Par Luc MICHEL

# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
CONSEQUENCE DE L’ELECTION DE BIDEN : ERDOGAN EN PLEINE RETRAITE GEOPOLITIQUE

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 12 10/
Série III/2020-1298

« Frontières maritimes: la Turquie voudrait négocier avec Israël »
– I24 (chaîne francophone israélienne, ce 9 décembre).

I24 nous informe aussi que « la Turquie semble tenter un rapprochement en direction d’Israël. Il s’agirait de définir des frontières maritimes communes entre les deux pays ». La Turquie semble en plein rétropédalage, pour s’aligner sur les positions attendues, ou supposées, de l’administration Biden (1) ! Vis-à-vis d’Israël ou les membres européens de l’Union dite Europérenne, Erdogan est passé dans une phase de profil bas.

LA DEFAITE ELECTORALE DE TRUMP EST UNE DEFAITE GEOPOLITIQUE POUR ERDOGAN

Erdogan l’islamiste priait pour une réélection de Trump
Le meilleur ami de Recep Tayyip Erdogan à Washington s’appellait en effet Donald Trump. La défaite électorale du président américain ce 3 novembre a été un coup dur pour le président turc. Grâce à son lien particulier avec l’hôte de la Maison-Blanche, le «  sultan » d’Ankara avait réussi, ces dernières années, à déjouer des projets de sanctions américaines sévères qui visaient son pays. Il en ira tout autrement quand le futur occupant du Bureau ovale va désormais s’appeler Joe Biden.

C’est pourquoi dès ce 22 novembre, Erdogan faisait des offres de service à l’administration Biden et met beaucoup d’eau dans son vin. Spectaculairement, Erdogan a rappelé l’alliance géopolitique étroite et fondamentale entre Washington et Ankara : « Les États-Unis et la Turquie peuvent faire beaucoup ensemble aux niveaux régional et international ». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a encore déclaré : « Nous pensons que beaucoup peut être fait au niveau régional et international avec les États-Unis si ces derniers respectent les préoccupations de la Turquie concernant la sécurité de ses frontières et ses besoins défensifs ». Le président turc, en s’adressant aux membres de son parti au pouvoir pour la justice et le développement ( AKP) via une visioconférence le 22 novembre (comme cité par Asharq Al-Awsat), a encore ajouté que son pays était « prêt à construire une coopération efficace avec les États-Unis dans l’espoir de résoudre tous les problèmes régionaux et internationaux ».

Bien que Joe Biden, qui a remporté la présidence américaine, soit connu pour s’opposer à une partie de la politique étrangère de la Turquie, le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a encore déclaré que « Washington ne pouvait pas ignorer Ankara pour des raisons géopolitiques ».

CE QUE L’AXE TRUMP-ERDOGAN AVAIT RENDU POSSIBLE POUR ANKARA ?

De décembre 2019 à la défaite de trump, un Axe Washington-Ankara, qui était essentiellement un Axe Trump-Erdogan, s’est déployé en Méditerranée, en Libye, au Niger et au Mali et au  juin et au Caucase. Les discussions Trump-Erdogan des 8 juin et 14 juillet dernier étaient concrétisées par la déclaration du 15 juillet du State Department condamnant la position française en Libye. Déclaration avalisée par un article condamnant Paris en Libye sur la revue de l’Atlantic Council. Cette lune de miel semble donc terminée. Elle a offert à Erdogan une fenêtre d’opportunité géopolitique, conduisant à une arrogante offensive tous azimuts !

Trump et Erdogan se connaissaient et se respectaient depuis longtemps. Cette alliance personnelle a conduit la Turquie à se lançer dans une aventureuse exploration d’hydrocarbures en Méditerranée, après avoir conclu un accord controversé avec la Libye des islamistes de Tripoli visant à étendre ses frontières maritimes en Méditerranée orientale. La Turquie avait conclu fin novembre avec la Libye de Tripoli un accord maritime controversé qui, affirmait Ankara, étendait ses frontières maritimes dans une zone de la Méditerranée orientale où d’importants gisements d’hydrocarbures ont été découverts ces dernières années. Cette manœuvre a été dénoncée par plusieurs pays riverains de la Méditerranée comme « illégale ». La Grèce avait ainsi appelé les Nations unies à condamner cet accord qu’elle a qualifié de « perturbateur » pour la paix et la stabilité dans la région. Le ministre turc de la diplomatie avait  brandi une carte montrant selon lui « les nouvelles limites du plateau continental turc », considérablement élargies aux termes de l’accord conclu avec le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU.

 Cet accord avait conduit d’une part à uyn engagement militaire turc en Libye, internationalisant la guerre en Libye, la Turquie et ses alliés affrontant la coalition internationale (monstre géopolitique alliant l’Egypte, la France, Chypre, la Grèce et les Emiratis, mais aussi Israël, mais encore la Russie et ses alliés syriens) soutant l’autre Libye, celle de Haftar, de Benghazi et de Tobrouk.

D’autre part, la Turquie avant élevé les tensions en Méditerranée orientale. L’accord turco-libyen a fait monter les tensions en Méditerranée orientale, où les gisements d’hydrocarbures aiguisent l’appétit des pays riverains, de la Grèce à l’Égypte, en passant par Chypre et Israël, autant de pays qui ont des relations difficiles avec Ankara. « Avec cet accord, nous avons augmenté au maximum le territoire sur lequel nous avons autorité », s’était félicité le président Recep Tayyip Erdogan, évoquant la possibilité de « mener avec la Libye des activités d’exploration conjointes au large de Chypre ».

ANKARA TRAHIT ENCORE LA PALESTINE

Après l’arrogance, Erdogan fait profil bas, à commencer par l’allié principal israélien des USA.

Depuis 2018, la Turquie n’avait pas d’ambassadeur en Israël. Mais la situation vient de changer. Le nouvel ambassadeur turc en Israël, Ufuk Ulutas, est président du Centre de recherche stratégique du ministère turc des Affaires étrangères et a étudié la politique hébraïque et moyen-orientale à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il a également travaillé comme directeur de la fondation SETA, un groupe de réflexion pro-gouvernemental(nous informe I24). En mai 2018, la Turquie a demandé à l’ambassadeur israélien de « prendre congé » en réponse à la décision de l’administration Donald Trump de déplacer l’ambassade américaine à Qods. C’est visiblement fini depuis que la Turquie a fait part de sa disponibilité de faire un deal gazier avec Israël en Méditerranée.

NOTE :

(1) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
ANALYSE PROSPECTIVE (II) : QUELLE SERA LA GEOPOLITIQUE DE JOE BIDEN AU MOYEN-ORIENT ?
sur http://www.eode.org/luc-michels-geopolitical-daily-analyse-prospective-ii-quelle-sera-la-geopolitique-de-joe-biden-au-moyen-orient/
(Source : i24news.tv – AFP – EODE Think Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

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