défense israéliennes dans une série de crimes contre l’humanité. Israël bloque la bande de Gaza depuis 2007, au mépris des décisions de l’ONU déclarant son blocus illégal, et, au cours des deux premières semaines du conflit, il a bloqué l’approvisionnement en eau, en nourriture et en carburant de l’enclave appauvrie. Le bombardement israélien de l’hôpital Al-Ahli la semaine dernière, qui a coûté la vie à des centaines de civils, met en évidence le caractère barbare de la guerre contre Gaza.

Mardi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que les deux tiers des 72 établissements de santé de Gaza, dont 12 des 35 hôpitaux, avaient complètement cessé leurs activités en raison d’un manque d’électricité. La plupart des établissements restants, y compris les hôpitaux où les bébés prématurés mourront si l’électricité est coupée pour leurs couveuses, n’ont plus qu’une journée d’électricité.

Macron lui-même a brièvement reconnu cette réalité, affirmant que lui et Netanyahou «ont parlé pendant longtemps […] du rétablissement de l’alimentation électrique dans les hôpitaux, sans qu’il soit possible de l’utiliser pour faire la guerre».

De telles déclarations ne font cependant que montrer clairement que le gouvernement français est parfaitement conscient, alors qu’il soutient Netanyahou, qu’il fait la guerre à des civils et commet des crimes contre l’humanité. Alors que Macron insiste sur le fait que Tsahal respecte les lois de la guerre et accorde un accès humanitaire à Gaza, il ment en fait délibérément au peuple de la France et du monde entier.

L’affirmation de Macron selon laquelle il recherche une paix israélo-palestinienne en soutenant Netanyahou – qui a ordonné illégalement à plus de 1,1 million d’habitants de Gaza de fuir leur maison – est obscène. En réalité, il défend une tentative de «résoudre» la question palestinienne par des méthodes de génocide et de nettoyage ethnique que les gouvernements fascistes de l’Europe du XXe siècle auraient facilement comprises.

Cette situation a provoqué une vague de manifestations à travers les États-Unis, l’Europe, le Moyen-Orient et le monde entier contre la guerre de Gaza. L’arrêt de l’horrible assaut contre Gaza et la prévention de la spirale descendante des puissances impérialistes vers la Troisième Guerre mondiale nécessitent la mobilisation de la classe ouvrière internationale dans une lutte contre la guerre impérialiste et le système capitaliste.

À cet égard, il ne peut y avoir de compromis politique avec Macron, un banquier largement méprisé et reconnu en tant que «président des riches». Comme il l’a révélé en envoyant sa police antiémeute à l’assaut des manifestations de masse et des grèves contre ses coupes massivement impopulaires dans les retraites ce printemps, le gouvernement Macron gouverne ouvertement et consciemment contre le peuple. Pour mettre fin au détournement constant de la richesse sociale vers les dépenses de guerre et arrêter une guerre mondiale catastrophique, il n’y a pas d’autre moyen que de construire un mouvement dans la classe ouvrière pour faire tomber son gouvernement.

(Article paru en anglais le 25 octobre 2023)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…