Par Régis de Castelnau

Une fois de plus, les « élites » politiques et intellectuelles de notre pays donnent un spectacle parfaitement déplorable. Comme ce fut le cas en 2003 avec l’agression americano-britannique de l’Irak, pays souverain et reconnu comme tel à l’ONU. Un « crime contre la paix » en droit international depuis 1945.

Les petits télégraphistes de l’Empire

Toute une cohorte d’hommes politiques sans principe et d’intellectuels dévoyés apporta alors un soutien sans faille à cette guerre d’agression, en relayant sans vergogne une propagande dont le caractère totalement mensonger est aujourd’hui avéré. Mais dès cette époque l’imposture relevait également de l’évidence. On se rappellera les noms de ceux qui se sont alors illustrés en se comportant alors et publiquement en complices d’un acte de brigandage. Et on se souviendra de ceux de ces politiques qui se rendirent discrètement à l’ambassade des États-Unis pour se désolidariser du président Chirac qui s’opposant à cette aventure, sauvait l’honneur de la France. On les retrouve aujourd’hui, les mêmes ou leurs héritiers, mais avec cette différence qu’ils ont été rejoints par une grande partie de la classe politique. Celle-ci, n’étant plus gênée par la position du chef de l’État, en rajoute sur la double servilité vis-à-vis des États-Unis et de l’Allemagne. Il est vrai qu’Emmanuel Macron donne l’exemple, multipliant de façon ridicule, rodomontades et coups de menton. C’est d’ailleurs à cette occasion que l’on constate les conséquences de l’activisme américain sur notre territoire, et le rôle délétère de la fameuse French-American Foundation. Qui délivre ces qualifications avantageuses de « young leader » qui aident les carrières et garantissent un atlantisme sans faille pour la suite. D’Alain Juppé à Amélie de Monchalin en passant par Macron naturellement, Édouard Philippe, Laurent Joffrin, Arnaud Montebourg, Alain Minc, Jacques Attali, François Hollande, Pierre Moscovici, etc. etc. etc. Il ne manque personne de l’oligarchie économique, politique, administrative, médiatique et de ceux qui la servent. Alors c’est sans surprise que l’on assiste à un total alignement sur les positions américaines les plus extrémistes. La ligne appliquée étant d’abord celle de la diabolisation de Vladimir Poutine à partir de caricatures et d’insultes comme en témoigne l’effarante couverture de l ‘Express. Ensuite de la pratique du mensonge pur et simple et enfin d’une totale déformation du réel. Il y a même de ce point de vue une surenchère entre les organes appartenant aux principaux oligarques. Comme le démontre la lecture du Monde dirigé par Sylvie Kaufmann (Young leader) et appartenant à Mathieu Pigasse (Young leader), ou de l’Obs possédé par le même. On y retrouve exactement les mêmes déformations approximations et arguments que dans le Point, l’Express, ou le Figaro. Une technique très prisée consiste donner la parole à de soi-disant experts aux références ronflantes, qui ne sont que des militants de la cause américaine. Comme l’ineffable duo formé par Nicolas Tenzer et Françoise Thom qui se caractérisent par une russophobie quasi fanatique. Et malheureusement les grands médias audiovisuels d’information ne sont pas en reste, avec comme d’habitude une mention particulière pour le service public. Alors, oubliées les couveuses du Koweït, les fioles de Colin Powell, et on constate que malheureusement le mal est plus profond dans notre pays qu’ailleurs. Aux États-Unis, la grande presse est bien évidemment au service de Biden, mais on y trouve quand même un peu de contradiction. C’est la même chose en Grande-Bretagne et en Allemagne, pays pourtant très engagés dans la crise.

La fable et le réel

Que nous raconte donc ces militants des intérêts du complexe militaro-industriel américain ? Bien sûr que Vladimir Poutine mange les petits enfants, mais surtout qu’il veut pour des raisons obscures envahir l’Ukraine et provoquer une guerre mondiale. Comme effectivement on se demande légitimement pourquoi vouloir cette agression qui déboucherait inéluctablement sur un conflit nucléaire, certains, sans peur du ridicule, nous fournissent la réponse. « La hantise de Poutine est que l’Ukraine se coule avec succès dans le moule démocratique “à l’occidentale” » n’a pas eu peur d’écrire sans rire Alain Frachon éditorialiste du Monde ! L’Ukraine est un État complètement failli, gangrené jusqu’à l’os par la corruption, à l’économie effondrée. Où des organisations néonazies font la pluie le beau temps et ont érigé la figure d’un génocidaire nazi auxiliaire de la Shoah, en héros national. Effectivement, c’est un sacré modèle et l’on comprend que Vladimir Poutine ne veuille pas que son peuple cède à la tentation. Bon, il faut être sérieux et arrêter de se moquer du monde.

La Russie, passée directement de l’absolutisme tsariste au stalinisme puis par le saccage eltsinien, a désormais un régime qui lui est propre et dont Dominique Reynié a dit à juste titre qu’il était le plus démocratique que ce pays ait connu jusqu’à présent… Ce n’est sûrement pas le modèle que nous souhaiterions pour la France, mais nous serions avisés d’être modestes et d’abandonner cette prétention à incarner l’idéal démocratique humain.

Alors, pourquoi cette crise et pourquoi ces bruits de bottes ? Inutile de se lancer dans de grandes considérations, il faut simplement revenir à quelques faits et partir du réel.

Les Américains n’ont pas cessé d’être en guerre depuis le 7 décembre 1941, avec cette caractéristique que depuis 1950, ils ont multiplié les interventions militaires sur des territoires étrangers. De la Corée à l’Afghanistan en passant par le Vietnam, le Cambodge Saint-Domingue, le Panama, la Grenade, le Nicaragua, la Somalie, la Serbie, l’Afghanistan, la Syrie, la Libye et bien évidemment l’Irak deux fois. Concernant l’agression de l’Irak en 2003 il convient de rappeler qu’au regard des règles du droit international, il s’agit d’un « crime contre la paix » prévu par les statuts du tribunal de Nuremberg. La guerre menée par les États-Unis et la Grande-Bretagne a été accompagnée de la commission de nombreux crimes de guerre et affiche un terrible bilan humain, sans parler du chaos sanglant provoqué au Moyen-Orient. George Bush et son caniche Tony Blair relèvent de la justice internationale et devraient croupir en prison. Leurs crimes ont été commis en s’appuyant sur des propagandes mensongères et avec l’appui, y compris en France, de relais que le droit pénal permet de considérer comme complices. On leur rappellera que le journaliste Julius Streicher fut condamné pour ses écrits antisémites, et pendu à Nuremberg en 1946.

 Concernant l’Afghanistan Il faut également rappeler que les États-Unis viennent d’en être chassés par les talibans après 20 ans d’une guerre elle aussi marquée par les crimes. Et ce sont ces gens-là, armés d’un sentiment de supériorité morale usurpé, et surtout soucieux d’une hégémonie stratégique au service de leurs intérêts mercantiles, qui se prétendent aujourd’hui défenseurs de la civilisation ? Et concernant l’Ukraine, n’oublions pas qu’un coup d’État dirigé contre un président démocratiquement élu a été téléguidé en 2014, par les États-Unis plongeant le pays dans le chaos.

Plus jamais Barbarossa

Les Russes n’ont donc aucune envie de récupérer l’Ukraine, simplement, comme la Chine, ils ont décidé que l’unilatéralisme Yankee ça suffisait. Et qu’eux aussi pouvaient tracer des lignes rouges. Pas pour des raisons morales mais pour des raisons historiques et pour défendre leur patrie.

Pour avoir bien connu l’Union soviétique, je sais à quel point le traumatisme de la deuxième guerre mondiale est incroyablement vivace. Nous avons pu voir au moment des commémorations du centenaire de la première, de l’importance chez nous de sa mémoire. Le traumatisme de la « Grande guerre patriotique », c’est la même chose puissance dix. Les Russes savent bien que c’est sur eux qu’a reposé l’effort principal pour aller tuer la Bête nazie jusque dans sa tanière. Au prix de la destruction de leur pays et de 25 millions (!) de morts.

On ne leur refera pas le coup de Barbarossa et du 22 juin 1941. Jamais.

Ne pas comprendre ça, c’est être soit complètement abruti, soit un agent américain directement ou indirectement stipendié. Sachant qu’il est possible d’être les deux. Comme ne pas savoir que les pays de l’Est du « camp socialiste » jusqu’à la chute du Mur constituaient d’abord et avant tout un glacis protecteur. En 1991 la Russie qui avec l’URSS, avait récupéré l’empire des tsars a accepté de le démanteler et de dissoudre le Pacte de Varsovie. Les États-Unis n’ont rien trouvé de mieux que de violer leurs engagements et  d’intégrer les pays rendus ainsi indépendants à l’OTAN. Installant aux portes de la Russie une puissance militaire hostile, pourtant elle-même située à 6000 km.

Mais ce n’est pas suffisant, et aujourd’hui les USA se fabriquent par le mensonge et la propagande des ennemis pour tenter de ralentir leur déclin et nourrir le monstre corrompu qu’est leur complexe militaro-industriel. Il y a, à Washington des tarés mentaux qui pensent qu’ils peuvent lancer une guerre nucléaire et la gagner ! Intégrer l’Ukraine à l’OTAN revient à installer des missiles directement aux frontières de la Russie. Ce qui empêchera la riposte en cas de tir, en rendant inopérant faute de temps, leur système de bouclier antimissiles. C’est le principe même de la dissuasion qui serait détruit, alors même qu’il a apporté la paix en Europe depuis 1945. Prétendre que c’est l’UE est une imbécillité.

 Imaginons la Russie passant un accord militaire avec le Mexique et installant des bases de missiles à la frontière du Texas. A-t-on oublié que Kennedy fut prêt à déclencher une guerre nucléaire si les soviétiques installaient des missiles à Cuba ?

Imagine-t-on quelle aurait été la position de Charles de Gaulle s’il avait été confronté à ce problème ? Et dans quelle voie il aurait engagé la France ? Poser la question c’est y répondre.

Le Général savait ce que souveraineté veut dire.

Source : Vu du Droit
https://www.vududroit.com/…

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