Par Deema A. Yaghi

Cela fait plus de 133 jours, aujourd’hui. Je suis toujours bloquée dans cette époque, les jours simples et heureux, la semaine qui précédait le 7 octobre. Je me sentais heureuse et contente de ma vie. Je m’apprêtais à passer la dernière épreuve de recrutement pour devenir enseignante à l’Univerité de Gaza, une traduction d’un document médical depuis l’arabe en français. J’avais l’impression que mes rêves étaient atteignables et réels, et pour une fois et je serai enfin indépendante et heureuse grâce à ce changement de vie, cette opportunité qui se présentait. 

Il y a une semaine, ce jour-là, j’ai fait mes adieux à mes amis, ma ville et ses beaux monuments; la mer, les chalets. Et j’avais un pressentiment. Peut-être que j’avais le sentiment que tous ces endroits disparaîtraient, et je ne pourrais peut-être plus revoir mes amis et les serrer dans mes bras. Puis le 7 octobre est arrivé avec ses terribles ténèbres et ses peurs.

J’adore parler à la lune; je la considère comme une amie, une thérapeute gratuite. Or, désormais, quand je pense à la lune, je pense à la nuit. Vous aimerez peut-être la nuit, mais nous, à Gaza, nous sommes toujours impatients du soleil et du matin. La lumière du soleil signifie l’espoir et l’espoir signifie que nous sommes toujours en vie. Mais pendant la guerre l’obscurité est envahissante et omniprésente, pendant des jours entiers. Une nuit sans fin. 

J’aimerais que le temps soit arrêté le 5 octobre et que le 7 octobre, ses explosions, ses bombardements, et ses interminables cauchemars, ne vienne jamais. Tout a changé pour toujours et nous n’avons plus que de beaux souvenirs. Mais nous avons sur cette terre ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue.

Source : auteure

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