Par Karel Huybrechts

# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
QUE PASSE-T-IL EN MOLDAVIE ? (I)

Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/

2024 03 17/ Série V/

QUE PASSE-T-IL EN MOLDAVIE ? (II)

Un des points chauds de la confrontation OTAN-Russie, ce sont La  Moldavie, la Républiques auto-proclamée (en 1991) de Pridnestrovie (PMR) et la Gagaouzie. La confrontation entre l’OTAN et la Russie s’y exprime directement, aux frontières et aux marches européennes de la Russie. Les USA et l’OTAN ont besoin de ces foyers de tension pour leur politique agressive anti-russe …

II-
MOLDAVIE : VLADIMIR POUTINE AFFICHE SON «SOUTIEN» A LA GAGAOUZIE, UNE REGION AUTONOME PRORUSSE

Le président russe a affirmé à la gouverneure de la région autonome, Yevgenia Gutsul, qu’il allait «soutenir la Gagaouzie et le peuple gagaouze».

Invitée par Vladimir Poutine à Sotchi pour le Festival mondial de la jeunesse, la gouverneure de Gagaouzie – région autonome prorusse du sud de la Moldavie qui compte 135.000 habitants -, Yevgenia Gutsul, s’est entretenue avec le président russe le 6 mars dernier, selon les propos de Dmitri Peskov recueillis par l’agence russe Tass . «Il y a eu une brève communication en marge du forum», a rapporté le porte-parole du Kremlin.

De son côté, la gouverneure Gutsul a déclaré sur Telegram qu’elle avait discuté de la situation politique moldave avec le président Poutine. En commentaire d’une photo qu’elle a publiée sur Instagramle jour de la rencontre, elle a déclaré avoir discuté avec lui de «questions régionales et géopolitiques complexes, dont l’épicentre est la Gagaouzie». Le président russe «a promis de soutenir la Gagaouzie et le peuple gagaouze dans la défense de leurs droits (…) sur la scène internationale», a-t-elle ensuite indiqué. Et de s’en plaindre : «Chisinau (la capitale moldave, ndlr) nous prive progressivement de nos pouvoirs, limite le budget, viole nos droits légitimes, provoque l’instabilité en Gagaouzie et dans tout le pays».

Les régions autonomes de Transnistrie et de Gagaouzie constituent des bastions pro-russes en territoire moldave et chacune des deux tient à son statut. Plus précisément, la Gagaouzie souhaite conserver ses liens avec la Russie, car «les Gagaouzes sont éternellement reconnaissants envers les Russes», selon Florent Parmentier, secrétaire général du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) et co-auteur du livre La Moldavie à la croisée des mondes. En effet, les Gagaouzes sont un peuple originaire des Balkans, mais qui, face aux persécutions des Ottomans, se sont vus octroyer par le tsar Alexandre Ier des terres arables dans le Boudjak (littoral sud de l’actuelle Moldavie, alors récemment annexé par l’Empire Russe) au début du XIXe siècle.

Bien que le roumain soit la langue officielle de la Moldavie, «seuls 1% des Gagaouzes parlent roumain dans leur foyer, et ils ne souhaitent pas changer» de langue, indique le chercheur et professeur de Sciences Po, interrogé jeudi 15 mars par Le Figaro. «Donc l’immense majorité parle russe, voire gagaouze» précise-t-il, ce qui permet de jauger la fidélité de la population gagaouze à la mère patrie. Cela constitue «un terreau fertile pour Moscou», selon Ryhor Nizhnikau, spécialiste des relations russo-moldaves au Finnish Institute of International Affairs, interrogé par France 24 au début du mois de mars.

STRATEGIE PREVENTIVE

La région bénéficie d’un statut spécial depuis que le gouvernement moldave a entamé des négociations qui ont abouties sur les accords de 1994. Ces derniers ont «une dimension préventive» pour l’État moldave, qui mise sur ce compromis pour éviter des guérillas intestines d’envergure, «espérant (à l’époque) que la Transnistrie suive dans la même logique que la Gagaouzie», explique Florent Parmentier. L’objectif moldave est finalement atteint avec les accords de Transnistrie de 2003 et 2008, qui aboutissent à un compromis ayant jusqu’ici permis d’éviter un conflit armé en territoire moldave. Mais alors que la «protection» de la Russie a été demandée le 28 février dernier par les députés de la région séparatiste de Transnistrie réunis à Tiraspol, en réaction a des mesures de rétorsion économique émanent de Chisinau, Vladimir Poutine a présenté cette main tendue à la gouverneure de Gagaouzie.

Selon la loi moldave, Evghenia Gutsul, en sa qualité de gouverneure de Gagaouzie, doit faire partie du gouvernement. Mais dans les faits, Maia Sandu et le gouvernement moldave n’ont nullement convié la jeune gouverneure à prendre part aux affaires de l’État, un acte contraire à la loi nationale. Faire partie du gouvernement moldave serait une «opportunité très intéressante» pour la gouverneure de Gagaouzie, puisque «cela lui permettrait d’obtenir des informations nécessaires à la défense de son financier Ilan Shor», souligne le secrétaire général du CEVIPOV.

Pour Florent Parmentier, «la rencontre avec Poutine s’inscrit dans la logique d’un programme sur lequel Evghenia Gutsul a été élue». «La gouverneure de Gagaouzie voudrait entre autres que la région dispose de son propre aéroport, ce qui est financièrement impossible, mais qui lui permettrait une plus grande marge de manœuvre» pour rencontrer ses alliées russes, poursuit celui dont la thèse porte sur «une sociologie historique des Etats ukrainien et moldave».

UN AVENIR INCERTAIN

Le chef du Kremlin agit en vue d’une année électoralement chargée en Moldavie. En effet, les élections législatives se tiendront dans un an. Surtout, en novembre prochain, l’europhile Maia Sandu tentera sa chance pour un second mandat à la tête du pays, ce qui lui permettrait d’organiser un référendum qui lui est cher, portant sur l’adhésion à l’Union européenne. Selon les termes de Florent Parmentier, cette politique de «main ferme» face à l’influence russe en Moldavie sera évaluée lors de l’élection présidentielle à venir. «C’est probablement ce que les Moldaves voudront», indique-t-il, même si «ça dépendra du front en Ukraine», précise le chercheur.

Depuis l’été 2022, la Moldavie, comme l’Ukraine voisine, est officiellement candidate à l’adhésion à l’Union européenne. Rappelons également qu’un partenariat de défense a été signé avec la France le 7 mars dernier, à l’occasion d’une visite de la présidente Maia Sandu à l’Elysée.

Photo :
Le président russe Vladimir Poutine et Evguénia Gutsul, chef de la région autonome moldave de Gagaouzie, en marge du Festival mondial de la jeunesse dans le territoire fédéral de Sirius près de Sotchi, en Russie, le 6 mars 2024.

Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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Source : Luc Michel