An Azov regiment in Kyiv, Ukraine on 10/14/2020. © Review News / Shutterstock

Par Karine Bechet-Golovko

Les combattants ukrainiens d’Azovstal continuent à se rendre, à la nuit tombée. Et se pose la question – que faire d’eux ? Quand il s’agit de forces armées régulières, qui combattent régulièrement, c’est une chose. Quand il s’agit de membres de groupes, prenant des civils en otage et soutenant une idéologie néonazie, s’en est une autre. La Douma doit se prononcer pour demander que les membres du groupe extrémiste Azov ne soient pas échangés, mais jugés pour leur crime. Même pendant la guerre, les hommes sont responsables de leurs crimes et les Etats doivent l’être ensuite de leurs choix politiques. L’impunité ne conduit qu’à l’aggravation de la criminalité et à la détérioration morale, elle n’est jamais une solution.

En plus des 300 combattants ukrainiens déjà sortis hiers d’Azovstal (dont nous avons parlé ici), le ministère russe de la Défense annonce qu’environ encore 700, dont 29 blessés, se sont rendus depuis. En tout, le ministère estime que, environ 2 000 combattants ukrainiens pouvaient se trouver dans Azovstal, il en resterait donc un millier.

Les militaires, faisant partie de l’armée régulière et n’ayant pas commis de crimes de guerre sont protégés par la Convention de Genève. Les membres des groupes extrémistes néonazis, eux, ne le sont pas – le droit international humanitaire ne couvre pas les criminels de guerre.

Si la pratique veut que les prisonniers soient échangés entre les parties belligérantes, peut-on moralement accepter d’échanger des criminels de guerre néonazis, donc de les libérer de leur responsabilité, contre des prisonniers de guerre russes ?

Plusieurs membres de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, se sont ouvertement prononcés contre. Ainsi, le député Oleg Morozov, président du Comité de la Douma du contrôle, écrivait hier sur son canal Telegram :

« La Douma prendra aujourd’hui une décision recommandant de ne pas échanger les nazis d’Azov, qui se rendent maintenant à l’usine d’Azovstal. Nous soignerons les blessés, nous respecterons la Convention sur les prisonniers et les traiterons avec humanité. Mais nous ne laisserons personne partir. Chacun aura ce qu’il mérite, selon le tribunal ! Les crimes des nazis ne sont pas blanchis, pas plus que leurs tatouages ​​sur le corps.« 

Cette position est aussi celle du président de la Douma, Viacheslav Volodine, qui écrivait lui aussi sur son canal Telegram

« Les criminels nazis ne doivent pas être échangés

Aujourd’hui, les commissions de la Douma d’État réunies en session plénière ont été chargées de régler la question de l’interdiction de l’échange des criminels nazis.

Notre pays traite avec humanité ceux qui se sont rendus ou ont été capturés.

Mais en ce qui concerne les nazis, notre position ici doit être inchangée :

ce sont des criminels de guerre et nous devons tout faire pour les traduire en justice. »

Ainsi, le député Andreï Kartalopov, président du Comité de la Douma pour la Défense, a déclaré qu’un projet de résolution serait déposé à la Douma et Volodine a demandé au député Wasserman de le préparer, pour qu’il puisse faire l’objet d’un vote, après que celui-ci ait à juste titre déclaré qu’échanger ne serait-ce qu’un seul membre du groupe néonazi d’Azov serait considéré par l’Occident comme une de leur victoire.

Rien n’est pire que l’impunité pour la santé morale d’une nation ou d’un homme. C’est en fait le meilleur moyen de le détruire – de l’intérieur. La guerre n’excuse pas la barbarie, pas plus qu’elle ne justifie l’extrémisme. Chacun doit répondre de ses crimes devant un tribunal.

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…

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