Par Karine Bechet-Golovko

Les populations mondiales s’étant, dans leur grande majorité, soumises avec un tel empressement à toutes les restrictions possibles et imaginables, pourquoi s’arrêter en si bon chemin. Surtout, pourquoi « déconfiner » la France avant les fêtes de Noel, nos chers compatriotes risqueraient de vouloir les célébrer, ils seraient plus de 6 à table, les plus déviants iraient même à la messe. A la Une de tous les médias, la remise en cause du déconfinement du 15 décembre et les mesures envisagées par le Gouvernement, allant jusqu’à un couvre-feu à 17 h. Mais tout cela, selon le Gouvernement, dépend d’une seule chose : l’acceptabilité sociale. Non pas l’efficacité sanitaire, mais l’acceptabilité sociale. Autrement dit, de votre acceptation de ce qui n’est rien d’autre qu’un traitement inhumain et dégradant. Cela dépend de vous. Cela dépend de nous. Notre faiblesse fait leur force.

La question du jour, qui est posée dans tous les médias, est au coeur de l’inquiétude des Français : le déconfinement aura-t-il bien lieu le 15 décembre ? Mais les Français l’entendent comme la possibilité, après le 15 décembre, de reprendre une vie normale. Cette conception, dans tous les cas, n’est pas à l’ordre du jour. Pour la simple et bonne raison que tout cela n’a pas été mis en place autour de ce pauvre virus pour que finalement « tout redevienne comme avant »

Bien trop d’intérêts sont en jeu – qui n’ont rien à voir avec notre santé. Au moins, les données officielles sur l’échec de la réduction des cas de Covid vont à l’encontre des mesures totalitaires adoptées. Et le Gouvernement est dans une impasse : soit ces mesures fonctionnent et il faut libérer la population; soit ces mesures ne fonctionnent pas et il faut libérer la population.

Or, ce Gouvernement, et il n’est pas le seul, ne peut pas libérer la population. Donc des discussions sont en cours pour savoir à quelle sauce les Français continueront à mariner dans l’angoisse, à être déshumanisés et transformés en malades confirmés ou en malades potentiels. L’homme bien portant n’existant plus relayé à l’illusion, voire l’erreur de diagnostic. L’homme est à abattre. 

L’on apprend ce qui passe dans l’esprit de ces gens, qui nous gouvernent ou en tout cas qui tiennent leur rôle en public : un couvre-feu à plus tôt, à 19h voire à 17h (quid des commerçants qui ont réouvert ?) ; décaler la réouverture des cinémas et des théâtres ; revenir sur la dérogation du couvre-feu pour les nuits de Noel et de Nouvel An (comme au Canada) ; instaurer une limitation des déplacements inter-régionaux (comme en Italie).

Mais ce qui est le plus intéressant dans ce compte-rendu fait par BFM, est que le journaliste, à la fin  du reportage explique que selon les dires du ministre en question, tout va dépendre de l’acceptabilité sociale de ces mesures. Pas des considérations sanitaires, de l’efficacité sanitaire de ces mesures. Non, de leur acceptabilité sociale.

Autrement dit, plus vous serez dociles, plus vous serez contraints, plus vous serez écrasés. Et ce, jusqu’à ce que vous n’ayez plus la force psychologique de vous révolter, que vous n’en ayez même plus envie. Alors, vous pourrez être libérés, car vous ne présenterez plus aucun danger. L’homme aura été anéanti en vous.

Car mettre des populations entières à domicile, il fallait quand même y penser. Et oser. Relisez Knock de Jules Romains, à l’acte III. Extraits :

« Kock : Vous me donnez un canton peuplé de milliers d’individus neutres, indéterminés. Mon rôle, c’est de les déterminer, de les amener à l’existence médicale. Je les mets au lit, et je regarde ce qui va pouvoir en sortir : un tuberculeux, un névropathe, un artério-scléreux, ce qu’on voudra, mais quelqu’un, bon Dieu! quelqu’un! Rien ne m’agace comme cet être ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien portant.  

Le docteur : Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit!

Kock : Cela se discuterait. (…) Votre objection me fait penser à ces fameux économistes qui prétendaient qu’une grande guerre moderne ne pourrait pas durer plus de six semaines. La vérité, c’est que nous manquons tous d’audace, que personne, pas même moi, n’oserait aller jusqu’au bout et mettre toute une population au lit, pour voir, pour voir!« 

Ils ont osé. Et, dans la grande majorité, nous nous sommes couchés. 

Source : Russie politics
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