Luc MICHEL répond ici aux questions de Karel Huybrechts

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REVUE DE PRESSE – PRESS REVIEW – ГАЗЕТА/
PCN : BILANS, ANNIVERSAIRES , REGARDS ET PERSPECTIVES … (PARTIE II)
LUC MICHEL REPOND AUX QUESTIONS DE KAREL HUYBRECHTS (Février 2012)

Partie II

– 1962-2012 : 50 ans d’Organisation Communautariste Transnationale (JE-PCE-PCN)
– 1984-2012 : 28 ans du PCN-NCP
– 1972-2012 : 40 ans de vie militante de Luc MICHEL
– 1992-2012 : 20 ans après la disparition de Jean THIRIART

Luc MICHEL répond ici aux questions de Karel Huybrechts, ouvre ses archives et celles de Jean THIRIART et du PCN.

Prépublication en version digitale Pdf par le Service de Presse du PCN (Bruxelles & Kishinev) en mai 2013.

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Sommaire :

I – Regards sur l’Organisation Communautariste Transnationale : passé, présent, parcours

II – Concepts, doctrine et idéologie : Définitions et précisions à propos du Communautarisme européen

III – Les Bases doctrinales et la genèse idéologique du Communautarisme européen

IV – Evolutions : de JEUNE-EUROPE au PCN

V – Mythes et réalités : réponses à la « propagande noire » sur le PCN

VI – La vision européenne alternative du Communautarisme européen

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II – CONCEPTS, DOCTRINE ET IDÉOLOGIE : DÉFINITIONS ET PRÉCISIONS À PROPOS DU COMMUNAUTARISME EUROPÉEN

* Question – Karel Huybrechts : Je souhaiterais avant de poursuivre sur le fond notre entretien que l’on précise différents concepts. L’idéologie de THIRIART et du PCN est à la fois riche et complexe. Par ailleurs, le même vocable peut prendre divers sens, pas toujours compatibles, parfois opposés, suivant ceux qui les utilisent. Ainsi le concept de « National-bolchévisme » a divers sens, suivant les définitions opposées de certains universitaires français comme FAYE ou DUPEUX, celles du PCN, ou encore celles – proches de vos thèses mais opposées aux chercheurs français – des universitaires russes ou américains qui ont, eux aussi, écrit sur le sujet, comme AGURSKY ou BRANDENBERGER.

Je pense que définir les concepts principaux ou centraux du communautarisme européen recadrera notre sujet et dissipera certains équivoques. Commençons donc par ce « National-bolchévisme » qui fait visiblement débat ?

Luc MICHEL : Il faisait déjà débat il y a neuf décennies !

Tout d’abord précisons le cadre idéologique.

Le terme de « Bolchévisme national », « national Bolchevismus » en deux mots en Allemand, apparaît en 1919 sous la plume de Karl RADEK, le délégué du Komintern en Allemagne. Il désigne par là tout d’abord la gauche du Communisme allemand, alors rassemblée à Hambourg par ses deux leaders LAUFENBERG et WOLFFHEIM.

En 1921, RADEK en fera « National-bolchévisme », « Nationalbochevismus » en un seul mot. Terme où, cette fois et dans un sens différent de 1919, il englobe alors tous ceux qui à droite du KPD sont partisans de l’Alliance avec la Russie soviétique.

* Question – Karel Huybrechts : Et le „Communisme national“, qui était, si je ne me trompe pas, la définition que les « Hambourgeois » donnaient de leur mouvement ?

Luc MICHEL : Le terme de « Communisme national », « national Kommunismus » en deux mots en allemand, est effectivement celui par lequel se désignent eux mêmes en 1919 Lauffenberg et Wolfheim. (1) Ils sont les initiateurs à la fois du National-communisme tel qu’il apparaîtra au sein et en marge du KPD après 1930, et de la version idéologique du National-bolchévisme, dans le sens qu’elle prendra après 1925 – fusion du mouvement national révolutionnaire et du socialisme, « orienté à l’Est ». Sens que lui donnera aussi le PCN en 1983-85, lorsque notre Parti réinventera idéologiquement et politiquement le « national-bolchévisme moderne », celui de la fin du XXe Siecle, et le « national-communisme »…

* Question – Karel Huybrechts : Et ce „National-communisme“, d’où vient-il?

Le vocable de National-communisme », « Nationalkommunismus » en un seul mot en allemand – et dans ce cas le second mot est le principal et le premier le précise – , est, lui, inventé par un de ses adversaires les plus radicaux, TROTSKI, pour dénoncer cette ligne idéologique du KPD et du Komintern, dans son livre « GEGEN DIE NATIONALKOMMUNISMUS » publié en 1931.

* Question – Karel Huybrechts : Quel rapport avec le „Nationalisme-révolutionnaire“?

Luc MICHEL : Le vocable « Nationalisme-révolutionnaire », en un seul mot en allemand « die Nationalrevolutionäre »,  les Nationaux-revolutionnaires, est clairement daté lui aussi, il naît dans l’Allemagne des années 1919-20 au sein de la mouvance communiste allemande et non pas dans les milieux nationalistes.

On remarquera que si le « National-bolchévisme » est une idéologie, le « Nationalisme-révolutionnaire » est lui un mouvement, aux frontières idéologiques mouvantes.

Le premier qui utilisa le terme de « Nationalisme-révolutionnaire » fut LAUFENBERG, le leader du Conseil des Ouvriers, Marins et Soldats d’Hambourg – encore et toujours lui ! –  en 1919.

Le terme sera repris par la suite dans les publications de l’Internationale communiste et dans plusieurs livres de LENINE ou de TROTSKY et il fut largement utilisé lors du « Congrès des Peuples opprimés » à Bakou organisé par les Bolcheviques en 1922. Ceci est soigneusement oublié ou dissimulé par les « chercheurs » de l’Université française !

* Question – Karel Huybrechts : Comment ce concept de „Nationalisme-révolutionnaire » né à gauche arrive-t-il au sein de l’aile radicale du nationalisme allemand ?

Luc MICHEL : Il fut ensuite repris, en compagnie et puis en substitution du terme « néonationalisme », par la mouvance des frères Ernst et Friedrich-Georg JÜNGER, qui élaborèrent une somme idéologique opposée au libéralisme et au capitalisme, mais aussi au nazisme. Le « Nationalisme-révolutionnaire » prend alors en Europe sa signification actuelle.

* Question – Karel Huybrechts : Un livre, „LE TRAVAILLEUR“ d’Ernst JÜNGER semble jouer un grand rôle dans ce contexte ?

Luc MICHEL : Ce Nationalisme-révolutionnaire moderne, tout comme le National-bolchevisme, doit effectivement beaucoup à une oeuvre fondamentale d’Ernst JÜNGER, « LE TRAVAILLEUR » – DER ARBEITER –, publiée en 1932, dans laquelle Ernst NIEKISCH voyait un ouvrage « fondamentalement national-bolchevique », et à propos duquel le « VÖLKISCHER BEOBACHTER », l’organe du NSDAP, écrivait que JÜNGER « se rapprochait de la zone des balles dans la tête ».

HITLER, lui, y voyait l’adversaire principal qui « barrait la route » au Nazisme, dans ses entretiens avec Hermann RAUSCHNING, que celui-ci publiera sous le titre « HITLER M’A DIT »… Ecoutons Adolf HITLER tonnant en 1934 contre l’idéologie nationale-bolchévique et le livre DER ARBEITER : « Non, l’idée d’un Etat du travail supra-national avec le travail infligé comme un pensum dans un réseau d’industries savamment groupées, tout cela n’a pu naître que dans l’esprit délirant et super-rationaliste d’une coterie d’intellectuels dépourvus de tout instinct national. Tout ce « socialisme prussien » n’est que rêverie et duperie. C’est faux et c’est dangereux, parce que cela barre la route au national-socialisme » !

JÜNGER  prédit dans son livre l’avènement d’un Etat où dominera la « figure du Travailleur », dans un système où le capitalisme libéral a définitivement été aboli. C’est là l’essence de l’idéologie national-bolchévique.

* Question – Karel Huybrechts : Pourquoi une telle opposition entre JÜNGER et HITLER ? Qu’est-ce qui oppose aussi radicalement National-Socialisme et National-Bolchévisme pour que HITLER en fasse son adversaire principal ?

Luc MICHEL : L’idéologie nationale-révolutionnaire pense en terme d’Etat et d’espace, alors que les nationaux-socialistes pensent en termes de peuples et de races. Ernst JÜNGER, dans le « TRAVAILLEUR » et dans « L’ETAT UNIVERSEL », le livre qui lui fait suite, et qui le complète – ce qui est aussi souvent ignoré – souhaite d’ailleurs un « Etat planétaire » proposant un modèle alternatif de vision de l’homme et de la société. L’étendue de cet Etat exclut toute vision raciale ou ethnique.

On notera donc que cette position de Hitler exposée dans ses conversations avec Hermann RAUSCHNING qui voyait dans LE TRAVAILLEUR l’adversaire politique et idéologique principal du Nazisme, était une opinion que partageait la SS. La revue de NIEKISCH, « WIDERSTAND » était ainsi présentée dans le journal de la SS « DER SCHWARZE KORPS » comme « l’organe principal de l’adversaire »…

* Question – Karel Huybrechts : Des concepts allons à la concrétisation politique. Comment naquit cette mouvance que tu as qualifiée  de « Galaxie » ?

Luc MICHEL : L’aventure du National-Communisme et du National-bolchevisme avait commencé comme nous l’avons déjà vu en 1919 à Hambourg, alors plongée en pleine révolution soviétique à la suite de l’effondrement du IIe Reich en 1918. C’est là que devait s’incarner ce courant « communiste national », matrice du futur « national-bolchevisme » allemand, dirigé par deux leaders de la révolution de 1918 dans cette ville, Heinrich LAUFENBERG et Friedrich WOLFFHEIM, qui esquissèrent des positions nationales-communistes. Dès le 6 novembre 1918, LAUFENBERG proclamait à Hambourg la « République des conseils socialiste et grand allemande » et devenait le président du « Conseil ouvrier de Hambourg ». Il s’agissait là de l’affirmation de positions communistes radicales en alliance avec des tendances nationales marquées (1).

De 1919 à 1921, WOLFFHEIM et LAUFENBERG animèrent aussi bien en Allemagne qu’au sein de la « Troisième Internationale » un courant national-bolchevique connu sous le nom de « national-communisme hambourgeois » et qui faisait concurrence aux Spartakistes qui venaient de constituer le « Parti Communiste Allemand », le KPD. Chassés en octobre 1919 de ce parti (2), ils fondèrent immédiatement un Parti Communiste dissident, le KAPD, le « Parti Communiste Ouvrier Allemand ». Au sein de ce Parti, qui sera représenté comme observateur jusqu’en 1922 au « Komintern » (3), WOLFFHEIM et LAUFENBERG défendaient l’idée de créer une « Armée rouge allemande » afin de reprendre la guerre contre les vainqueurs impérialistes de Versailles. Après 1922, ils animèrent une « Ligue des communistes ». Il est à noter que ce courant développait, dès le début des années 20, un anti-américanisme virulent.

A partir du milieu des Années 20 et jusqu’à l’avènement du National-socialisme en 1933, le National-bolchevisme deviendra une composante importante du paysage intellectuel et politique de la République de Weimar. (4) De nombreux intellectuels adopteront des positions nationales-bolcheviques (5).

* Question – Karel Huybrechts : Ernst NIEKISCH est donc l’un de ces intellectuels?

Luc MICHEL : Au premier rang de ceux-ci, il faut en effet placer Ernst NIEKISCH, qui deviendra le plus célèbre et le principal représentant du courant national-bolchevique allemand. (5) Issu du courant socialiste allemand, un des leaders de la révolution communiste et de la « République des conseils » à Munich en 1919, NIEKISCH est donc issu de l’extrême gauche comme les « Hambourgeois ». NIEKISCH évoluera vers des positions nationales-bolcheviques et « néo-nationalistes », en particulier au travers de la revue qu’il animait, « WIDERSTAND » (Résistance), et des cercles du même nom (6), puis d’un mouvement, le « WIDERSTAND BEWEGUNG », réorganisé dans la clandestinité après 1934. NIEKISCH aura une influence prépondérante notamment sur les mouvements de jeunesse allemands d’avant 1933, connus sous le nom de « BÜNDISCHE JUGEND ». La mouvance de « WIDERSTAND » était constituée aussi bien d’anciens sociaux-démocrates et de syndicalistes que de nombreux représentants des courants « néo-nationalistes » et nationaux-révolutionnaires allemands des Années 20-30.

* Question – Karel Huybrechts : Certains font de NIEKISCH le précurseur des révolutions nationales du Tiers-Monde. Partagez-vous cette appréciation ?

Luc MICHEL : Oui, sans réserve ! Le biographe de NIEKISCH, Sebastian HAFFNER, dans ses « PROFILS PRUSSIENS » écrira en 1980 : « L’idée politique fondamentale de NIEKISCH est que la libération nationale et la révolution socialiste sont une seule et même chose, qu’elles sont les deux côtés de la même médaille. Cette idée est-elle autre chose que la maxime commune des actions de MAO et de HO CHI MINH, de Fidel CASTRO, de Che GUEVARA (…) ? Les partis révolutionnaires anti-bourgeois, anticapitalistes, anti-occidentaux du Tiers Monde portent tous le même nom FLN (Front de Libération Nationale). La révolution socialiste porte partout le drapeau nationaliste. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le vrai théoricien de la révolution universelle qui est en marche aujourd’hui n’est pas MARX, ni même LENINE. C’est NIEKISCH ». (6)

* Question – Karel Huybrechts : NIEKISCH n’est pas le seul?

Luc MICHEL : De nombreux autres noms émergent de la galaxie nationale-bolchevique allemande, comme ceux de Friedrich LENZ, Harro SCHULZE-BOYSEN et Arvid HARNACK, les futurs dirigeants de l’ »Orchestre Rouge » à Berlin en 1936-42, Karl Otto PAETEL, Theo HESPERS, ou encore Hans EBELING … Tous, s’illustreront dans la résistance intellectuelle, militaire, armée ou de renseignement au régime hitlérien (7)

* Question – Karel Huybrechts : Vous distinguez „national-communisme“ et „national-bolchevisme“. Pourriez-vous préciser au niveau politique cette distinction ?

Luc MICHEL : Le K.P.D., le Parti Communiste Allemand, lui-même développa des positions dites « nationales-communistes », notamment pour reconquérir la frange nationaliste du prolétariat passée au Nazisme. Cette ligne politique culmine en 1930 avec l’adoption du programme dit de « libération nationale et sociale » – « Programm der nationalen und sozialen Befreiung des deutschen Volkes », qui séduit de nombreux nationaux-révolutionnaires et enlève au mouvement hitlérien une partie de sa gauche..

« Le KPD tente de s’assurer la direction de la vague national-bolchevique qui s’amorce en 1930, tout d’abord au moyen du « programme de la KPD en vue de la libération nationale et sociale du peuple allemand », paru le 24 août 1930, puis, une seconde fois, au printemps 1931, par son « programme d’aide aux paysans ». Il se forme, au sein du KPD, une aile « nationale-communiste » autour de Heinz NEUMANN, qui cherche des contacts avec des forces analogues nationales… Le KPD est alors rejoint par des autres représentants de la droite, de tendances à la fois nationalistes et socialistes, des aristocrates comme Ludwig RENN (pseudonyme d’Arnold VIETH VON GOLSSENAU) et le comte Alexander STENBOCK-FERMOR, des dirigeants du Mouvement paysan (« Landvolkbewegung ») tel que Bruno VON SALOMON et Bodo UHSE, des officiers comme SCHERINGER, héros d’un procès spectacle, et même des chefs de corps francs comme le capitaine Beppo RÖMER, qui s’était distingué dans l’assaut de l’Annaberg, lors des combats d’après-guerre en Haute Silésie, devenu un symbole nationaliste ». Et qui deviendra un grand résistant au Nazisme, exécuté finalement après un attentat contre HITLER en 1940.

* Question – Karel Huybrechts : C’est dans ce contexte que s’inscrit et qu’apparait la fameuse „orientation à l’Est“, qui est une des caractéristiques de cette « galaxie » et que l’on retrouve encore au PCN après 1983 ?

Luc MICHEL : Il faut tout d’abord ouvrir une parenthèse pour définir l’arrière-plan idéologique de la collaboration germano-soviétique, ou plutôt, dans l’esprit de ses protagonistes, germano-russe.

Si l’ « orientation à l’Est », l’ « esprit de Torraugen » et le National-bolchévisme, du type allemand, animent de nombreux officiers allemands et les intellectuels du National-bolchevisme allemand, une autre forme de National-bolchévisme, le russe et le soviétique, né dès la fin du XIXe siècle, anime leurs partenaires soviétiques. Et le premier d’entre eux, Joseph STALINE.  Quant aux cadres du KPD, ils appartiennent pour nombre d’entre eux à la « ligne de libération nationale et sociale » nationale-communiste adoptée en 1930. A commencer par Anton AECKERMANN, son idéologue, qui sera plus tard celui de la « voie nationale allemande vers le socialisme » dans les premières années de la DDR.

Il y a donc une connivence et des affinités idéologiques entre tous les partenaires de cette aventure

* Question – Karel Huybrechts : Pourrais-tu définir ce « national-bolchevisme russe » ou soviétique ? Quels sont ses rapports avec le National-bolchevisme allemand ?.

Luc MICHEL : Le National-bolchevisme russe naît à la fin du XIXème siècle. Donc bien avant son épigone allemand de 1919-45 ! C’est une des fractions du Parti bolchevik : la fraction « V PERIOD » (« En avant ! », en russe), c’est la fraction notamment de Lunatcharsky qui va être Commissaire bolchevik à la culture dans les Années 1920. Et il est intéressant de noter une chose fondamentale: c’est que ces gens ne sont pas l’extrême-droite du Parti bolchevik, mais son extrême-gauche, la fraction bolchévique la plus à gauche à l’époque!

Ensuite, après la Révolution d’Octobre, le National-bolchevisme russe se développe à la fois en dehors du Parti bolchevique, dans l’immigration, avec OUSTRIALOV. Cette version marginale étant la seule étudiée en Europe occidentale, et n’est pas éloignée de la « galaxie » allemande. Ceci d’autant plus qu’il s’agit d’un mouvement qui se développe dans l’immigration russe, à Munich notamment.

Un national-bolchevisme russo-soviétique, issu de la Fraction d’avant 1917, se développe aussi dans le Parti bolchévique soviétique, où il triomphe avec STALINE, qui l’impose peu à peu. Et qui s’intéresse beaucoup aussi au « National-bolchevisme russe » d’OUSTRIALOV.

* Question – Karel Huybrechts : Sur ce „National-bolchevisme russe“ vous êtes en accord visiblement avec les chercheurs universitaires russo-américains qui l’étudient ?

Luc MICHEL : Cette analyse, que nous faisions dès le milieu des Années 80, a depuis en effet été confirmée par les résultats les plus modernes de la recherche universitaire anglo-saxonne, qui est plus sérieuse que l’européenne ; celle des écoles universitaires qui n’étudient que le National-bolchévisme russe.

Leurs travaux s’inscrivant dans la suite de ceux du professeur Mikhail AGURSKI, qui est un « refusnik », un Juif russe qui a immigré en Israël. Il est le fils du responsable de la section juive du PCUS, le Parti Communiste de l’Union Soviétique. Et il a été le premier à étudier largement le phénomène dans un livre qui s’appelle « LA TROISIÈME ROME » (8), qui n’a jamais été traduit en français, alors qu’il est développé au départ d’une thèse présentée à Paris ! Tout simplement parce qu’il dérange la mafia de l’Université française.

* Question – Karel Huybrechts : Que disent ces chercheurs universitaires américains sur ce „National-bolchevisme russe“?

Luc MICHEL : Les universitaires américains parlent du National-bolchévisme russe comme du « noyau idéologique » du régime stalinien. Ils définissent le national-bolchévisme comme la « réalisation d’une société communiste dans un cadre national-soviétique ». Ils étudient la mise en place de cette idéologie entre 1924 et 1940 et ils constatent qu’elle a débouché sur une mentalité collective, sur une culture de masse, qui est celle du Stalinisme et qui imprègne encore aujour’hui la mentalité russe de masse. Les principaux représentants de cette très importante école américaine, ce sont les professeurs BRANDENBERGER et BRUDNY.

BRANDENBERGER a précisément écrit un livre qui s’appelle STALINIST MASS-CULTURE (9) – le terme est éclairant –, et il explique que la mentalité du peuple soviétique, jusqu’à la chute de l’Union Soviétique, a été formée par ce National-bolchévisme russe ou stalinien. David BRANDERBERGER, dans « STALINIST MASS CULTURE » définit le National-bolchevisme russe comme l’instauration par Staline d’un « marxisme-léninisme russe dans un cadre national soviétique ». AGURSKY définit lui le National-bolchevisme comme l’ « association du Communisme et de la Nation russe ».

* Question – Karel Huybrechts : Revenons au National-bolchevisme allemand pour d’autres précisions. Vous évoquez aussi, et vous êtes le seul, l’expérience du général SCHLEICHER en 1932-34 ?

Luc MICHEL : SCHLEICHER est une figure centrale et méconnue, méjugée, qui agit à un moment-clé, juste avant la prise de pouvoir par les Nazis. Il est à la fois à la naissance de l’opposition militaire au Nazisme, celle des nationalistes qui organiseront le coup du « 20 juillet 1944 », mais aussi celle des officiers pro-soviétiques du NKFD  – le « National Kommmittee Freies Deutschland » et du BDO des Années 1943-45, qui organiseront l’armée de la DDR (10) après 1945.

Mais aussi le concepteur du « Querfront », le « Front transversal », concept politique typiquement national-bolchevique et qui inspirera le « Front Noir-Rouge-Vert du PCN » dans les Années 1993-1999…

SCHLEICHER, surnommé le « général rouge », est aussi une des figures les plus importantes de la République de Weimar. Entre 1932 et 1934, il mènera trois tentatives de front politique destinées à barrer la route à HITLER, puis à l’écarter du pouvoir. Il tente de mettre sur pied un régime républicain fort extra-parlementaire basé sur un « Querfront » (« Front transversal »), un « front rouge-gris-noir », avec les syndicats socialistes et aussi chrétiens-démocrates de gauche (les « rouges »), la Reichwehr et la milice nationaliste du Stahelm (les gris) et les « noirs », c’est-à-dire la gauche de la NSDAP. Celle d’une partie des SA, celle surtout de Gregor STRASSER, anti-hitlériens, que le général veut détacher de la NSDAP, la fraction d’Otto STRASSER – à ne pas confondre avec celle de son frère – ayant déjà quitté le parti pour former le « Front Noir », qui basculera dans la résistance au IIIe Reich après février 1933. Mais aussi la galaxie nationale-bolchévique et nationale-révolutionnaire allemande.

* Question – Karel Huybrechts : Les frères STRASSER et le „Strassérisme“ font partie de cette « galaxie Nationale-bolchevique » allemande ?

Luc MICHEL : Non ! Pas du tout. Evoquer des sujets étrangers à cette « galaxie » nous conduirait trop loin. Dans mon étude de 1993, « L’ALTERNATIVE NATIONAL-COMMUNISTE. MYTHES ET REALITES DU NATIONAL-BOLCHEVISME 1919-1993 », qui existe sur le net en français, anglais et espagnol, j’ai longuement exposé tout ce qui sépare le « Strassérisme » de cette « galaxie ». Je vous y renvoie donc.

* Question – Karel Huybrechts : Bien d’accord avec vous. Et SCHLEICHER, pourquoi échoue-t-il ?

Luc MICHEL : SCHLEICHER échouera, en raison des intrigues de la droite conservatrice, qui pense pouvoir utiliser HITLER. Complotant de nouveau après l’arrivée au pouvoir de HITLER, SCHLEICHER sera abattu le 30 juin 1934, lors de la fameuse « nuit des longs couteaux ».

Kurt VON SCHLEICHER est aussi l’un des architectes de l’ « orientation à l’Est » de la République de Weimar et l’organisateur de la collaboration militaire et industrielle entre l’Armée Rouge et la REICHWER, dans la période qui va du Traité de Rapallo entre l’URSS et l’Allemagne en 1922 jusqu’à l’arrivée au pouvoir des nazis en janvier 1933. Le général SCHLEICHER, en septembre 1930, déclarait : « les bolcheviks ne sont pas nos adversaires. En tout cas pas les nôtres (…) Staline estime qu’ensemble la Russie et l’Allemagne pourront demain dominer le continent. Sur la Pologne et l’Europe centrale, nous avons le même point de vue ».

* Question – Karel Huybrechts : Vous évoquez souvent la „ligne de libération nationale et sociale“ du KPD de 1930. Et vous faites inévitablement le lien avec la stratégie politique du PCN après 1983. Quel est le rapport ?

Luc MICHEL : L’un des principaux reproche qui est fait souvent au PCN, la plupart du temps par des groupuscules trotskistes recyclés dans l’ « antifascisme de salon », à vocation alimentaire ou para-policière, est d’accueillir un certain nombre de cadres ou de militants issus de formations d’extrême-droite.

Ce qui singularise la démarche du PCN, c’est justement de distinguer clairement la direction de l’extrême-droite de sa base militante et de son électorat, dont les membres sont souvent honnêtes et animés d’un sentiment anti-système. Notre but est de les récupérer et de les retourner pour, depuis trois décennies combattre l’extrême-droite et ensuite lutter contre le Régime.

La ligne du PCN s’inscrit ici clairement dans la tactique prônée au début des Années ‘30 par le Komintern pour lutter contre le Nazisme en Allemagne.

En 1930 donc, le KPD, le Parti communiste allemand, publiait sa « Déclaration pour la libération nationale et sociale du peuple allemand » dans laquelle il s’adressait directement aux électeurs et aux militants du parti nazi, en vue de les détacher de ce dernier et de les amener à lutter pour la révolution. Cette ligne, qui fut malheureusement engagée trop tard, rencontra un certain succès et bon nombre de militants récupérés dans les rangs nazis ou de l’extrême-droite nationaliste deviendront de bons communistes ou de sincères nationaux-communistes et se sacrifieront ensuite dans la résistance contre l’Hitlérisme.

* Question – Karel Huybrechts : Cette ligne était-elle propre au KPD? Quelle était la position du Komintern sur ce sujet ?

Luc MICHEL : Cette ligne n’était nullement opportuniste ni limitée à l’Allemagne, elle fut l’une des stratégies fondamentales de l’Internationale communiste dans les Années ‘20 et ‘30.

Plusieurs congrès du Komintern furent consacrés à la jonction de la question nationale et de la question sociale qui est une des caractéristiques de la démarche bolchevique. Fait qu’ont oublié nos « communistes de margarine » comme les appelait STALINE, qui sont nombreux dans les rangs de la « nouvelle gauche » recyclée dans  la mouvance antifasciste.

Un recueil de textes de LENINE s’intitule d’ailleurs significativement « DE LA LIBERATION NATIONALE ET SOCIALE ». La préface soviétique de l’édition française de ce livre republié en 1986 par les Editions du Progrès à Moscou, précise que « le présent  recueil comprend les textes intégraux ou partiels, d’interventions, d’articles, de lettres ou d’écrits de LENINE sur la question nationale, la liaison de la lutte de classe du prolétariat et de la lutte contre l’oppression nationale, de la lutte pour le socialisme et de la lutte anti-impérialiste des peuples asservis pour leur libération ». Il s’agit de textes qui vont de la naissance du « Parti Ouvrier Social Démocrate de Russie » à la mort de LENINE.

Notre ligne n’est donc nullement opportuniste ou conjoncturelle, elle s’ancre profondément dans la stratégie du courant auquel nous appartenons.

* Question – Karel Huybrechts : A vous entendre on pourrait déduire que vous avez une conception quasi biologique de l’évolution d’une idéologie?

Luc MICHEL : Une idéologie n’existe pas intrinsèquement, dans le vide. Elle est un rapport de force avec d’autres courants politiques existants, elle naît, existe, croit, évolue par rapport à une situation sociale, politique, régionale et internationale. Une idéologie a aussi une lignée, un arbre généalogique, une genèse. J’ai longuement exposé cette conception vitaliste de l’idéologie dans mon livre de 1985 « LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE ».

* Question – Karel Huybrechts : Venons-en à un sujet polémique mais incontournable. C’est la question du « Nationalisme-révolutionnaire » d’ après les Années 70. Vous vous opposez souvent violemment sur ce sujet à certains chercheurs de l’Université française ?

Luc MICHEL : Ces chercheurs, souvent liés aux polices politiques françaises, ont une thèse prédéterminée sur le Nationalisme-révolutionnaire en France – qui est historiquement fausse et pleine de lacunes. Et ils refusent, ou pire occultent, tout ce qui va à l’encontre de leur thèse. Particulièrement la réalité du PCN, expédié généralement en quelques lignes erronées de bas de page dans leurs textes.

J’ai pour habitude – et le Droit est supérieur en cela à la critique historique – de ne juger que sur pièces, pas sur des « témoignages » et autres billevesées, surtout lorsqu’elles viennent de spécialistes de la « propagande noire » des sectes. Je n’écrit jamais une ligne qui ne puise s’appuyer sur un document irréfutable. Et si on m’a fait de nombreux procès de presse, je n’en ai jamais perdu un seul ! Mais ces « chercheurs », eux, n’utilisent que des pseudo « témoignages » de troisième main, voire des rapports de police politique.

EMPATHIE

Ces « chercheurs » tiennent – et c’est là une de leurs convergences – en fait le même raisonnement que les néonazis proches des Fronts nationaux belges et français, eux-mêmes auxilliaires de ces mêmes polices politiques et ce n’est pas un hasard, qui utilisent abusivement le vocable « NR » pour désigner une réalité totalement différente : le néo-fascisme. Ils semblent tous oublier précisément qu’une idéologie ne naît pas ex abrupto, qu’elle est le fruit d’une genèse, qu’elle prend place dans un arbre généalogique d’idées qui se nourrit de courants et de précurseurs.

* Question – Karel Huybrechts : Vous semblez inclure ces chercheurs et universitaires parmi vos ennemis politiques ? En ce qui concerne les Français et les Belges en tout cas…

Luc MICHEL : C’est bien ce qu’ils sont, dans tous les sens du terme. L’Université franco-belge a une prétention insupportable. Celle d’être neutre ou « scientifique ». A les lire, leur travail répondrait à des critères déontologiques ou même éthiques. Eux seraient La – avec L majuscule – vision réaliste, objective. Et toutes les autres approches seraient faussées par une vision subjective, subjectivité due à l’engagement politique ou encore à la non-appartenance au milieu universitaire et à ses méthodes de travail.

Tout cela ne correspond pas à la réalité ! L’Université est en fait un des « Appareils idéologiques d’état » qui assure le conditionnement social et politique au service du Système dominant.

* Question – Karel Huybrechts : Je suppose que vous faites référence aux thèses de Gramsci?

Luc MICHEL : Oui. La notion « d’appareil idéologique d’état » a été développée par le philosophe et théoricien communiste italien Gramsci au début des Années 20 ( ), avant la dictature fasciste et son emprisonnement. Elle a aussi été développée par le philosophe communiste français Althusser, le trotskiste Nicos POULANTZAS ( ) et le théoricien communiste Henri LEFEBVRE ( ).

Notre vision s’inspire essentiellement de Gramsci, d’une lecture critique de Poulantzas et Lefebvre. Et des évolutions dues à l’avènement de la globalisation et de la société des médias de masse.

*Question – Karel Huybrechts : Pourriez-vous préciser cette notion « d’appareil idéologique d’état » ?

Luc MICHEL : Avec cette notion, on est au cœur des débats sur la théorie marxiste de l’Etat. On distingue tout d’abord les appareils répressifs de l’Etat bourgeois : Armée, Police, Justice (dont le rôle premier est la défense de l’Ordre social et politique bourgeois), Gouvernement (l’exécutif), Parlements (le législatif).

Une remarque à ce sujet : le Parlement bourgeois n’est nullement l’expression de la démocratie. Il est la représentation des intérêts des classes dominantes de l’Etat bourgeois et son rôle n’est pas d’assurer la « représentation populaire » et encore moins de réaliser la « démocratie ». Mais bien de garantir, préserver, défendre l’ordre de l’Etat bourgeois et ses oligarchies. Pour les sceptiques, en ce mois de juin 2012, il y a l’exemple révélateur de la nouvelle Assemblée nationale qui vient d’être élue en France : aucun ouvrier député mais plus de 200 fonctionnaires, magistrats, avocats…A chaque fois que le peuple, ou les masses populaires pour utiliser le langage marxiste, s’est soulevé et a pris le pouvoir, il l’a fait contre les Parlements bourgeois. Voir la Première Commune de Paris en 1789-94, la Seconde Commune de Paris en 1871, les Soviets de 1905, ceux de 1917 et de la Révolution bolchevique. Et toutes les révolutions écrasées par la bourgeoisie après 1917. L’instauration du véritable pouvoir du peuple c’est la Démocratie Directe, pas le parlementarisme bourgeois. Et aujourd’hui encore, en Suisse, où coexistent à la fois des résidus de Démocratie Directe et des institutions parlementaires bourgeoises, c’est un conflit permanent entre les deux. Dans un processus où le Parlementarisme vide la Démocratie Directe de sa substance. Mais ceci est une autre histoire…

Revenons à votre question. A côté des appareils répressifs il y a, justement, les « appareils idéologiques d’état », dont le rôle est de produire l’idéologie, le discours justificatif de l’Etat bourgeois. D’où leur qualificatif d’ « idéologique ». Ce sont les partis bourgeois – de l’extrême gauche à l’extême droite, les digues du Système dont le rôle est de canaliser et détourner le mécontentement pour le neutraliser – , les syndicats, les ONG, les medias – qui ne sont pas un contre-pouvoir, le pseudo « 4e pouvoir » tant vanté par la presse des USA, mais en réalité un des appareils de l’Etat bourgeois – …

Et bien entendu tout l’appareil éducatif de l’Etat bourgeois : Ecole, Université, Instituts de Recherche, think-tanks, etc. Le rôle du secteur éducatif est central : assurer le conformisme politico-social, fournir à l’Etat bourgeois son discours dominant et justificatif. Et bien entendu combattre les ennemis de l’Etat bourgeois, les ennemis du Système. En attaquant non seulement le discours et l’idéologie révolutionnaire. Mais aussi en la neutralisant idéologiquement et politiquement.

* Question – Karel Huybrechts : Je suppose que c’est la raison pour laquelle vous traitez ces « chercheurs » dont vous contestez les thèses de « mercenaires idéologiques du Système » ?

Luc MICHEL : Bien entendu. Le clivage qui existe entre la recherche anglo-saxonne et l’Université franco-belge – les deux fonctionnant de manière étroitement similaire en France et en Belgique – est quelque chose de visible, d’incontestable. Il faut voir qui sont ces « chercheurs » et leurs maîtres. A chaque fois ils sont liés financièrement – salaires, budgets, bourses, subsides – à l’Appareil de l’Etat bourgeois, quand ce n’est pas à un parti bourgeois. Ou encore à l’OTAN ou aux ambassades américaines. Dès lors leur prétention à effectuer un travail objectif est une farce.

* Question – Karel Huybrechts : Cela n’explique pas tout au niveau du PCN. Vous évoquez aussi le rôle de certaines sectes ou réseaux de type maçonnique ?

Luc MICHEL : Oui. Le PCN est depuis 20 ans la cible de réseaux qui se sont infiltrés au sein de l’Université française, mais aussi italienne et anglaise. Phénomène général par ailleurs.

Où l’on voit régulièrement des scandales défrayer la chronique et secouer – jamais bien longtemps, le milieu est celui du consensus lâche – les universités. On connaît surtout les infiltrations au sein des Universités de la Scientologie ou de certains réseaux fondamentalistes chrétiens américains. Ou encore celle des réseaux intellectuels salafistes.

Dans le cas du PCN, c’est un réseau très influent de nature à la fois sectaire et maçonnique, qui s’appelait le « Groupe de Thèbes » au début des Années 1990. C’est le journaliste français Serge Faubert qui l’a mis à jour. L’HUMANITE (Paris) s’est aussi intéressée à lui vers 1999-2000, révélant un genre de syndicat universitaire (au sens maffieux du terme), avec des relais maçonniques influents, et des liens étroits avec une secte ésotérique néo-fasciste, l’OTO, où l’on s’appuie et se coopte. En 2000 encore, le Procureur DE MONTGOLFIER a mis à jour des affaires liées à ce réseau à Nice. La plus grande partie de la « propagande noire » contre nous est produite par ce réseau.

* Question – Karel Huybrechts : Qu’entendez-vous par « propagande noire » ?    

Luc MICHEL : C’est une notion directement issue du monde sectaire. De la Scientologie précisément. Cette secte a mis sur pied sa police politique privée. Et a conçu la fameuse « propagande noire ». C’est-à-dire l’invention pure et simple d’une propagande destinée à déstabiliser l’adversaire, voire à le détruire.

Le principe étant qu’il restera toujours quelque chose du mensonge. Et que la boue salit toujours. Dans le cas du PCN, ou de moi-même, toutes les choses fausses que l’on peut lire provient de ce réseau issu du « Groupe de Thèbes » et de la secte OTO.

A commencer par la réécriture de ma biographie ou de l’histoire de Thiriart et du PCN, notamment sur la pseudo « encyclopédie » Wikipedia. Où par exemple la moitié de ma pseudo « biographie » est inventée y compris la publication d’injures infantiles. Et où par contre la plupart de mes activités sont dissimulées. Cherchez mes activités juridiques, le MEDD-MCR, les Comités ELAC ou encore EODE… Wikipedia se ridiculise à accepter cela. Et y perd toute prétention à revendiquer un caractère scientifique.

Avec les années, les infiltrations se sont évidemment développées. Ainsi le réseau dispose de relais dans des universités comme Perpignan  en France. Ou encore Oxford. Nous y reviendrons plus avant dans notre entretien.

* Question – Karel Huybrechts : Une dernière question sur ces „appareils idéologiques d’état“. Et concernant cette fois directement le PCN. C’est une réflexion sur la nature même de votre Organisation en ce début du XXIe siècle.

Dans une interview filmée réalisée pour PCN-TV en octobre 2011 à Moscou, vous définissiez votre action comme celle d’un « anti OTPOR », le célèbre réseau d’action international lié à l’OTAN et que l’on retrouve derrière les « révolutions de couleur » en Europe de l’Est et les soi-disant « révolutions arabes » actuelles.

Par ailleurs, dans votre livre de 1986 « Le Parti Historique Révolutionnaire », vous insistez sur le fait que votre Parti, dès le départ, est un « contre-état ». C’est-à-dire, pour résumer votre concept, qu’il présente non seulement une alternative révolutionnaire au Système mais aussi un modèle d’Etat alternatif. Ne peut-on dire que le PCN est en fait aussi un « contre-appareil idéologique » ?

Luc MICHEL : Vaste question !

* Question – Karel Huybrechts : Après ce long détour indispensable, revenons-en au Nationalisme-révolutionnairev lui-même. Comment défini tu ce concept à la fois politique et idéologique ?

Le Nationalisme-révolutionnaire est clairement daté, il naît, comme nous l’avons vu, dans l’Allemagne du début des années 20 au sein de la mouvance communiste allemande et non pas dans les milieux d’extrême-droite. Le premier qui utilisa le terme de « Nationalisme-révolutionnaire » fut Laufenberg en 1919, le leader du Conseil des Ouvriers, Marins et Soldats d’Hambourg et l’un des pères fondateurs du national-communisme. Le terme sera repris par la suite dans les publications de l’Internationale communiste et dans plusieurs livres de Lénine ou de Trotsky et il fut largement utilisé lors du « Congrès des Peuples opprimés » à Bakou organisé par les Bolcheviques en 1922. Il fut ensuite repris, en compagnie du terme « néonationalisme », par la mouvance des frères JÜNGER, qui élaborèrent une somme idéologique opposée au libéralisme et au capitalisme, mais aussi au nazisme.

* Question – Karel Huybrechts : Le Nationalisme-révolutionnaire allemand des Années 1920-45 s’oppose donc au Nazisme ?

Luc MICHEL : Oui, frontalement ! Loin d’être une forme du Fascisme allemand, de « pré-fascisme », ou encore une tentative de le réhabiliter, le Nationalisme-révolutionnaire est l’un de ses adversaires les plus radicaux et il inspirera, au travers des travaux des frères JÜNGER, le « Cercle de Kreissau » et les glorieux patriotes allemands qui, groupés derrières STAUFFENBERG (qui appartenait à la mouvance nationale-révolutionnaire), tentèrent le coup d’Etat du 20-21 juillet 1944 à Paris, Berlin et Vienne, et le payèrent de leurs vies. Leur Manifeste est d’ailleurs un petit livre de JÜNGER lui-même, « DER FRIEDE », « LA PAIX » ! La récupération du terme par les idéologues foireux de l’extrême-droite constitue une ignominie politique.

* Question – Karel Huybrechts : Précisément, comment renaît ce courant nationaliste-révolutionnaire après 1945 ?

Luc MICHEL : Contrairement à ce que font croire nos « chercheurs », après 1945 le courant national-révolutionnaire ne réapparaît pas brusquement en France autour de François DUPRAT, mais bien en Allemagne au sein d’un courant politique qui débouchera dans les années 70 et 80 sur la Gauche nationale-neutraliste, puis s’intégrera dans les premiers combats des « GROENEN », les VERTS allemands, avant leur récupération par le Régime de Bonn. Dans ce cadre, leurs militants animeront la lutte contre l’installation des « Euromissiles » dans les années 80.

Vous noterez que le PCN, lui, naît aussi en 1982-83 dans la même mouvance nationale-neutraliste en Belgique et dans l’opposition à ces « Euromissiles » de l’OTAN.

* Question – Karel Huybrechts : Et l’extrême droite française dans sa frange radicale, celle où s’inscrit précisément DUPRAT, quelle est alors sa position véritable ?

Luc MICHEL : A cette époque, les DUPRAT, VENNER et compagnie, ne se revendiquaient pas du Nationalisme-révolutionnaire mais du « nationalisme » tout court, qui demeure l ’idéologie du « FRONT NATIONAL » et de l’extrême-droite. Il est d’ailleurs symptomatique que les soi-disant nationaux-révolutionnaires du « FRONT NATIONAL », c’est-à-dire la mouvance du « GUD » ou des groupuscules sectaires, ne se revendiquèrent jamais du Nationalisme-révolutionnaire, mais bien du fameux « nationalisme moderne ». Dans l’ouvrage collectif « LES RATS MAUDITS. LES ETUDIANTS NATIONALISTES 1965-1995 », édité par le GUD pour chanter sa gloire, le terme « Nationalisme-révolutionnaire » n’apparaît pas cinq fois.

* Question – Karel Huybrechts : Et DUPRAT lui-même, qui est-il ? Quel rôle joue-t-il dans ce contexte ?

Luc MICHEL : Au milieu des années 70, François DUPRAT, figure alors très contestée de l’extrême-droite, accusé d’être un agent de la DST par son propre camp et au plus haut niveau, et qui n’était pas le martyr qu’en fit ensuite l’idéologie lepéniste, ressentit le besoin d’un nouveau vocabulaire pour emballer sa vieille marchandise néofasciste. Constatant le travail important des véritables NR allemands à cette époque, ou encore de l’OLP – l’Organisation Lutte du Peuple – en Italie et en France, il s’empara de manière abusive du terme.

Ceci transparaît dans l’abondante littérature publiée par DUPRAT avant son assassinat. Le lecteur y découvre un corpus idéologique invariable de type néofasciste, notamment raciste et radicalement anti-communiste, mais nulle expression de thèses nationales-révolutionnaires. Il est enfin à préciser que François DUPRAT ne fut jamais un théoricien et n’a laissé aucune oeuvre doctrinale. Il a surtout écrit, abondamment, des ouvrages historiques aux thèses douteuses, que l’on pourrait résumer par la formule « tous des fascistes ! ». En effet, il versait tous les courants d’extrême-droite depuis la fin du XIXe siècle dans la catégorie « fascistes ». Ainsi en allait-il des colonels grecs et de la plupart des dictatures réactionnaires d’Amérique latine. Il reproduisait ainsi, sans la moindre imagination ni esprit de discernement, les thèses des ouvrages contemporains de la mouvance marxiste qui amalgamaient dans la même catégorie les courants (néo)fascistes, réactionnaires ou (néo)nazis. Son but étant d’obtenir un effet médiatique de scandale.

* Question – Karel Huybrechts : Où se situent votre Organisation et le PCN dans tout cela ? « National-bolchevique » ? « National-révolutionnaire » ??

Luc MICHEL : Tout d’abord, nous sommes une organisation transnationale intégrée. Les vieilles frontières n’existent plus pour nous, surtout pas au niveau de notre Organisation. Depuis 1998 notre second secrétaire-général a un passeport français et vit aujourd’hui en Russie, la précédente était hongroise et née apatride. Et je préside le PCN partout. Nous faisons partout – nous avons des cellules dans toute l’Europe actuellement – la même politique avec une seule direction unitaire.

Idéologiquement le PCN n’est ni National-Révolutionnaire, ni National-Bolchévique. Nous sommes des « Communautaristes Européens », notre doctrine officielle. Ce que les politologues sérieux (ils ne sont pas français) classent dans le « National-Communisme », avec le KPRF ou le SPS. C’est ainsi l’étiquette que la questure du Parlement Wallon nous avait attribuée en 1996-99, quand nous y étions représentés (le FN y était étiqueté « Extrême-Droite »).

C’est à mon sens l’étiquette la moins réductrice. Elle correspond à une réalité politique et idéologique concrète. On y classe aussi le « socialisme post-soviétique » de Lukashenko au Belarus.

Le Communautarisme Européen appartient à l’Ecole socialiste et n’est pas une idéologie nationaliste, car pour nous la Nation européenne est un cadre de départ, le but étant la société socialiste sans classes et l’Homme nouveau, dans le cadre d’un Etat universel. C’est la raison pour laquelle le racisme ou la xénophobie nous font horreur. Et pour laquelle nous avons toujours recruté – voyez nos candidats aux élections en Belgique de 1984 à 1999 – des Arabes et des Africains ; des Turcs aussi. Le PCN a aussi aujourd’hui un Réseau turcophone et un Secrétaire-général adjoint d’origine turque.

«National-communisme» est un vocable réducteur mais qui a le mérite d’être explicite en illustrant la démarche idéologique : fusion des luttes de libération nationale et sociale.

Parmi les formes modernes de « national-communisme » on place en compagnie du PCN en Europe le KPRF de Zuganov en Russie, le SPS de l’ère Milosevic ou encore le régime « socialiste post-soviétique » de Lukashenko au Belarus. Le FLN vietnamien ou la Corée du Nord appartiennent au même univers idéologique. Ainsi que les régimes nationalistes révolutionnaires et socialistes arabes : Ba’ath irakien et syrien, Nassérisme première époque, Jamahiriya libyenne de Khadafi, FLN algérien (en partie).

* Question – Karel Huybrechts : Où placez-vous les origines de ce « National-communisme » ?

Luc MICHEL : L’origine de ce courant, qui a marqué de son empreinte puissante le XXième Siècle, est l’aile gauche du Parti bolchevique avant 1917. Après la victoire de Staline, cette idéologie devait s’affirmer comme le courant dirigeant en URSS.

La version moderne, actuelle du National-communisme apparaît au début des Années 80 idéologiquement et se concrétise, notamment au niveau de la stratégie politique – qui rappelle le « Querfront » de SCHLEICHER en Allemagne dans les années 1932-34 ou encore la ligne de libération nationale et sociale du KPD en 1930 -, avec le PCN en 1983-84.

Car le PCN a précédé toutes les autres matérialisations modernes du National-communisme : SPS serbo-yougoslave en 1989, KPRF en 1993 – ZOUGANOV rencontre THIRIART à Moscou en 1992 et découvre les thèses de notre Communautarisme européen – , Lukashenko en 1995-96…

Au travers de toute l’histoire du XXème Siècle, le National-communisme s’est révélé être le meilleur rempart contre l’impérialisme et le colonialisme. De la victoire de Stalingrad à la lutte de libération du Vietnam en passant par celle de Mao en Chine ou de Castro et du Che à Cuba, cette idéologie libératrice, qui conjugue les exigences de la question nationale et de la question sociale, est le seul rempart véritable contre l’Impérialisme.

Et ce n’est pas un hasard si au cours des 20 dernières années seuls des régimes national-communistes ont tenu tête à l’hyperpuissance américaine après l’implosion de l’URSS. La Yougoslavie de Milosevic, le Belarus de Lukashenko, la Corée du Nord en sont de bons exemples.

* Question – Karel Huybrechts : Et quelle est alors la relation du PCN ou du Communautarisme européen avec le « National-bolchevisme » russe ou allemand ?

Luc MICHEL : Les national-bolchevismes russe et allemand  annoncent déjà ce que seront le National-communisme, la version du National-bolchévisme moderne, réinventée par le PCN en 1983-85.

L’un de nos observateurs de l’époque, Thierry MUDRY, avait bien compris la nouveauté idéologique que nous représentions alors. Dès 1987, il écrivait ce qui suit :

« Il y a quelques années, sous l’impulsion de Jean THIRIART et de Luc MICHEL, le « PARTI COMMUNAUTAIRE NATIONAL-EUROPEEN » et la revue CONSCIENCE EUROPEENNE ont vu le jour. Mais depuis le temps de JEUNE-EUROPE l’idéologie de THIRIART et de ses disciples s’est radicalisée en un national-bolchévisme européen qui s’inspire de la pensée d’Ernst NIEKISCH, elle-même tributaire des conceptions géo-politiques de Karl HAUSHOFER (NIEKISCH imaginait un bloc continental germano-slave de Flessingue à Vladivostok; THIRIART imagine une Europe de Dublin à Vladivostok) et des considérations métaphysiques d’Ernst JÜNGER sur l’apparition d’un nouveau type humain (le travailleur, ou encore pour reprendre la formule de NIEKISCH : « la Troisième Figure Impériale »; THIRIART, lui, préfère parler de manière plus simpliste, avec un vocabulaire de science-fiction et de feuilleton de télévision, de « mutant » ou de « surhomme »). Ce nouveau national-bolchévisme européen pourrait aussi bien se situer dans la ligne des travaux de l’équipe de la revue DER VORKAMPFER composée de néo-conservateurs prussiens partisans convaincus de l’étatisme économique (nombreuses références à LIST, ROBERTUS et MARX). Comme le note José CUADRADO COSTA, idéologue de la filiale espagnole du PCN de Luc MICHEL, dans son étude sur l’UNION SOVIETIQUE DANS LA PENSEE DE JEAN THIRIART, il s’agit d’un national-bolchévisme étranger aux valeurs völkisch et élargi aux frontières de la plus grande Europe » (« Le Parti Historique Révolutionnaire », Revue CONSCIENCE EUROPEENNE, n° 14, 1987) ».

* Question – Karel Huybrechts : Dans la longue interview que vous avez donnée à Jean-Marc LARBANOIS en 2004 pour sa thèse universitaire, il vous pose la question suivante :

 « Comme vous le dites vous-même, le PCN et la revue « CONSCIENCE EUROPEENNE » ont, dans les Années 80, pris et défendu des positions très originales. N’étiez-vous pas à l’époque et encore aujourd’hui, une sorte d’ « OVNI politique » dans le paysage politique ? »

Votre réponse laisse songeur. Je la cite :

 « Je n’aime pas le terme « OVNI » ! Mais, si vous aimez un vocabulaire de science-fiction, je préfèrerais « Alien ». Vous avez sans doute vu les films « Alien », et c’est vrai que le PCN a été et est encore souvent un »Alien ». Mais si vous les avez vus, vous savez ce que la créature fait à ses victimes. Je crois que ça représente assez bien notre projet politique ».

Pourriez-vous être plus explicite ? 

Luc MICHEL : Ah Ah ! Je ne vous donnerai pas la réponse. Le but d’une réponse malicieuse comme celle-ci est précisément de faire réfléchir le lecteur. Mais tout y est dit et de façon plus explicite que vous ne le pensez …

Mais je vous donnerai néanmoins une clé d’explication. Nous théorisons le PCN, et avant lui Jeune-Europe et le PCE, comme la matrice, le noyau central, qui préfigure le « Parti historique révolutionnaire » qui réalisera la libération et l’unification de la Grande Nation européenne. Comme THIRIART, je conçois ce Parti comme une organisation de combat protéiforme. C’est-à-dire capable de prendre diverses formes suivant les possibilités existantes, les époques ou les lieux.

Cette Organisation peut donc être un parti électoral (comme le PCN de 1984-1999), une organisation activiste, une Ecole de Cadres, une Ecole doctrinale, un réseau international. Ou encore une fraction (comme au sein du MCR international de 1995 à 2011) ou une tendance idéologique au sein d’un mouvement ou parti plus vaste. Le tout simultanément si nécessaire.

Je m’explique longuement sur tout ceci dans mon livre de 1985 « LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE », notamment au regard de l’aventure politique du Risorgimento italien, et de l’action de Mazzini et Garibaldi. Aventure politique dont s’inspirent aussi nos concepts idéologiques.

Ceci doit vous permettre de répondre vous-même à votre question…

NOTES ET RENVOIS  

(1) – Sur le « National-Communisme hambourgeois » cfr.:

Luc MICHEL ,  » L’ALTERNATIVE NATIONALE-COMMUNISTE.. Mythes et réalités du National-Bolchevisme 1918-1993″, in « VOULOIR », Bruxelles, n°105/106/107/108, juillet/septembre 1993.

(2) Lors du congrès clandestin du KPD à Heidelberg, en octobre 1919, la direction spartakiste (dont le leader est LEVI) obtint frauduleusement l’exclusion du groupe hambourgeois, opposé à la direction du Parti. Les exclus hambourgeois entraînèrent la majorité des adhérents du KPD, qui perdit rapidement plus de la moitié de ses 100.000 adhérents. En avril 1920, fut créé la KAPD, dont WOLFFHEIM et LAUFENBERG furent brièvement les leaders. Devant l’importance de la scission, le KOMINTERN, au mépris de ses propres statuts, dut accepter l’adhésion de ce second parti communiste à l’Internationale. Celle-ci devint une arène où s’affrontaient KPD et KAPD, le premier devant finalement l’emporter et rester seule en lice.

(3) Sur le KAPD et ses thèses cfr.:

Luc MICHEL, « Que faire ? Les tâches immédiates de la Révolution européenne », IIe partie : « Le Rôle et la fonction du Parti Révolutionnaire européen », in « CONSCIENCE EUROPEENNE », Charleroi, n° 20, septembre 1987;

et Luc MICHEL, « LE PARTI HISTORIQUE REVOLUTIONNAIRE », chapitre VIII « Contre la bureaucratie et la montée de l’« opportunisme », 2e éd., Editions Machiavel, Bruxelles, 1992.

(4) Sur le National-bolchevisme allemand des années 1918-1933, cfr.:

– Otto Ernst SCHÜDEKOPF, « LINKE LEUTE VON RECHTS. DIE NATIONAL-REVOLUTIONÄRE MINDERHEITEN UND DER KOMMUNISMUS IN DER WEIMARER REPUBLIK », Stuttgart, 1960.

– Louis DUPEUX, « STRATEGIE COMMUNISTE ET DYNAMIQUE CONSERVA-TRICE. ESSAI SUR LES DIFFERENTS SENS DE L’EXPRESSION NATIONAL-BOLCHEVISME EN ALLEMAGNE SOUS LA REPUBLIQUE DE WEIMAR (1919-1933) », thèse présentée devant L’Université de Paris 1, le 28/11/1974, Librairie Honoré Champion, Paris, 1976, 1ère édition.

– Luc MICHEL, « L’ALTERNATIVE NATIONALE-COMMUNISTE. Mythes et réalités du National-bolchevisme, 1918-1933 », op. cit.

(5) Sur Ernst NIEKISCH, cfr :

(6) Sébastien HAFFNER et Wolffgang VENOHR, « PROFILS PRUSSIENS », Ed. Gallimard, Paris, 1983.

(7) Gérard SANDOZ, « Ceux qu’il ne faut pas oublier », chapitre XVIII, « Le National-bolchevisme », p. 195ss, in « CES ALLEMANDS QUI ONT DEFIE HITLER, 1937-1945 », op. cit.

(10) Sur le „Querfront“ cfr.:

–     Ernst CRAMER „KURT VON SCHLEICHER: QUERFRONT GEGEN HITLER“, DIE WELT, 11 déc. 2007.

–     „Zur Querfrontkonzeption der führung am Ende der Weimarer Republik“, in Richard SAAGE ed., SOLIDÄRGEMEINSCHAFT UND KLASSENKAMPF. POLITISCHE KONZEPTIONEN DER SOZIALDEMOKRATIE ZWISCHEN DEN WELTKRIEGEN (Frankfurt am Main: Suhrkamp, 1986) 346-364.

–     Et Peter KRATZ:  RECHTE GENOSSEN, NEOKONSERVATISMUS IN DER SPD, Elefanten Press Verlag Berlin 1995.

(11) cfr. Les textes d’Antonio GRAMSCI de la pério de l’ « ORDINE NUOVO », ses « LETTRES DE PRISON » et ses « NOTES SUL MACCHIAVELLI »…

(12 ) cfr. Nicos POULANTZAS, FASCISME ET DICTATURE, Point, coll. Politique, Seuil/Maspero, Paris, 2 ed. 1974 ;

POUVOIR POLITIQUE ET CLASSES SOCIALES, Maspero, Paris, 1968.

(13) Henri LEFEBVRE, DE L’ETAT, VOL. 4. LES CONTRADICTIONS DE L’ETAT MODERNE, U.G.E., coll. 10/18, Paris, 1978.

* NOTE 1
Le quotidien belge (flamand) De Morgen écrivait en décembre 2022 : « Michel va désormais agir en entrepreneur géopolitique pour élargir la sphère d’influence russe en Afrique : « un groupe d’entrepreneurs indépendants, nous avons inventé le concept de guerre hybride. Nous travaillons avec la Russie, mais nous ne payons pas pour les services de sécurité. Une guerre hybride se nourrit de différentes manières : militaire, diplomatique et communicationnelle. Je fais ce dernier. « Et puis il y a le Belge, le militant Luc Michel, avec qui tout a commencé. Lui, avec l’idéologue Jean Thiriart (…) avec l’organisation des élections, a façonné les instruments de la reconquête de l’empire soviétique et a créé un espace, de Lisbonne à Vladivostok ». Michel se réjouit des résultats des derniers référendums dans les républiques populaires de Louhansk, Donetsk…

* NOTE 2
Lire ausi :
Esquisse de la guerre hybride. L’action de Luc Michel en tant qu’ ‘entrepreneur géopolitique indépendant’
https://www.palestine-solidarite.fr/esquisse-de-la-guerre-hybride-ix-mon-action-en-tant-qu-entrepreneur-independant/

* NOTE 3
Une précision. Les politologues sérieux, pas les flics de la pensée politique des Universités franco-belges (qui sont souvent des flics tout court, correspondant des polices politiques), classent dans une même catégorie, qu’ils nomment le « National-communisme », des mouvements politiques comme le KPRF russe, le régime de LUKASHENKO au Belarus ou encore le SPS de MILOSEVIC ou la JUL, la « Gauche Unie Yougoslave » de Mirjana MARKOVIC. ET bien entendu notre PCN, qui idéologiquement et politiquement, les a tous précédé de presque une décennie. Lorsque nous étions représentés au Parlement Wallon, en Belgique, dans les Années 1996-98, la questure nous avait étiquetés «national-communistes» (le FN y était étiqueté « extrême-droite »). En 1996-98, nous avions des élus, dont un député, au Parlement Wallon, au Parlement de la Communauté française de Belgique et de 1996 au 1999 au Conseil provincial du Hainaut.

* NOTE 4
« Une tentative du même M. THIRIART (la Jeune-Europe des années 60) a essuyé un échec. Au début des années 80 ses adhérents ont fait une nouvelle tentative: le PCN a été fondé en Belgique (…) Le parti des adhérents de M. THIRIART c’est quelque chose dans le genre de l’Internationale de Marx (…) (A. IVANOV dans ROUSSKI VESTNIK, « Les idées de Jean Thiriart: un commentaire nécessaire », Moscou, septembre 1992).

# ЕВРАЗИЙСКИЙ СОВЕТ ЗА ДЕМОКРАТИЮ И ВЫБОРЫ (ЕСДВ)/
EURASIAN OBSERVATORY FOR DEMOCRACY & ELECTIONS (EODE):
http://www.eode.org/
https://www.facebook.com/groups/EODE.Eurasia.Africa/

Source : Luc Michel