© FAO/Yousef Alrozzi. Un tracteur agricole détruit jonche le sol à Gaza.
Par ONU Info
Source : ONU Info
Moins de 5% des terres agricoles de Gaza sont désormais cultivables et/ou accessibles, exacerbant encore le risque de famine dans le territoire palestinien dévasté, selon un nouveau bilan satellitaire publié lundi par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT).
La détérioration « alarmante » des infrastructures agricoles du territoire « détériore davantage la capacité de production alimentaire et exacerbe le risque de famine dans la région », indique la FAO dans un communiqué.
L’analyse a révélé qu’au mois dernier, plus de 80 % de la superficie totale des terres cultivées de la bande de Gaza a été endommagée (12.537 hectares sur 15.053) et 77,8 % n’est pas accessible aux agriculteurs, ce qui ne laisse que 688 hectares (4,6 %) disponibles pour la culture.
Effondrement du système agroalimentaire
L’évaluation indique également que 71,2 % des serres de Gaza et 82,8 % des puits agricoles ont été endommagés.
La situation est particulièrement critique à Rafah et dans les gouvernorats du nord, où « quasiment » plus aucune terre agricole n’est accessible, ajoute le bilan.
« Les terres cultivées, les serres et les puits ayant été détruits, la production alimentaire locale s’est arrêtée. La reconstruction nécessitera des investissements massifs et un engagement soutenu pour rétablir les moyens d’existence et l’espoir », a déclaré dans un communiqué, Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO.
Avant le début du conflit, l’agriculture représentait environ 10 % de l’économie de Gaza, et plus de 560.000 personnes dépendaient entièrement ou partiellement de la production agricole, de l’élevage ou de la pêche pour leur subsistance.

© FAO/Yousef Alrozzi. La FAO a apporté son soutien à de nombreuses familles d’éleveurs de Gaza qui ont subi de lourdes pertes dans le conflit actuel.
Des dommages estimés à plus de 2 milliards de dollars
Au début de cette année, la FAO a estimé que la valeur totale des dommages et des pertes subis par le secteur agricole à Gaza depuis le début des hostilités, en octobre 2023, s’élevait à plus de 2 milliards de dollars (835 millions de dollars de dommages, 1,3 milliard de dollars de pertes). Les besoins en matière de redressement et de reconstruction sont évalués à environ 4,2 milliards de dollars.
Avec la rupture du cessez-le-feu, ces chiffres auront sans aucun doute encore augmenté, soulignant l’énorme défi que représente la reconstruction du secteur agricole.
« Ce niveau de destruction n’est pas seulement une perte d’infrastructure, c’est un effondrement du système agroalimentaire et des lignes de vie de Gaza. Les terres cultivées, les serres et les puits ayant été détruits, la production alimentaire locale s’est arrêtée », a ajouté Mme Bechdol, rappelant que la reconstruction nécessitera « des investissements massifs ».
Raids sur Gaza
Ces derniers développements interviennent alors que les bombardements ne faiblissent pas. Selon les rapports de la presse, l’armée israélienne annonce avoir mené plus de 200 frappes en 48 heures dans la bande de Gaza.
Sur le plan humanitaire, 107 camions d’aide humanitaire sont entrés à Gaza dimanche, a annoncé le Cogat, l’organisme du ministère de la défense israélien chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens. Mais ces données n’ont pas été confirmées par les agences humanitaires de l’ONU.
Lors d’une rencontre avec la presse vendredi dernier, le Secrétaire général de l’ONU avait déclaré qu’après près de 80 jours de blocage de l’aide, un filet d’aide a finalement pu être acheminé. Ces derniers jours, près de 400 camions ont été autorisés à entrer à Gaza par le point de passage de Kerem Shalom. Mais seuls 115 camions ont pu être collectés, et rien n’est parvenu au nord du territoire assiégé.
Aide symbolique
« Nous venons de passer 11 semaines sans que rien n’entre dans la bande de Gaza, pas de nourriture, pas de médicaments pendant 11 semaines, rien à part des bombes », a d’ailleurs déclaré James Elder, porte-parole du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
« Aujourd’hui, une semaine après que l’aide vitale a finalement été autorisée à entrer à nouveau dans la bande de Gaza, l’ampleur de cette aide est douloureusement inadéquate », a-t-il affirmé à ONU Info. « Il s’agit d’un geste symbolique qui ressemble plus à un geste cynique qu’à une véritable tentative de s’attaquer à la crise de la faim qui sévit parmi les enfants et les civils à Gaza ».
Aujourd’hui, les habitants de Gaza restent exposés à un « risque critique de famine », ont averti au début du mois des experts en sécurité alimentaire soutenus par les Nations Unies. Dans leur dernière mise à jour, ils estiment qu’une personne sur cinq à Gaza – 500 000 – risque de mourir de faim.

© UNRWA. Des enfants dans un abri à Gaza.
Les abris de l’UNRWA débordés
Par ailleurs, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a indiqué que ses abris à Gaza sont « submergés de personnes déplacées cherchant désespérément la sécurité » alors que « aucun endroit n’est sûr et qu’aucune zone n’a été épargnée par les hostilités ».
« De nombreuses familles s’abritent dans des bâtiments abandonnés, inachevés ou endommagés », a souligné l’agence, tandis que d’autres, « y compris des enfants et des femmes enceintes, dorment à la belle étoile ».
Les conditions sanitaires sont également « désastreuses », a averti l’UNRWA, avec des centaines de personnes « devant partager une seule toilette », dans certains cas.
« La crise actuelle et la crainte de nouveaux déplacements ajoutent une souffrance insupportable à ceux qui survivent déjà avec un minimum de nourriture », a insisté l’agence onusienne sur le réseau social X.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…
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