Des soldats américains patrouillent dans une zone de Syrie, le 12 janvier 2021 (image d’illustration).
© Delil SOULEIMAN Source: AFP

Par RT France

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Le New York Times a publié une enquête sur les frappes aériennes menées depuis 2014 par l’armée américaine en Afghanistan, Irak et Syrie, pointant des «renseignements défaillants» et la mort de milliers de civils en raison d’erreurs d’identification.

L’armée américaine a fortement minimisé le nombre de civils morts à cause de ses «frappes de précision» en Syrie, en Afghanistan et en Irak, tout en omettant les renseignements à ce sujet, selon une enquête du New York Times publiée le 18 décembre. «La guerre aérienne américaine a été marquée par des renseignements défaillants, des tirs de missiles hâtifs et imprécis, et la mort de milliers de civils, dont de nombreux enfants», écrit le quotidien, qui précise que «pas un seul rapport ne conclut à une faute ou une sanction disciplinaire».

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L’enquête s’appuie sur plus de 1 311 rapports d’évaluation concernant des incidents ayant fait des victimes civiles qui étaient auparavant tenus secrets par le Pentagone, et ont été obtenus par le quotidien américain dans le cadre de la loi sur la transparence dans les administrations (FOIA). Le journal, qui a vérifié les informations officielles sur plus de 100 sites bombardés, explique que l’armée américaine a souvent rejeté les renseignements faisant état de victimes civiles, les considérant comme non crédibles.

En cinq ans, l’armée américaine a mené plus de 50 000 frappes aériennes en Afghanistan, Syrie et Irak, admettant avoir accidentellement tué 1 417 civils dans des frappes aériennes en Syrie et Irak depuis 2014, tandis qu’en Afghanistan, le chiffre officiel est de 188 civils tués depuis 2018. Aucune des enquêtes menées par le Pentagone n’a abouti à des sanctions pour les responsables, et une seule «violation possible» dans la planification d’une frappe aérienne a été identifiée par la Défense américaine.

L’enquête a également révélé que les troupes américaines avaient tendance à s’appuyer sur des renseignements «incorrects ou incomplets» pour frapper des cibles terroristes, tuant parfois des dizaines de civils à la place. La faute, selon les documents, à un «biais de confirmation», c’est-à-dire une tendance à tirer des conclusions conformes à ce que l’on pense probable, selon le New York Times. Des civils se dirigeant vers un site bombardé étaient perçus comme des combattants du groupe terroriste Daesh, et non comme des secouristes ; de simples motards étaient considérés comme se déplaçant «en formation», ce qui était interprété comme la «signature» d’une attaque imminente.

Un tiers des morts et blessés civils dus à des erreurs d’identification

Par exemple, lors d’une frappe en Irak en 2015, les forces américaines ont tué un enfant après l’avoir identifié comme «un objet lourd inconnu» qui était «amené» vers une position supposée de Daesh. Ces pratiques de ciblage bâclées ont entraîné la mort d’environ 120 villageois syriens lors d’une frappe américaine le 19 juillet 2016, selon l’enquête. Lors d’une autre frappe, un avion de guerre a tué toute une famille s’échappant de l’ouest de Mossoul en 2017, confondant un véhicule civil transportant deux enfants avec une voiture piégée.

Cité par le New York Times, le porte-parole de l’un des départements de la Défense américaine, le commandant Bill Urban, a affirmé que «même avec la meilleure technologie du monde, des erreurs se produisent, qu’elles soient dues à des informations erronées ou à une mauvaise interprétation des informations disponibles». «Nous faisons tout pour éviter de faire du tort. Nous enquêtons sur tous les cas crédibles. Et nous regrettons chaque perte de vie innocente», a-t-il assuré.

Selon les documents du Pentagone, les erreurs d’identification ne représentaient que 4% des cas de victimes civiles, mais l’enquête menée sur le terrain par le journal montre qu’elles ont joué un rôle dans 17% des incidents, et surtout qu’elles ont causé près d’un tiers des morts et des blessés civils. Pour le New York Times, «ce qui émerge en fin de compte de ces plus de 5 400 pages de documents, c’est une institution acceptant que des dommages collatéraux soient inévitables».

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