Des Palestiniens se rassemblent en attendant la distribution de nourriture à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le mercredi 8 novembre 2023. Depuis le 7 octobre 2023, Israël limite la quantité de nourriture et d’eau autorisée sur le territoire, provoquant une faim généralisée dans toute la bande de Gaza.  [AP Photo/Hatem Ali]

Par Mike Head

Malgré les protestations mondiales massives à la suite du « massacre de la farine » de jeudi dernier, au cours duquel les troupes israéliennes ont tué au moins 115 personnes et en ont blessé 760 autres qui tentaient d’obtenir de l’aide alimentaire, le génocide s’intensifie. La famine s’aggrave chaque jour dans la bande de Gaza.

Parmi les dernières informations, le ministère de la Santé de Gaza a déclaré dimanche que 15 enfants étaient morts de malnutrition dans un seul hôpital, l’hôpital Kamal Adwan de Beit Lahiya, dans le nord de Gaza, ces derniers jours.

« On peut malheureusement s’attendre à ce que les chiffres non officiels soient plus élevés », a déclaré le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé, Christian Lindmeier.

Reuters a rapporté du centre de santé d’Al-Awda à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza : « Deux bambins palestiniens aux yeux enfoncés et aux visages émaciés, l’un vêtu d’un cardigan jaune et l’autre d’un haut rayé, étaient allongés côte à côte sur un lit dans une clinique de Gaza, leurs jambes minces et osseuses dépassant de couches qui semblaient trop grandes pour eux. »

L’infirmière Diaa Al-Shaer a déclaré que les enfants souffrant de malnutrition et de diverses maladies arrivaient en nombre sans précédent.

Un garçon de 12 ans, Yazan Al-Kafarna, y est mort lundi. Filmé par Reuters samedi, il était pâle et émacié et ses membres, squelettiques.

Selon les estimations des Nations Unies, au moins 576.000 personnes à Gaza, soit environ 25 pour cent de la population de la bande de Gaza, connaissent aujourd’hui une véritable famine, et un enfant de moins de deux ans sur six dans la ville de Gaza et dans les régions du nord de la bande de Gaza souffre de malnutrition sévère.

Cela oblige les Palestiniens à prendre des décisions bouleversantes, comme manger de la nourriture pour animaux, afin de survivre.

Indépendamment des affirmations frauduleuses de préoccupation humanitaire de l’administration Biden et des alliés de l’impérialisme américain, ils continuent d’aider à empêcher l’aide d’atteindre les Palestiniens désespérés, tout en armant Israël avec les armes qu’il utilise pour assassiner et mutiler.

Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a déclaré mercredi que l’armée israélienne avait renvoyé un convoi de 14 camions d’aide après que les véhicules aient attendu pendant trois heures à un poste de contrôle à Wadi Gaza. Le convoi était le premier du genre depuis que les livraisons dans le nord de la bande de Gaza ont été suspendues le 20 février, a déclaré l’agence onusienne.

Israël a bloqué l’aide dans le nord de Gaza pendant la majeure partie de l’année 2024 et a fréquemment attaqué les demandeurs d’aide qui tentaient de recevoir le peu d’aide qui parvient au nord de la bande de Gaza.

L’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme a déclaré que ses enquêtes initiales sur le « massacre de la farine » au rond-point de Nabulsi, à l’ouest de la ville de Gaza, ont révélé que des dizaines de victimes avaient été blessées par balle, plutôt que piétinées, contrairement à ce que l’armée israélienne a affirmé.

Lors d’une conférence de presse tenue dimanche à l’hôpital Al-Shifa de Gaza, le Dr Amjad Aliwa, un spécialiste des urgences de l’hôpital, a déclaré qu’il était présent avec des médecins, des infirmières et des milliers de civils, lorsque l’armée israélienne a ouvert le feu sur tous ceux qui attendaient de recevoir de l’aide dès l’arrivée des camions jeudi à 4h du matin.

Ce qui s’est passé constitue un massacre horrible, a déclaré Aliwa, ajoutant qu’il était difficile de récupérer de nombreux blessés, dont le sort était encore inconnu.

L’Observatoire Euro-Med, une organisation de défense des droits de l’homme basée à Genève, a averti que les tirs israéliens sur des civils palestiniens affamés recevant de l’aide étaient devenus une pratique courante. Ces dernières semaines, les forces israéliennes ont directement attaqué et tué des dizaines de personnes dans la ville de Gaza, notamment dans la rue Salah al-Din et à proximité du rond-point Koweït.

Cela fait partie d’une opération d’intensification visant à dépeupler le nord et à pousser les gens à Rafah, dans les campements de réfugiés déjà surpeuplés à la pointe sud de la bande de Gaza, en vue d’une attaque militaire israélienne à grande échelle là aussi.

Malgré les besoins énormes et croissants de plus de 2,3 millions de personnes vivant dans des conditions épouvantables, les fournitures humanitaires qui sont entrées dans la bande de Gaza en février ont diminué de moitié par rapport à janvier, a déclaré Euro-Med dans un communiqué.

En février, seulement 98 camions sont entrés en moyenne dans la bande de Gaza chaque jour, soit environ la moitié du nombre de camions entrés en janvier. Ce n’était qu’une fraction des 500 camions par jour avant les événements du 7 octobre 2023.

L’Observatoire Euro-Med a expliqué que les besoins de la population de Gaza dépassaient même l’approvisionnement précédent parce qu’Israël avait détruit ou coupé toutes les sources de production, y compris le carburant, l’électricité et les matières premières. Les cinq mois de carnage et la propagation rapide des maladies et de la famine ont également fait naître des besoins médicaux plus importants que jamais, en particulier pour les malades et les blessés, les femmes, les enfants et les personnes âgées.

S’adressant à l’Assemblée générale des Nations Unies lundi, Philippe Lazzarini, le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a averti que l’agence, créée par l’Assemblée générale il y a 75 ans en réponse à l’expulsion de plus de 700.000 Palestiniens de ce qui est aujourd’hui Israël, était « à un point de rupture ».

C’est parce que plus de 15 pays – dont les États-Unis et leurs alliés – continuaient à suspendre le financement de l’agence de secours après qu’Israël a allégué, sans fournir de preuves, que certains de ses employés étaient impliqués dans le soulèvement du 7 octobre. Lazzarini a averti que l’UNRWA était confronté à « une campagne délibérée et concertée visant à saper ses opérations et finalement à y mettre fin ».

Lazzarini a cité les remarques du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou « déclarant ouvertement que l’UNRWA ne fera pas partie de la bande de Gaza d’après-guerre ». Ce plan était déjà en cours, a déclaré Lazzarini, avec « la destruction de nos infrastructures dans toute la bande de Gaza ».

Selon le ministère de la Santé de Gaza, 30.631 Palestiniens ont été tués et 72.042, blessés dans le génocide en cours par Israël à Gaza. En outre, au moins 7000 personnes sont portées disparues, présumées mortes sous les décombres de leurs maisons dans toute la bande de Gaza.

Dans le dernier incident de ce type, l’Observatoire Euro-Med a documenté le meurtre par l’armée israélienne d’un Palestinien qui a été délibérément écrasé dans le quartier d’Al-Zaytoun à Gaza le 29 février après son arrestation. Selon des témoins oculaires, l’homme a été soumis à un interrogatoire musclé par des membres de l’armée israélienne, qui lui ont attaché les mains avec des menottes en plastique avant de l’écraser avec un véhicule militaire sur toute la longueur du corps.

Dans un effort pour étouffer les reportages sur ces crimes systémiques, un autre journaliste a été tué à Gaza cette semaine. « Le journaliste Mohamed Salama, animateur de radio et de télévision […] sur la chaîne satellitaire Al-Aqsa […] a été tué dans le bombardement d’une maison dans la ville de Deir al-Balah », a déclaré le bureau des médias du gouvernement de Gaza, portant à 133 le nombre de journalistes tués à Gaza depuis le 7 octobre.

Jusqu’à présent, l’agression israélienne a entraîné le déplacement forcé de près de 2 millions de personnes de toute la bande de Gaza, la grande majorité d’entre elles ayant été forcées de se réfugier à Rafah, près de la frontière avec l’Égypte. Il s’agit de la plus grande expulsion massive de Palestiniens depuis la Nakba de 1948, au cours de laquelle la milice sioniste et plus tard l’armée israélienne ont forcé plus de 700.000 habitants à fuir leurs maisons.

(Article paru en anglais le 6 mars 2024)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…