Par Leila Mazboudi

La querelle entre les Etats-Unis et le royaume saoudien pourrait arriver à terme. C’est oublier qu’elle pourrait n’être qu’un faux-semblant !

Le journal américain Business Insider a constaté mercredi que le Royaume saoudien se rétractait et cherchait à rétablir ses relations avec le président américain Joe Biden, après sa performance aux élections américaines de mi-mandat.
Après qu’il a semblé que les relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et les États-Unis étaient tombées à un nouveau plus bas au début de cette année, il semble maintenant que Riyad souhaite améliorer ses relations avec l’administration Biden, estime le journal.

Citant des analystes, il attribue ce revirement saoudien à la victoire des démocrates dans les élections de mi-mandat.
« C’est la performance meilleure que prévu du Parti démocrate lors des élections de mi-mandat qui a renforcé la position du président Joe Biden », ont-ils avancé.

Le journal rappelle qu’à l’approche des élections, des membres du Parti démocrate avaient accusé l’Arabie saoudite de revenir sur l’accord visant à stimuler la production de pétrole, dans le cadre d’un stratagème visant à augmenter l’inflation et à nuire à leurs chances aux élections de mi-mandat.
Or, au lieu de cela, les démocrates ont pris le contrôle du Sénat, perdant moins de sièges à la Chambre des représentants que prévu.
A ce titre, les Saoudiens ont effectué ces dernières semaines une série de démarches diplomatiques visant à améliorer les relations tendues avec la Maison Blanche, toujours selon la même source.

Le journal américain a toutefois cité Neil Quilliam, chercheur au groupe de réflexion Chatham House à Londres, disant : « Il est peu probable que l’Arabie saoudite veuille réparer ses relations avec l’administration Biden, car les deux parties sont toujours en désaccord, mais l’on peut s’attendre à voir une baisse des tensions au cours des deux prochaines années ».

Dans les faits, ce désaccord ne semble pas pour autant avéré. Et pour cause, le prince héritier saoudien Mohamad ben Salmane jouit toujours de l’immunité juridique contre le procès pour son implication confirmée par la CIA dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Chroniqueur du Washington Post lors de sa liquidation au consulat de son pays à Istanbul en 2018, ce dernier exprimait des positions très critiques aux politiques saoudiennes de MBS.

L’immunité du prince héritier a été anoncée par Joe Biden le 17 novembre. Amnesty International a qualifié l’affaire de « trahison dégoûtante ». Le président américain ayant promis pendant sa campagne électorale de traiter la monarchie saoudienne en paria.

Biden n’en est pas à son premier revirement. Une autre promesse électorale de lui est restée lettre morte, celle de l’accord nucléaire avec l’Iran. Il s’était engagé à un retour pur et simple et à ensuite éventuellement engager des négociations sur les soi-disant autres menaces posées par Téhéran.

En outre, la politique pétrolière du royaume n’est pas sans satisfaire aux Américains.
Sachant que le principal importateur de pétrole saoudien est la Chine, qui s’approvisionne aussi de l’Iran, faisant fi des sanctions américaines rétablies par l’ex-président Donal Trump, après son retrait unilatéral de l’accord nucléaire 5+1. Il importe à Riyad comme à Washington de ne pas laisser libre champ au pétrole iranien dans le marché chinois. Même logique pour le pétrole russe que les Etats-Unis s’efforcent d’en réduire drastiquement les exportations, sur fond de guerre en Ukraine.

Il en est de même pour les relations saoudiennes avec Moscou qui ne devraient pas léser Washington non plus: vu qu’elle pourraient aussi freiner le rapprochement russo-iranien ou russo-chinois. Principaux sujets de préoccupation des Etats-Unis. La guerre en Ukraine l’illustre parfaitement .

Il ne faut pas oublier que dans le conflit yéménite, la Russie s’est abstenue de toute démarche au Conseil de sécurité de l’ONU, qui puisse entraver les offensives saoudiennes, soutenues par les Etats-Unis, au motif qu’elles défendent un président légitime, en l’occurrence l’homme de main de Riyad Abed Rabbo Mansour Hadi, contre les Houthis.

En outre, la pseudo querelle entre Washington et Riyad semble aussi donner un certain crédit aux allégations pro droits de l’homme du locataire de la Maison Blanche. Pour ceux qui ont la mémoire courte.
Elle pourrait aussi faire croire aux plus naïfs que l’Arabie saoudite adopte une politique indépendante de celle des Américains, alors qu’elle est accusée d’être un Etat sbire.

Elle a besoin de cette pseudo réputation pour s’imposer comme maitre du monde islamique, d’autant qu’elle est rivalisée par l’Iran, la Turquie, le Malaisie ou autres. Surtout avant de passer à l’acte ultime qu’elle se doit de réaliser : la normalisation avec l’entité sioniste. Dans le cadre des Accords d’Abraham, son rôle a été décisif avec le Soudan en particulier. Alors que les trois autres pays sont ses principaux alliés au Moyen-Orient et en Afrique du nord. A plusieurs reprises MBS avait persuadé les dirigeants américains que le moment propice n’est pas venu pour son royaume.

Force est de constater que dans les récentes émeutes en Iran, Saoudiens et Américains (sans oublier les autres Occidentaux) oeuvraient de concert contre le pouvoir iranien. Alors que les deux négociaient avec lui auparavant. Il semble qu’ils étaient d’accord pour lui donner de faux-semblants!

Source: Divers

Source : Al Manar
https://french.almanar.com.lb/…

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