Par Lahouari Addi

« Le Matin d’Algérie » vient de publier une lettre signée par plusieurs universitaires en défense de Mohamed Hachemaoui qui avait publié un article controversé où, en analysant le régime algérien, il a critiqué des universitaires, dont Mohamed Harbi, les accusant d’avoir été des soutiens du régime à une phase ou à une autre de son évolution.

Il a reproché à Harbi d’avoir été l’intellectuel organique d’un régime qui était dès son origine autoritaire. Au lieu de répondre à la réaction de Mohamed Harbi par des arguments, il a demandé à des universitaires de prendre sa défense, estimant qu’il est l’objet d’attaques injustifiées dans la presse algérienne et dans dans les réseaux sociaux. Il n’avait probablement pas mesuré la porté injuste des critiques historiquement et théoriquement infondées qu’il a formulées à l’endroit de la quasi-totalité des universitaires algériens.

J’ai personnellement apporté mon soutien à Mohammed Harbi que je considère comme un historien rigoureux du mouvement national algérien et un homme intègre. Je n’ai pas voulu répondre aux critiques que fait le texte de Hachemaoui à mes analyses sur le régime algérien parce que je les ai trouvées malhonnêtes et indignes d’un débat intellectuel.

Me présenter comme étant un soutien des militaires, en jouant sur le fait que je respecte l’institution dès lors qu’elle n’interfère pas dans les affaires politiques, fait plutôt sourire. Dès janvier 1992, j’ai dit que l’annulation des élections est un coup d’État injustifiable. Et bien avant, j’ai analysé le système politique algérien à travers le concept bipolaire pouvoir réel/pouvoir formel.

Ma thèse étant que c’est l’armée, fondée par le FLN historique, qui a créé l’État par la violence, et qu’une fois le pouvoir exécutif établi et l’unité nationale garantie, les militaires auraient dû quitter le champ politique dès les événements d’Octobre 1998 pour laisser les Algériens choisir leur président et leurs députés à travers des élections garanties par l’autonomie de la justice et protégées par la liberté de la presse.

L’Algérie, comme beaucoup d’autres pays du Tiers Monde, est un cas d’étude intéressant pour les universitaires qui travaillent sur les thématiques de la construction nationale, la formation de l’Etat et de la société civile, sur la sécularisation… Ils peuvent faire des apports à la connaissance de ces sociétés et contribuer à diminuer la conflictualité inhérente à ces processus historiques chargés de violence.

Mais encore faut-il que le chercheur soit sincère avec son objet et rigoureux dans son approche. En étant subjectif et en voulant se distinguer parmi ses collègues qu’il accuse injustement, Hachemaoui a récolté ce qu’il a semé. Et ce n’est pas la solidarité de quelques universitaires, attendris par sa situation sociale, qui le réhabilitera.

Source : La page FB de l’auteur
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