Communiqué de l’AFPS

En signant le 6 décembre l’accord associant Israël au programme de recherche et développement pluriannuel « Horizon Europe », l’Union européenne s’est privée d’un levier essentiel de pression sur le gouvernement israélien, elle a commis une faute morale et politique.

Cette signature intervient au moment où l’Etat d’Israël a choisi d’attaquer les plus grandes ONG palestiniennes de défense des droits de l’Homme. Aucune information tangible n’est venue confirmer les allégations mensongères de l’Etat d’Israël à leur encontre. Pourtant, 7 semaines après leur classification par Israël comme « organisations terroristes », la France comme l’Union européenne se contentent de demander des « clarifications » à l’Etat d’Israël et n’ont même pas encore franchi le pas de demander formellement à Israël de revenir sur sa décision. C’est toujours un ordre militaire d’interdiction qui pèse quotidiennement contre ces organisations.

La recherche-développement israélienne, qui ne sépare en aucun cas les applications civiles des applications militaires, va bénéficier de fonds très importants dans le cadre de cet accord. Des domaines très stratégiques, comme les futures technologies informatiques, n’en sont même pas exclus. Des sociétés militaires israéliennes, comme Elbit, qui expérimentent leurs armes contre la population palestinienne, vont continuer à en bénéficier sous couvert d’applications civiles qui ne trompent personne… Et même l’application des lignes directrices de l’Union européenne, qui interdisent l’utilisation des fonds européens dans les colonies israéliennes, vont selon toute évidence continuer à faire l’objet de multiples contournements.

L’Association France Palestine Solidarité demande à l’Union européenne de geler cet accord tant que l’Etat d’Israël ne se conformera pas au droit international et aux droits de l’Homme, et demande au gouvernement français de soutenir cette demande.

L’impunité est le moteur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. En ne prenant pas leurs responsabilités, la France et l’Union européenne contribuent à ce que se perpétue et se renforce tous les jours une situation inacceptable au détriment du peuple palestinien.

La Cour pénale internationale (CPI) a pris une décision historique en décidant, le 3 mars dernier, à l’issue d’une longue procédure, de poursuivre les auteurs des crimes commis sur l’ensemble du territoire palestinien depuis juin 2014. Benny Gantz, actuellement ministre de la Défense et commandant en 2014 de l’offensive criminelle menée contre la population de Gaza, ne s’y est pas trompé… en menant son offensive contre les ONG palestiniennes qui permettent, par leurs enquêtes de terrain, d’alimenter l’enquête menée par la CPI…

L’Assemblée Générale des Etats parties au traité de Rome qui organise la CPI se tient cette semaine. La France, qui s’affirme depuis sa création comme un soutien à la CPI, doit veiller à ce que les budgets nécessaires soient assurés pour son fonctionnement, y compris pour l’enquête relative aux crimes commis sur le territoire palestinien. Il faut que les auteurs de ces crimes soient poursuivis et jugés. Cette vigilance sur les moyens alloués à la CPI est indispensable, mais elle n’exonère en rien la France des responsabilités qu’elle doit directement prendre en tant qu’État.

Le Bureau national de l’AFPS,
le 9 décembre 2021

Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…